Autorités scolaires – Syndicats d’enseignants : Deux petites bombes à désamorcer

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Un syndicat de travailleurs est, pour une autorité, ce que l’hyène peut représenter pour la chèvre. Le regretté et non moins célèbre Birago Diop ne disait-il pas qu’ “édentée, sur-dentée ou mal dentée, aucune hyène ne plait au propriétaire de la chèvre ” ? La maxime peut valoir à stigmatiser les rapports entre un groupe de travailleurs organisés en syndicat et l’autorité politique.

Depuis quelques années, les syndicats des enseignants de tous les ordres confondus occupent très souvent la scène de l’actualité par les mots d’ordre de grève, d’arrêt de travail, la tenue d’assemblée générale, entre autres. Mais à les entendre, on peut se convaincre d’une chose : le dialogue est maintenu avec les autorités scolaires, notamment celle chargée de l’enseignement fondamental et secondaire. Toutes choses qu’il faut savoir apprécier à leur juste valeur. Même s’il est que comme dans toute négociation, tout n’est jamais acquis par ceux qui revendiquent.

Des acquis

Mais depuis l’arrivée du professeur Salikou Sanogo à la tête du ministère de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, les enseignants se prévalent de certains acquis obtenus par les syndicats dont le nombre dénote à suffisance la divergence des intérêts. A ce jour, la COSES (Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire) est fière de rappeler que les acquis de ses luttes tournent autour d’une indemnité spéciale de 25 000F pour remplacer l’indemnité de logement ; la relecture du décret 08-322 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement du conseil supérieur de l’éducation ; l’engagement du gouvernement à faire respecter la liberté syndicale dans l’enseignement privé… Les responsables syndicaux de la COSES évaluent à 83% la satisfaction de leurs doléances. Comme pour conforter le ministre Sanogo qui, il y a quelque mois, édifiait l’opinion à travers la presse sur les efforts déployés par son département à l’endroit des syndicats d’enseignants.

Deux ” petites ” bombes à désamorcer

Vous avez beau leur signifier qu’ils passent pour des maximalistes aux yeux de l’opinion, les enseignants vous rétorqueront qu’ils sont même des ” laissés-pour-compte ” comparés à d’autres catégories professionnelles. Sans sous-estimer les points de revendication satisfaits, les syndicats affiliés à la COSES s’attachent à deux petites bombes qui ne sont pas difficiles à désamorcer par le gouvernement et à un point sur lequel la divergence pourrait perdurer. La première petite bombe se nomme ” retard chronique ” dans le paiement des salaires des contractuels des collectivités. La deuxième porte sur la controversée assurance maladie obligatoire (AMO), contre laquelle tous les syndicats d’enseignants ont signifié leur désaccord. Sur le premier point, puisque le problème n’est nullement imputable aux deux départements de l’éducation, il ne serait pas difficile pour le Pr Salikou et Tante Gilette de faire exercer une pression sur les services relevant du ministère des finances pour que cesse cette pratique qui rappelle les douloureux souvenirs de l’ère de l’UDPM. S’agissant de l’AMO, puisque ce ne sont pas les ministères chargés de l’éducation qui l’ont initiée, ce n’est pas compliqué de répercuter l’écho des voies de refus des syndicats d’enseignants.

En fait, pendant que le bureau exécutif national de la COSES demandait à “mieux comprendre “, ses militants, il y a deux semaines, rejetaient purement et simplement le principe même d’une assurance maladie obligatoire tout en demandant à être remboursés des sommes prélevés sur leurs salaires. Un troisième et dernier point est sans doute une pompe qui paraîtra toujours en discorde entre les syndicats et les autorités politiques. Il s’agit de l’intégration des contractuels à la seule Fonction publique de l’Etat. Une question sur laquelle nous reviendrons dans nos prochaines éditions.

Abdoulaye Ladji GUINDO

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