Tenue des élections en juillet : un impératif et ses mesures de précaution

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Le débat, sur la tenue des prochaines élections, est ouvert et ne manque point de rebondissements. Comme à l’accoutumé, les positions restent partagées entre un léger report et le respect du calendrier initial. Toutefois il convient de reconnaitre que les arguments avancés de part et d’autres, à l’exception de ceux de certains pseudos-acteurs de la vie politique, demeurent objectifs et méritent par conséquent d’être pris en considération pour éviter à notre pays de sombrer de ce qui devrait en principe jeter les bases d’une nouvelle nation et d’un nouveau départ. Autrement dit, la tenue des élections en juillet n’est pas sans conséquences. Et les risques de contestation des résultats du fait de la fraude, d’un faible taux de participation eu égard à la déception des populations vis-à-vis de la classe politique ou de l’inaptitude de certains électeurs déplacés ou encore dans les régions septentrionales à exercer leur droit de vote ne sont pas à exclure.

Fousseyni Maiga, Dirpub "Le Flambeau"
Fousseyni Maiga, Dirpub “Le Flambeau”

Si ces réalités demeurent irrévocables à tout point de vue, doivent-elles cependant justifier la nécessité de reporter les élections ? Disons tout simplement que non. Bien au contraire, ces réalités doivent inspirer d’autres mesures de précaution plus exhaustives et inciter les autorités de la transition à prendre en compte tous les risques pouvant entacher la crédibilité des élections et, par voie de conséquence, réfléchir d’ores et déjà à des solutions et perspectives pouvant prévenir toute crise postélectorale. Il s’agit, entre autres, des précautions relatives à l’implication de toutes les forces vives de la nation dans le processus d’organisation, à l’instauration d’un climat de confiance et de dialogue fécond entre les différents acteurs concernés, à la sensibilisation des populations sur la nécessité d’exercer leur devoir de citoyen, à la neutralité des autorités de la transition, à la sécurisation de l’ensemble du processus…En sus, il faudra mener une vaste de campagne de communication auprès des leaders politiques quant au respect du verdict des urnes et surtout à l’impérieuse obligation de mettre les intérêts du Mali au dessus de leurs petits calculs politiciens. Il est aussi du devoir de la société civile de jouer pleinement son rôle, en sortant du champ politique sans pour autant rompre avec le débat politique, afin de constituer un véritable rempart contre la fraude et l’instrumentalisation  de notre système démocratique déjà en convalescence.

La tenue des élections en juillet, ainsi dit, est un challenge certes immense mais pas pour autant impossible pour le Mali. Certains pays, et souvent dans des conditions plus difficiles que celles que traverse le Mali, ont pu relever le défi. Et le Mali ne saurait fait une exception à cette règle, et encore moins au moment où toutes ses opportunités et chances de pouvoir repartir sur de nouvelles bases y sont conditionnées. Au delà de la pression internationale qui alimente le débat, il convient de rappeler que la tenue de ces élections reste un engagement solennel du gouvernement de transition et un souhait ardent pour l’ensemble du peuple malien. Ne pas respecter le calendrier fixé serait, pour nos autorités actuelles, une faillite et pour l’ensemble de la nation malienne un veritable gâchis qui consolidera et la situation de ‘’non droit’’ qui prévaut depuis le coup d’état du 22 mars et le vide institutionnel ayant favorisé l’émergence d’une société à double vitesse et dans laquelle l’ascenseur social est malheureusement en panne (étant donné que tous les privilèges ne sont accordés qu’à une catégorie de personnes proches de l’ex junte militaire ou des caciques du pouvoir dit déchu).

Si la tenue des élections en juillet comme prévu reste un impératif, l’enjeu est qu’il subsiste de sérieuses menaces qui nécessitent des mesures préventives afin d’anticiper toute crise postélectorale comme dans certains pays voisins et préserver la crédibilité du scrutin.

Fousseyni MAIGA pour Maliweb.net

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10 COMMENTAIRES

  1. Mr. Maiga le peuple est daccord pour un leger decalage pour ces elections. Il faut securiser, ramener la majorite des deplaces au bercail et faire un bon recencement, ensuite donner des cartes electeurs fiables et un fichier electoral fiable et approuve. Un frere a mentionne des elections sous l’egide de l’ONU, bon idee s’ il le faut mais je pense nous devrions montrer une fois que nous sommes capables et avoir une credibilite.

