Suite au cafouillage né des épreuves du baccalauréat 2014, les commentaires vont train en ce qui concerne sa validité. Si la question de la démission du ministre de l’Education a été posée par certains qui la tiennent pour responsable, d’autres par contre estiment qu’elle n’y est pour rien. Au regard de tout ce qui s’est produit durant les quatre jours de l’examen, la session de juin 2014 du baccalauréat doit-elle être invalidée malgré les explications fournies par le gouvernement lors du dernier conseil des ministres ?
En effet, le mardi 10 juin, premier jour des examens du bac, les candidats et surveillants, dès 6 heures du matin, ont pris d’assaut les centres où ils ont été affectés. À 7 heures et demie, les surveillants, constatant l’absence des présidents de centres, commencent à se poser des questions. À 8 heures, candidats et surveillants apprennent que les sujets ont fait l’objet de fuites massives et que le département de l’Education nationale a décidé de les changer pour éviter un scandale similaire à celui du DEF. Tout le monde s’attend donc à un report des épreuves. Mais les chefs de centres se présentent à 11 heures avec des sujets. Prévues pour commencer à 8 heures, les épreuves démarrent à 11 h 30 dans certains centres et 14 heures dans d’autres. Premier motif d’invalidation, car la réglementation en la matière dit que les épreuves doivent démarrer à la même heure sur l’ensemble du territoire. Quelques heures après le démarrage des épreuves dans certains centres, les candidats de la série Langue et Littérature (LL) se voient retirer leur sujet au motif qu’il s’agissait d’un sujet du niveau de la 9ème année du fondamental et non de la terminale du Lycée ! Le cas arrive, par exemple, au Lycée du Progrès à Faladié. Au même moment, dans certains centres comme celui de Niamana, le sujet n’est pas retiré. Deuxième motif d’invalidation, car les sujets doivent être les mêmes sur l’ensemble du territoire. En plus certains sujets ont été transportés dans des centres sans enveloppes cachetées, ce qui viole leur secret ainsi que la loi, laquelle déclare nul tout sujet non scellé. Conséquence : des fuites massives car les candidats auxquels sont remis les sujets les communiquent à d’autres qui, par erreur, avaient reçu des sujets différents qu’on s’apprêtait à changer. La présidente de la commission éducation au cours d’une visite surprise dans les académies a pu faire les mêmes constats. Que le ministre de l’Education démissionne ou pas, le baccalauréat (session de juin 2014) doit être invalidé pour la crédibilité de notre système éducatif. Malgré tout, le gouvernement lors du conseil des ministres de jeudi dernier a donné des explications tendant à justifier le bon déroulement du baccalauréat de cette année. Selon la communication du ministère de l’Education nationale relative au déroulement des examens du D.E.F et du bac, les épreuves du baccalauréat se sont déroulées du mardi 10 au vendredi 13 juin 2014 sur toute l’étendue du territoire national, sauf dans la région de Kidal. Suite à des rumeurs de fuite, précise la communication gouvernementale, il a été décidé de changer les sujets dans les centres d’examens ajoutant qu’au premier jour, les épreuves ont commencé dans certains centres en retard. Mais elles ont démarré les jours suivants à l’heure indiquée. Au regard des dispositions prises et des renseignements recueillis à ce jour, les conclusions sont les suivantes : il n’y a pas eu de fuite au bac, mais il faut reconnaître que certaines pratiques frauduleuses ont eu lieu dans certains centres. La sincérité des examens n’est pas remise en cause par cette situation dont les effets ont pu être circonscrits, croit-on au département de l’Education nationale.
Drissa Tiéné