C’est le 31 juillet prochain que s’achève la trêve de 15 jours qu’observe le SNESUP dans la grève qu’il a déclenchée depuis maintenant trois mois. A une semaine de cette date fatidique, son premier responsable, Dr Abdoul Mallé, a consenti à se confier à L’Indépendant, chose exceptionnelle dans ses rapports avec la presse. A partir du 1er août, les enseignants iront en vacances. Pour sauver donc l’année académique, le gouvernement doit payer aux enseignants du supérieur les deux mois de vacances (août et septembre). "Nous sommes prêts à consentir des efforts et des sacrifices pour la bonne marche de l’Université si, en retour, le gouvernement accepte de mettre la main à la poche pour nous payer ces vacances", nous a t-il dit.
es semaines prochaines s’annoncent très difficiles pour le gouvernement qui doit tout faire pour sauver l’année académique en débloquant la situation à laquelle le supérieur est confronté.
Le SNESUP, à travers son Secrétaire général, dénonce le manque de volonté politique du gouvernement de prendre ses revendications à bras le corps pour leur satisfaction. Il n’est un secret pour personne que les enseignants du supérieur ont repris le chemin de l’université grâce à l’implication personnelle du Président de la République ATT. Et depuis, les cours ont ainsi repris dans l’ensemble des établissements de l’enseignement supérieur avec un léger réaménagement des emplois du temps. Et du coup, les négociations ont repris entre les Syndicats du supérieur et le gouvernement, sous l’égide du Premier ministre.
Selon Abdou Mallé, les négociations sont en cours, et le gouvernement vient de leur proposer, une fois de plus, un nouveau protocole d’accord où toutes les revendications seront examinées.
Le gouvernement a remis sur la table les anciennes revendications, qui à ses dires, ont connu une légère amélioration. Toute chose qu’il ne trouve pas normal. "Ces nouvelles propositions piétinent nos acquis" a-t-il soutenu.
Il soulignera que le gouvernement doit saisir la trêve pour résoudre les revendications. Il déplore toutefois déjà, ce qu’il qualifie de "désolante réalité d’une gestion légère, peu rassurante et opaque des points de revendications". Il affirme que tout peut se jouer avant les 72 heures à moins que le gouvernement mette un peu du sien.
Il notera qu’au lieu d’aller droit au but, le gouvernement a proposé de mettre en place un panel d’experts universitaires qui vont encore faire des propositions par rapport à l’aspect académique et les questions de statuts. Mallé considère que la mise en place d’un panel est une fuite de responsabilité de la part du gouvernement. Alors que, dira-t-il : "Nous sommes à une phase sensible de l’école malienne en général et de l’enseignement supérieur en particulier. Nous avons observé la trêve, il faut l’utiliser à bon escient" a-t-il averti.
Malgré tout, Abdou Mallé n’a pas écarté l’hypothèse d’une sortie de crise. Cependant, a-t-il tenu à préciser, tout dépendra de la concrétisation de la lettre d’application du chef de l’Etat.
Le SNESUP, pour rappel, avait exigé du gouvernement la satisfaction de quatre points de revendication, qui se résumaient à l’alignement des salaires des enseignants de l’enseignement supérieur et des chercheurs de l’éducation sur ceux de la sous-région, la mise en place de la nouvelle hiérarchie, l’augmentation du taux de l’heure supplémentaire dans l’enseignement supérieur et l’intégration des travailleurs contractuels de l’enseignement supérieur dans la fonction publique.
Ces points ont fait l’objet d’un protocole d’accord le 22 janvier 2010 entre le SNESUP et le Gouvernement.
Ce protocole d’accord avait fixé la date du 22 au 26 février pour la relecture du statut du personnel enseignant-chercheur et qui devait prendre en compte les trois premiers points de revendication cités précédemment.
Le Secrétaire général de déplorer que, depuis la signature de ce protocole d’accord, le SNESUP court vainement derrière le Gouvernement pour son application. Il aura fallu attendre, le 15 avril 2010, pour que le premier ministre réunisse tous les syndicats de l’éducation pour une proposition d’agenda de négociations.
A cet effet, il avait été mis en place une commission interministérielle pour l’enseignement supérieur et une autre pour le secondaire et le fondamental.
Ramata TEMBELY