Sommet de Malte : De nouveaux ponts ou d’autres murs?

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Adam Thiam
Adam Thiam

L’Europe encore à la manœuvre et l’Afrique à l’écoute: le sommet eurafricain sur la migration qui prendra fin aujourd’hui à la Valette n’inaugure pas le dialogue sur l’immigration africaine en  Europe. De Addis-Ababa à Bruxelles en passant par les exercices sous régionaux ou bilatéraux, les discussions n’ont jamais été rompues.

Et ce que l’Europe n’a pu obtenir par les accords des palais africains que les rues dakaroise, bamakoise ou brazzavilloise auraient considéré comme de la plate capitulation, les consulats français, britannique ou belge s’en sont occupé. Par une humanisation certes du système d’attribution de visas là où il y a deux décennies, les demandeurs risquaient leur dignité voire leur intégrité physique sous les coups de fouets de services d’ordre paradoxalement africains.

Mais par un verrouillage plus féroce même si plus subtil. Mais en réponse à Schengen, ce qu’on a vu ce sont des milliers de migrants escaladant les murs, affrontant les barbelés et la mer pour forcer les portes closes des illusoires eldorado. Ces dernières années, ce sont ainsi près de 3000 migrants qui ont ainsi brisé leurs ambitions d’avenir dans la Méditerranée. On ne parle pas des nuées recalées, généralement sans moyens de retourner chez eux, constituant ainsi un véritable cauchemar  pour les pays de transit. Algérie, Tunisie, Lybie, Maroc. Lesquels ne sont pas d’une compassion excessive, à l’exception du Royaume chérifien dont le souverain est très en pointe sur la solidarité avec les migrants. Mais peut-on les en blâmer?

À chaque grande tragédie dans la Méditerranée les palais africains sont silencieux, laissant au Pape l’initiative fort heureuse et touchante de condamner logis des nantis. Alors pourquoi les présidents d’Afrique se sont-ils rendus au sommet de Malte? D’abord plus personne ne peut faire semblant: la question migratoire est devenue un drame mondial. Les chefs d’Etat africains ne peuvent plus sous- traiter aux bonnes consciences européennes et aux sociétés civiles africaines leur devoir d’indignation ainsi que l’obligation de trouver une solution à la nouvelle tragédie du monde.

Malte est une étape vers cet impératif car il parlera à des leaders européens se trouvant désormais face aux conséquences de leurs politiques africaines toutes plus ringardes les unes que les autres. Il devra aussi interpeller le leadership africain sur la nécessité de vraiment tirer profit de ce que peut-être le dividende démographique du continent. Autant dire la nécessité de réformer une gouvernance globalement prédatrice qui confisque l’avenir de jeunesses capables mais sans autre alternative que de voter par les pieds ou s’oublier dans le cannabis.

Histoire de rappeler que la responsabilité première de sa jeunesse incombe d’abord à l’Afrique. C’est à ce seul prix que la Valette n’aura pas été pour nos chefs une promenade de plus. C’est à ce seul prix enfin que le tète à tête n’aura pas été une manière de bloquer l’immigration africaine pour l’ouvrir aux Syriens et autres États démolis par les petites analyses- boomerang des maîtres du monde. Car l’Allemagne ouvre ses portes à près d’un million de Syriens et Schengen se ferme à bien moins d’Africains.

Adam Thiam

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Pourtant les peuples africains ne peuvent rien contre ces grandes organisations que sont les états, les pays donneurs des aides et les Grandes ONGS. C’est dommage, mais pour mettre hors d’état de nuire ces Grandes Organisations, seules les sociétés civiles de ces grands pays pourraient aider les peuples africains en dénonçant les comportements des ces grandes organisations et en prenant des mesures qui s’imposent à cet effet. Du courage pour ces sociétés civiles des pays occidentaux.

  2. les dirigeants européens sont tellement bete qu’ils n’ont toujours pas compris que plus ils versaient des aides pour le développement de l’Afrique ,plus ils encourageaient la corruption !!! Si toutes ces aides versées depuis des décennies étaient utilisées pour le bien etre des afrcains , accés à l’eau ,à l’électricité , aux soins ,à l’école etc……….celà se verrait . Mais non ,les africains vivent toujours dans la meme pauvreté , sans emplois parce que les fonds donnés à cet usage sont détournés régulièrement par les dirigeants afrcains qui s’engraissent sur le dos de leurs peuples .

    • Faux et archi faux. L’Union Européenne et l’Amérique du Nord donnent ses sous à ses ONGs qui les utilisent comme bon leur semble en faisant semblant de nous aider. Les ONGs occidentales tapis dans les bureaux climatisés à Bamako sous- traitent avec des ONGs locales qui reçoivent des miettes, quant aux populations elles reçoivent pratiquement rien. Ensuite à la télé on nous bombarde tous les soirs avec les sois-disantes activités des ONGs et c’est ça la triste réalité. On a aussi une part de responsabilité du moment ou on se laisse berner et on laisse faire sans réagir.

  3. Et malheureusement on a des présidents mais pas des grands Hommes! Bigre qu’ils sautent leurs merdiques frontières.
    Ces occidentaux n’ont pas honte de concurrencer nos maigres économies au nom de la mondialisation ou globalisation je ne quoi, mais ils ne sont pas capable de voir qu’on n’est obligé pas de se cloîtrer dans un coin de la terre quand se sent mal dans sa personne ou ses biens soit disant son pays! c’est la nature humaine qui est comme ça un point un trait.
    Ce qui manque chez eux comme les matières premières est – ce qu’ils ont hésité de venir chez nous par toutes sortes subterfuges, souvent même au prix des guerres civiles? Non Alors ouvrez les frontières car c’est vous qui les avaient créées. Et rappelez vous quand il faisait bon vivre chez nous, vous veniez tranquillement même avec les armes pour soit disant évangélisation, colonisation, civilisation … et nous on ne vous apporte rien de tout cela, juste un peu de bien être en attendant… qu’on retourne

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