Quel esprit créatif pouvons-nous attendre des jeunes qui sont admis sur un champ de réflexion borné et des critères de médiocrité encouragés par les autorités de l’éducation ? C’est du moins la question que des Maliens se posent après avoir été témoins du déroulement de la session 2014 du baccalauréat.
Cette année, la session a été marquée par des nombreux dysfonctionnements sur toute l’étendue du territoire : fuite généralisée des sujets, décalage général, des sujets transportés sans être scellés, le manque de sérieux des surveillants… La situation aura sans doute des répercussions sur le système éducatif qui connait depuis des années une baisse généralisée du niveau de ses produits.
A l’heure du bilan, les Maliens ne font pas dans la dentelle pour dénoncer ce que certains appellent la médiocrité habituelle de l’autorité en charge d’élaborer la politique nationale de l’éducation.
“Ça me fait honte aujourd’hui de voir composer mes enfants à 21 h avec des bougies et des téléphones portables. En principe, aucun appareil ne doit être visible dans une salle d’examen. En attendant de voir prendre le chef du gouvernement Moussa Mara sa responsabilité, je ne peux porter aucun jugement sur ce diplôme“, tranche El hadj Haïdara, parent d’élève. Avant d’ajouter que l’ambiance de la cour ne laisse aucunement l’impression d’un examen.
M. Doumbia est un candidat du centre lycée Lanterne. Pour lui, le bac 2014 est un examen de la honte, maisassurément cette honte c’est pour le ministère de l’Education nationale qui n’a pas pris des dispositions pour sécuriser les sujets et les centres d’examens. Il est à l’origine de toutes les déconvenues de cette session. “Ce même ministère, comme si ces gaffes ne suffisaient pas, a choisi des centres sans électricité, à tort ou à raison, sur le dos des élèves, ceux-là mêmes qui sont l’avenir du pays”, dit-il.
“L’Etat n’a pas assumé sa responsabilité. Nous ne pouvons rien contre les fraudeurs. Avec 20 ans d’expérience, je n’ai jamais surveillé à 19 h. Mais nous avons libéré les élèves hier à 21 h”, confie un président d’un centre.
En tout cas cet échec cuisant était prévisible, car la ministre a procédé à la nomination de D-Cap à 2 mois des examens. D’autres disent que les administrateurs nommés par Mme Togola Jacqueline-Marie Nana ne maîtrisaient rien dans la gestion du dossier des examens. Elle a fait confiance à certains dont la vocation est de saboter le travail qu’elle a si bien commencé. Son entourage, à quelques exceptions, est constitué des gens en situation d’échec, ne s’occupant que de leurs maigres ressources issues de la vente de sujets d’examen.
Il est évident qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux. Cependant, beaucoup reste à faire. Il s’agit de nettoyer farouchement sans exception et sans pitié le milieu pour éviter que des telles erreurs ne nous surprennent l’an prochain.
Bréhima Sogoba