Baccalauréat malien 2014 : Le grand cafouillage ou le grand complot ?

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Jacqueline-Nana
Jacqueline Nana, ministre de l’Education

Les examens du baccalauréat malien se sont déroulés du 10 au 13 juin 2014. Après un diplôme d’études fondamentales entaché de fraudes, on espérait voir un bac moins frauduleux. C’est raté. En effet, jamais dans l’histoire du Mali, on n’assista à des examens plus chaotiques. Un complot contre la ministre Jacqueline Togola ou contre l’école malienne ?

 

Le mardi 10 juin, premier jour des examens du bac, les candidats et surveillants, dès 6 heures du matin, prennent d’assaut les centres où ils sont affectés. A 7 heures et demie, les surveillants, constatant l’absence des présidents de centres, commencent à se poser des questions. Traditionnellement, les chefs de centres sont présents à 6 h 30 et les candidats installés dès 7 h 15 . A 8 h, candidats et surveillants apprennent que les sujets ont fait l’objet de fuites massives et que le département de l’éducation nationale a décidé de les changer pour éviter un scandale similaire à celui du DEF. Tout le monde s’attend donc à un report des épreuves. Mais les chefs de centres se présentent à 11 h avec des sujets. Prévus pour commencer à 8 h, les épreuves démarrent ainsi à 11 h 30. On n’est toutefois pas au bout des surprises.

 

Quelques heures après le démarrage des épreuves dans certains centres, les candidats de la série Langue et Littérature (LL) se voient retirer leur sujet au motif qu’il s’agissait de sujets du niveau de la 9ème année du fondamental et non de la terminale du lycée ! Le cas arrive, par exemple, au “Lycée du Progrès” de Faladié. Effectivement, on ne soumet pas à des lycéens de “LLT” un sujet de littérature comme: “Un parent revient de voyage; racontez.”. Ou encore ce sujet: “Conjuguez le verbe entendre au passé composé de l’indicatif”. Dans d’autres centres comme celui du Lycée de Niamana, les candidats poursuivent les épreuves avec le sujet qui vient d’être annulé ailleurs. Pour ne rien arranger, les candidats arabophones sont oubliés: on ne leur propose aucun sujet ainsi que cela est constaté au “Lycée Mabilé”. Au centre de Kalanban,les candidats auront les sujets si tardivement qu’ils ne termineront le traitement qu’à 22 heures, s’éclairant de bougies et de lampes.

 

Après cette journée-marathon du mardi 10 juin 2014, rendez-vous est pris pour le mercredi 11 juin pour de nouvelles épreuves. Mercredi matin,candidats et surveillants attendent jusqu’à 9 h 30 les sujets. Quand les sujets arrivent enfin dans les centres, les candidats de la série “Sciences Sociales” reçoivent, non pas les sujets de géographie attendus, mais plutôt des sujets d’anglais. Le comble, c’est que ces sujets d’anglais étaient destinés aux candidats de la série “LLT” ! Ces derniers, au lieu de sujets de mathématiques, reçoient à leur tour des sujets de géographie. Devant le tollé suscité par ce cafouillage, le chef du centre “Mabilé” récupère les sujets et fonce sur l’académie, chargée de l’organisation des examens. C’est là qu’on lui remet les vrais sujets qu’il transporte aussitôt au centre. Il n’est pas, hélas!, au bout de ses peines : les sujets qu’il transporte ne sont pas mis dans des enveloppes cachetées, ce qui viole leur secret ainsi que la loi, laquelle déclare nul tout sujet non scellé.   Conséquence: des fuites massives car les candidats auxquels sont remis les sujets les communiquent à d’autres qui, par erreur, avaient reçu des sujets différents qu’on s’apprêtait à changer.

 

Autre facette de la désorganisation générale: jeudi, à 8 heures, les épreuves de sociologie commencent au centre “Mabilé”. Les candidats inscrits en “sciences sociales” reçoivent des sujets dont le suivant: “le fonctionnement de la famille malienne”. Mais les questions à répondre portent plutôt sur “la famille chinoise”. Qu’est-ce que la Chine vient chercher dans cette histoire ? Et quel étudiant malien sait quelque chose des Chinois alors qu’ils ne figurent pas au programme scolaire ?

 

Le désordre est tel que le bruit d’une reprise intégrale du bac court la ville. Le hic, c’est que le ministre des Finances s’y serait opposé en raison des contraintes financières que connaît l’Etat.

 

 

Complot géant ?

