L’ombre du scandale des fuites du DEF a plané sur le démarrage des épreuves.
Les épreuves du Baccalauréat, la compétition phare des examens scolaires, ont démarré hier. Le Bac 2014 intervient dans un contexte tendu avec la fuite de sujets qui a entaché l’examen du diplôme d’études fondamentales (DEF) organisé la semaine dernière. Des fuites dont l’une des conséquences est la suspension de ses fonctions, du directeur du Centre national des examens et concours de l’éducation, Bakoni Ballo (voir article de Be Coulibaly).
L’ombre de la tricherie a donc forcement plané sur le démarrage des épreuves du Bac. De fait, celles-ci ont tardivement débuté pour dit-on, des raisons de prudence. Le ministre de l’Education nationale et tous les responsables chargés des questions scolaires sont restés au département lundi jusqu’à 2 heures du matin pour veiller à sécuriser les procédures. Hier, ce n’est qu’à partir de 9 heures que les sujets ont été acheminés dans les centres d’examen, accroissant ainsi le stress des candidats. A midi encore, les candidats de certains centres de la rive droite de Bamako n’avaient pas reçu les premiers sujets. Dans quelle mesure les 126.393 candidats aptes à se présenter au bac cette année dans 253 centres d’examen et 4653 salles de classe, ont-ils été ainsi perturbés dans leur concentration ? On le saura lorsqu’il sera possible d’avoir une vue d’ensemble sur le déroulement de cette première journée du baccalauréat.
Hier, c’est au lycée Mamadou Sarr de Lafiabougou en Commune IV du District de Bamako que le ministre de l’Education nationale, Mme Togola Jacqueline Marie Nana, a donné le coup d’envoi des épreuves. Le ministre et sa délégation sont arrivés au centre d’examen avec en main 12 enveloppes contenant les sujets du Bac. Ces sujets ont d’abord été vérifiés dans la salle des professeurs avant que Mme Togola Jacqueline Marie Nana ne donne le coup d’envoi des épreuves dans la salle n°232 du centre en ouvrant la première enveloppe contenant les épreuves de littérature. Les sujets ont été distribués par les deux surveillants aux 30 candidats de la salle. Ceux-ci ont semblé pris au dépourvu par ces sujets qui avaient été changés à la dernière minute par le ministère de l’Education. Avaient-ils eu connaissance des sujets retirés ? Non, assurent les candidats en expliquant avoir été estomaqués par des épreuves qui ne correspondaient pas aux cours suivis en classe.
Toujours est-il que c’est la mine grave que le ministre de l’Education nationale s’est adressé aux candidats en rappelant que le bac sanctionne la fin des études secondaires. Les candidats sont donc les futurs universitaires qui doivent afficher un niveau à hauteur de ce statut. Et ce niveau doit être acquis par le travail et non pas par des manœuvres frauduleuses. Mme Togola Jacqueline Marie Nana a dénoncé les fraudes dans les termes les plus sévères. « C’est une honte pour notre système éducatif. C’est une honte pour les professeurs qui la favorisent. C’est une honte pour les parents d’élèves, les promoteurs d’école et les élèves d’acquérir le savoir par les facilités et par des systèmes frauduleux », s’est-elle indignée, avant de déplorer le fait que « l’élève n’est plus au centre de l’école, mais plutôt l’argent ».
Mme Togola Jacqueline Marie Nana a promis que la fraude sera résolument combattue et définitivement vaincue. Invitant les candidats à ne pas attendre les sujets corrigés pour commencer à travailler, elle a expliqué le retard pris dans le démarrage des épreuves par les mesures de prudence et de sécurité arrêtées pour le bon déroulement des épreuves en évitant tout risque de fraude. Le ministre a précisé que le département, en collaboration avec la Sécurité d’Etat et la police, mène actuellement des enquêtes pour arrêter les auteurs des fuites des sujets du DEF et les traduire devant les juridictions compétentes.
Le ministre de l’Education nationale était accompagné de Seydou Kalifa Traoré, conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur du District de Bamako, et de plusieurs responsables de l’éducation : le directeur national de l’Enseignement secondaire général, Alfousséini Kéita, la directrice de l’académie de la Rive gauche, Mme Bane Zéïnabou Djitteye, l’inspecteur en chef de l’Inspection générale de l’Education nationale, Mamadou Kéita, et le directeur national de l’Enseignement technique et professionnel, Oumar Maïga.
Les examens se déroulent sous la protection des forces de l’ordre. Les pôles de correction des épreuves sont les académies des rives gauche et droite de Bamako, celles de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti et Gao
S. Y. WAGUE