Sikasso : Trois clôtures ou plus ?

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La ville de Tieba et de Babemba devait être un cauchemar sécuritaire pour nos services puisque c’est  la crème de la République qui s’y était donné rendez-vous. Mais l’événement était plus dans le fait que Sikasso était, hier, au moins le lieu de trois clôtures. D’abord de la biennale. Elle a vécu. A l’âge du cybernétique et de l’hyper-mobilité, la bête n’est plus ce qu’elle était il y a quatre décennies : un des rares lieux de brassage d’un pays divers mais dont les fils surtout ceux éloignés du centre ne se rencontraient pas aussi facilement qu’aujourd’hui où routes, bus et avions abolissent les distances. L’espace unique de créativité qu’offrait l’événement est aussi concurrencé, aujourd’hui, par l’industrie du show-bizz et la combativité propre des artistes qui périssent ou plafonnent.

 Le besoin de cimenter davantage le socle de la nation reste un objectif valable. Il reste, cependant, la nécessité d’évaluer la biennale dans la forme qui est présentement la sienne, non pas pour en remettre en cause le principe mais pour marier ce moment rare avec tous nos grands enjeux. Sikasso, hier a aussi clôturé la manifestation la plus visible du cinquantenaire de la nation malienne. Après la fête, il nous faudra nous asseoir pour tester la solidité de la nation, voire si les ans ont renforcé notre commune décision de vivre en commun, ou si au contraire, nous nous mentons, voilant nos divisions et allant de faux fuyants en faux fuyants, en attendant un orage dont les nuages existent à l’état endémique au Nord du pays. Ce qui ne veut pas dire que c’est la seule direction des menaces. Troisième clôture dont la capitale du Kénédougou a été le théâtre, la tenue du dernier conseil de ministres de l’année 2010. ATT aime aligner les symboles.

En voilà donc un de plus à son palmarès. Cependant ce conseil n’est pas intéressant parce qu’il est le dernier de l’an mais parce qu’il ressemblerait au dernier pour plusieurs membres du gouvernement Modibo Sidibé. Face aux rumeurs, nous aurions dû marquer plus de réserve car ce gouvernement est sursitaire depuis octobre 2009. La différence est que les contingences, cette fois-ci, laissent très peu de choix au président qui a dû prendre une mesure transitoire après la démission de Oumar Touré. La configuration du prochain gouvernement devrait alors permettre plus de lisibilité de l’avenir proche qu’il n’est possible en ce moment. Sikasso aurait alors réussi une quatrième clôture en rendant plus clairs les jeux et les enjeux.

 Adam Thiam

 

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