Madame Togola Jacqueline Marie Nana est la principale victime du désordre dans les examens. Elle dit avoir passé deux nuits blanches au département pour veiller à la régularité du processus. Ses proches font état d’un complot ourdi contre elle par des agents tapis dans les structures scolaires. “Madame Togola, il y a un mois, a limogé plusieurs directeurs d’académies d’enseignement et de centres d’animation pédagodique. Les amis des personnes relevées, restés dans les rouages du système, semblent avoir décidé de saboter les examens afin de faire partir la ministre de l’Education”, analyse un haut responsable du département. Une autre source croit savoir qu’à travsers la ministre de l’Education, les saboteurs cherchent à discréditer le régime d’IBK. Toujours est-il que la ministre a réagi vite en suspendant le directeur du centre national des examens et concours, Bakoni Ballo, et 10 autres responsables de ce service. Interpellée, mardi 10 juin par le parlement, Madame Togola a vertement dénoncé les magouilles en cours dans les écoles privées dont certains promoteurs feraient de la fraude et des notes complaisantes leur fonds de commerce. Ces promoteurs, aux dires de la ministre, font tout pour que leurs écoles soient retenues comme centres d’examens afin de s’y adonner à leurs sales besognes. La ministre a même brandi devant les députés des enregistrements mis à sa disposition par “Orange-Mali S.A”, enregistrements où l’on entend des fraudeurs demander: “La sauce est-elle prête ?”. Et l’interlocuteur répond: “Elle sera prête dans l’heure!”. Du coup, la ministre annonce des poursuites judiciaires…En attendant, on peut se demander qui passera aux examens et ce que vaudront les résultats.

 

Abdoulaye Guindo

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3 COMMENTAIRES

  1. C’est juste un complot monté contre elle. Ceux qu’elle a débarqués ont saboté les examens. Tout compte fait, il n’y a pas de moyen pour protéger les examens au Mali car beaucoup d’élèves sont trop mal éduqués pour être redressé, je veux dire éduqués. Ils se mettent à la recherche des sujets d’examens au prix de leur vie au lieu simplement de travailler et mériter son diplôme. Voici l’une des raisons pour lesquelles ont se retrouve avec des Mara dans ce pays.
    Il n’y a pas de solutions, tant qu’il y a la demande, des responsables mal éduqués eux aussi sont prêts à livrer les sujets pour 40 000 cfa.
    Personnellement je ne vois pas de solution à ce phénomène qui va s’empirer avec n’importe quelle personnalité à la tête de ce ministère. Hélas 😥

  2. Les fraudes dans nos examens sont imputables à l’Etat ,surtout les différents régimes qui se sont succédé depuis la chute de Moussa TRAORE.Le niveau lamentable de nos élèves planifié et exécuté par ces regimes et les fraudes forment un duo imséparable.
    D’après IBK dans son discours de campagne « Depuis 15 ans, la société malienne regarde, sans réagir, son école s’effondrer, prise en otage par les corporatismes et rongée par une corruption morale et une violence croissantes. L’école malienne traverse une crise majeure, qui deviendra demain une crise sociale profonde si rien n’est fait pour y mettre fin. ».
    L’expression qui m’a le plus frappée est « son école… prise en otage ».Notre école publique est devenue une entreprise pour certains cadres se souciant plus compte du profit personnel qu’ils tirent du système que du niveau de nos enfants. Cette prise d’otage est centrale et génératrice de problèmes secondaires : les méthodes de lecture en vigueur depuis plus d’une décennie, les innovations pédagogiques incessantes faisant de notre école publique un champ d'expérimentations pédagogiques et de nos élèves des cobayes, le parachutage des innovations sans concertation des enseignants à la base, le faible niveau de la jeune génération d’enseignants victime du système etc.
    Les fraudes massives dans nos écoles sont une conséquence de cette mauvaise formation. Je crois qu’il faut attaquer le mal à sa racine, commencer par bien former nos enfants depuis le premier cycle de l’enseignement fondamental. Les élèves cherchent à frauder aux examens parce qu’ils sont mal formés .Un élève qui, n’a pas de niveau et qui est ambitieux, emprunterait tous chemins pour parvenir à ses fins .Un élève bien formé n’a pas besoin de frauder pour réussir ses examens. Quand les élèves n’auront plus besoin de frauder, les enseignants n’auraient plus le choix car sans corrupteurs point de corrompus.
    Nos élèves ne savent plus lire et les autres disciplines sont liées à la lecture. Apprenons à lire à nos élèves en retournant à la méthode syllabique de lecture.
    Pour minimiser la vente de sujet pourquoi ne pas choisir 10 ou 20 sujets pour la même matière dans une même enveloppe et choisir le vrai sujet à quelques minutes de l’epreuve.La technologie actuelle est favorable à cette alternative. Les vendeurs de sujets ne pourront point convaincre un parent corrompu avec une proposition de 10 ou 20 sujets.

  3. Ca c’est une affaire de defense de soeur; le zeronaliste Guindo defends sa soeur ministre Togola etc… Foutez nous la paix. Il n’y a aucune institution serieuse au Mali. Et alors et ce qui baisent les petites filles pour les faire passer. Ma petite a ete molestee au second cycle par son directeur un certain GXXXXXD. Quand mon pere s’est presente, le directeur a delegue des gens pour demander pardon et que ca serait le premier et le dernier cas…
    On ne pouvait rien faire d’autre, quand on le met a la prison il va rentrer a la maison meme avant nous. On s’est contente a nous en remettre a Dieu.

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