“Si vous voulez tuer une nation, il faut tuer son école“, dit- on. Il apparaît évident aujourd’hui que notre école n’échappe pas à cette triste réalité.
Dans les discours politiques aussi bien que sur toutes les lèvres, nous ne pouvons pas nous empêcher d’entendre chanter par tout “l’école, c’est notre priorité des priorités” ou que “l’école, c’est l’avenir d’une nation“, etc. Des propos bien plus que démagogiques, car la pratique nous enseigne purement le contraire. La réalité est que nous ne nous intéressons à notre école qu’à la veuille des examens quand ceux- ci sont menacés par les grèves surtout de celles des enseignants. Parce que tout simplement le spectre d’une année blanche renvoie chacun à ses calculs.
Si certains y voient toutes leurs dépenses scolaires voler à l’éclat, d’autres y voient des difficultés auxquelles ils auront pour faire face aux charges liées au fonctionnement de leur établissement. Personne, nous disons, personne, ne pense en réalité à l’avenir de ces milliers d’enfants dont l’avenir se trouve hypothéqué aujourd’hui. Et pourtant, nous ne cessons pas de clamer à chaque fois que c’est de l’avenir de nos enfants que nous pensons.
Sinon, comment comprendre le silence et l’inaction de la part de ces parents d’élèves et des autorités scolaires face aux calvaires que traversent aujourd’hui leurs enfants ?
Au niveau de l’enseignement secondaire, nous avons des bacheliers de l’année scolaire écoulée (2020- 2021) qui viennent juste de commencer les cours, ce lundi 09 mai 2022, dans certaines facultés et pourtant, l’on vient de fixer la date du 18 juillet 2022 pour les examens du baccalauréat 2021-2022.
Mais où iront-ils les nouveaux bacheliers sachant que leurs prédécesseurs n’ont même pas commencé pour ensuite leur céder la place, puisque l’enseignement, c’est une suite? Ces deux (02) catégories de bacheliers vont-ils intégrer les mêmes classes de première année à l’université ? Où bien ces nouveaux bacheliers vont-ils aussi attendre un (an) à la maison, le temps que leurs aînés finissent leur année de première pour leur céder la place ? Cela n’inquiète personne.
Pire, au niveau des universités, nous avons des étudiants de carrière parce qu’ils ont doublé ou triplé des classes mais parce qu’il n’ya pas de cours à plus forte raison des examens. Des étudiants qui sont à leur deuxième, voire troisième année en première année ou en deuxième dans l’attente d’être examinés. La conséquence immédiate de telle situation est que ces étudiants seront tôt ou tard confrontés aux critères d’âge au moment de se présenter au concours d’entrée à la fonction publique. Ça aussi, personne n’en parle. Même si, pour prémunir contre cela, certains parents ont trouvé une alternative qui à consister d’aller inscrire leurs enfants dans les universités privées. Mais est-ce que tout le monde dispose les moyens de recourir à cela?
Face à cette accalmie liée aux contextes actuels que nous connaissons tous, nous avons tendance à oublier ces problèmes auxquels est confrontée notre école et qui la conduisent inéluctablement, si nous n’en prenons pas garde, à sa chute, voire à sa disparition pure et simple. Nous devrons prendre conscience vite que notre école est malade, voire moribonde surtout au niveau du supérieur qui est sensé recevoir chaque année de nouveaux bacheliers.
L’enseignement, c’est un vase communiquant, quand le trou est bouché quelque part c’est toute la conduite qui s’arrêtera. Nous devrons prendre conscience du danger qui guette notre école et que si toute fois elle est atteinte, c’est tout l’avenir de notre nation qui en pâtirait.
Il est donc important voire urgent que nous sortions de notre silence coupable, que nous rompions avec tous les discours démagogiques pour penser notre école, afin de trouver la thérapie valable pour sauver ce qui pourrait l’être à présent. Ceci n’est pas une gaité de cœur mais une question de survie pour notre peuple. Car, un pays sans une éducation forte est un pays qui est condamné à la disparition.
Daouda DOUMBIA