  2. L’une des conditions d’apaisement est de faire les élections par les Nations Unies. Difficile alors les contestations post électorales car le Mali n’est pas et ne sera pas la côte d’ivoire. Pour le cas du MNLA, il faut les inviter à table et les convaincre de se constituer en parti politique. Il le faut pour une paix durable sans grande effusion de sang

  3. Il est certain que des hommes intègres existent au Mali. Le problème est que la majorité des maliens n’en veulent pas. ILS SONT TAXES DE MAUDITS PAR TOUTE LA SOCIETE! Quand le malien ordinaire critique la corruption et le népotisme, il veut simplement dire: ”Pourquoi volez-vous sans me donner ma part ?”.
    Mais en démocratie, ce sont les moyens financiers et organisationnels immenses qui gagnent des élections libres et transparentes, de sorte qu’inévitablement les mêmes reviendront, la jeune génération étant dépourvue de ces moyens, A SUPPOSER QUE CETTE NOUVELLE GENERATION SOIT HONNETE ET PATRIOTE. Car c’est de cela qu’il s’agit essentiellement. Et il ne faut pas nier que des réalisations merveilleuses ont été réalisées durant ces vingt dernières années.
    Qu’est ce qui pourrait empêcher les élections de Juillet 2013? La biométrie avec les N° NINA est assez prête, et l’actualisation est en cours depuis trois mois. La majorité des électeurs ayant leur N° UNIQUE NINA, LEUR EMPREINTE DIGITALE AVEC LEUR PHOTO ENREGISTRES dans des ordinateurs portables mis en réseau dans tous les bureaux de vote. ET ON PEUT VOTER PARTOUT. ON N’A MEME PAS BESOIN D’ETRE DANS UN BUREAU PREDETERMINE!!! Comme il est prévisible qu’il y aurait des problèmes de réseau comme au Ghana, IL SERAIT LOGIQUE A L’IMAGE DES USA, D’ETALER LE SCRUTIN SUR UNE SEMAINE ENTIERE VOIRE PLUS…

  4. Je suis d’accord avec vous Monsieur le journaliste sur la nécessite de prévenir toute crise post-électorale. A vrai dire, tous les ingrédients de cette crise sont réunis et il faudra juste une responsabilité collective pour l’éviter. Félicitations aussi Maiga pour votre premier livre que je viens à peine de savourer et qui vient de me confirmer dans ma thèse selon laquelle vous restez le meilleur journaliste de ce pays après Adam bien sur. Je reste aussi convaincu que vous pourrez un jour le damer si vous continuez dans cette lancée.

    • Monsieur MAIGA, si tu pouvais arrêter de poster ta PHOTON devant tes articles, car les lecteurs ont tout juste besoin de tes commentaires et non ton image.

      CE N’EST PA UN CONCOURS DE BEAUTE.

  5. Rien à signaler Fousseyni pour cette belle analyse, à part ton silence sur la question Mnla qui me parait très essentielle dans les futures échéances électorales. Gsper ke tu reviendras sur le sujet dans tes prochains éditos. Sinon tu fais la fierté de la presse malienne et je demeure une des tes inconditionnels lectrices depuis 1 an.

    • Quel est ton souci mouna à propos du mnla ? Tu souhaiterais qu’il fasse un ptit pub pour ces vauriens la ou se focaliser sur eux ? dis nous tu es avec ces gens la ou bien ?T’es ressortissante de Haramzawad ou une allogène sur ce bantoustand?

  6. Très belle analyse Fousseyni mais je me demande comment les gens pourront voter à Kidal tenue par le MNLA en toute sécurité? Ce volet est très important tant que Kidal restera entre les mains du MNLA avec des combattants islamistes recyclés l’échéance de juillet n’est pas facile à tenir.

  7. Parfait M.Maiga, je suis tout afait daccord pour cette analyse sans complaisance, nous comptons sur des acteurs francs comme vous pour relever le defi.

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