Hier comme aujourd’hui, la fonction enseignante, au public comme au privé, n’a jamais nourri son homme. En tout cas pas dans la loyauté. C’est pourquoi l’exercice de cette fonction est conçu par plusieurs personnes comme étant une preuve de patriotisme et de sacrifice dans un pays où enseigner est presque synonyme de vivre dans la misère. Par conséquent, dans de telles conditions, nombreux sont ceux qui pensent qu’il ne serait que justice de réserver un traitement conséquent aux hommes et femmes qui optent pour « la craie ».
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A Kidal, le Directeur d’Académie d’Enseignement (DAE) confondrait ses missions avec celles d’un Chef de Caton du temps colonial en abusant impunément des enseignants qui ne cautionneraient pas ses magouilles électorales.
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En effet, nous sommes en 2002, année électorale au Mali, où le jeune Mahamane Théra, fonctionnaire de son état, s’apprêtait à entamer sa deuxième année de fonction à Kidal où il a été affecté un an auparavant par décision de la Direction nationale de l’Education de Base (DNEB). Tout se passait normalement pour notre jeune enseignant jusqu’au jour où, en sa qualité de président de bureau au scrutin présidentiel de 2002, il refusa d’adhérer à une fraude électorale planifiée par son Directeur d’Académie d’Enseignement.
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M Koïna Ahamadou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, comptant sur la complicité du jeune enseignant, alors président du bureau de vote n°4, voulait faire frauduleusement voter de nombreux électeurs. Voyant sa neutralité face à une telle tentative de fraude comme une des vertus d’un éducateur, Mahamane Théra ne s’attendait à aucune conséquence. C’était sans compter avec l’esprit revanchard de son DAE qui avait établi un rapport entre le refus du jeune enseignant et président de bureau de vote et la défaite électorale de son parti (Adéma) face au candidat indépendant Amadou Toumani Touré.
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Des sanctions sur fonds de règlement de compte !
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Cela demeure malheureusement une triste réalité : dans certains services publics, le refus de faire allégeance au chef constitue un crime de lèse-majesté. C’est du moins ce qui explique les sanctions prises à l’encontre de notre enseignant qui fut arbitrairement évincé de toutes les opérations de correction et de surveillance des épreuves d’examens sans aucune raison apparente. Un pur règlement de comptes déploré par certains de ses collègues. Car, on se demandait comment on peut exclure le seul maître d’anglais des opérations de surveillance et de correction pendant que l’établissement était obligé de solliciter le concours de quelques fonctionnaires des autres services de la ville pour surveiller les jours de composition.
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Interrogé à cet effet, le Directeur de Cap (un certain Barry) qui était à l’époque un ami du DAE Ahamadou Koïna s’est dit incapable de faire quoi que ce soit. Tandis que le DAE affirmait à qui voulait l’entendre qu’il prend ses hommes de confiance. Cela sentait la vengeance. En 2003, le pauvre Théra fut choisi pour la surveillance et la correction à Tessalit où il eut la malchance de faire partie d’un groupe de surveillants et de correcteurs qui ne comprenaient que Tamasheq et qui seraient d’ailleurs payés pour laisser circuler les copies corrigées des épreuves dans les salles d’examen.
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En s’interposant contre cette fraude, le jeune Théra eut maille à partir avec le préfet de la localité qui se serait personnellement employé à faire parvenir les versions corrigées de toutes les épreuves aux candidats. Indexé comme indésirable pour ses positions tranchées contre la corruption, Théra ne dut son salut qu’en s’échappant en catastrophe. Venu à Bamako dans ces conditions, il introduisit une demande de mutation auprès du Directeur national de l’Education de Base. Une démarche pour laquelle il est resté à Bamako pendant un bon moment. L’assimilant à presque « un réfugié », certains responsables du ministère de l’Education nationale se sont impliqués pour l’obtention de ladite mutation.
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C’est ainsi qu’il fut muté de l’Académie de Kidal à l’Académie Rive droite de Bamako. Une mutation qui n’a malheureusement pas été la solution du problème car, du côté de Kidal on refuse mordicus de délivrer à Mahamane Théra son certificat de cessation de paiement. Un document sans lequel l’intéressé ne saurait percevoir son salaire au niveau de son nouveau lieu de fonction. Le hic est que malgré l’implication des responsables syndicaux, notamment du SNEC, le pauvre enseignant n’a ni eu droit à ses arriérés de salaires ni perçu le moindre sou depuis 2003, date de sa mutation à Bamako. Il continue à travailler normalement, faisant montre d’un courage exemplaire.
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Affaire à suivre !
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Markatié Daou
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