En arrachant une trêve dans la grève illimitée déclenchée depuis le 19 mars 2010, par le syndicat des enseignants de l’enseignement supérieur, le président de la République Amadou Toumani Touré a forcément ravi la vedette au gouvernement. En effet, l’acceptation de la trêve proposée par le président de la République fait suite à plusieurs négociations entre différents partenaires de l’école.
D’autant plus que dans cette crise, les députés, les leaders religieux et la société civile avaient été sollicités. Le désaccord subsistait toujours sur les points concernant l’alignement des salaires des enseignants de l’enseignement supérieur et des chercheurs de l’éducation sur ceux de leurs homologues de la sous région, la mise en place de la nouvelle hiérarchie (assistants, attachés de recherche, maîtres de conférence, professeurs, directeurs de recherche) et l’augmentation du taux des heures supplémentaires de l’enseignement supérieur.
Il faut aussi rappeler que c’est suite à une assemblée générale que le comité exécutif national du syndicat de l’enseignement supérieur a décidé, à l’unanimité de ses militants, d’accepter la trêve proposée par le président de la République, ATT. L’assemblée générale avait, aussi, convenu d’ouvrir un cadre nouveau de négociations et de tenir après la trêve, une assemblée d’évaluation des négociations. A la suite de ces dispositions, le comité syndical a rencontré le président de la République, dimanche dernier, pour lui signifier la décision prise à la base. Le Chef de l’Etat, visiblement soulagé, les a encouragés en leur recommandant de faire rapidement l’évaluation des négociations.
ATT a surtout reconnu la légitimité de leurs revendications, ce qui est un pas important dans la recherche de consensus pour la résolution de la crise. Faut-il pour autant mettre en cause le gouvernement? Ce serait sûrement aller trop vite en besogne dans la mesure où, même le président de la République n’en est encore qu’au stade des négociations. Les syndicalistes avaient promis de donner des cours et de suivre les soutenances et non procéder à des remises de sujets pour les devoirs, partiels et examens.
Donc, une trêve ne signifie pas l’arrêt définitif de la crise. Les syndicalistes de l’enseignement supérieur l’avaient d’ailleurs précisé, au cours de leur houleuse assemblée générale. En effet, ils avaient recommandé une trêve de courte durée, du 15 au 31 juillet, pour ne pas permettre la validation de l’année, au cas où ils n’obtiendraient pas satisfaction. Toujours est-il que cette intervention du président de la République, dans un secteur aussi important dans la vie de la nation est salutaire, car, il s’agit d’un domaine dont les récurrentes difficultés mettent gravement en cause la qualité de nos ressources humaines, donc, le développement du pays.
Baba Dembélé