Après les années 90 où le vent de la démocratie a soufflé sur le continent africain, l’année 2020 et ses suivantes révèlent une réelle volonté des peuples à réajuster les choses. Les gouvernances sont vomies à coups de manifestations de rues, de mutinerie, bref par l’expression d’un mécontentement généralisé.
C’est ainsi qu’après les houleuses contestations de l’élection présidentielle du 22 février 2020 au Togo, le Burkina Faso, qui a réussi à réélire, sans coup férir, son président, Roch Marc-Christian Kaboré, vient de célébrer son renversement par les militaires. Avant cela, le Mali a presque chanté la chute de feu Ibrahim Boubacar Kéita, comme l’a fait son voisin la Guinée, après l’éviction du pouvoir du président Alpha Condé…
Ainsi, l’Afrique de l’Ouest se retrouve recordman des coups d’Etat, le Mali en bonne position après le Ghana, le Nigéria et le Burkina Faso. Ceci, malgré les dispositions dissuasives anti-putsch que l’organisation ouest-africaine de référence, la CEDEAO a édictées et tente en vain de faire respecter. C’est au point qu’elle a fini par être vouée aux gémonies par les populations désormais en total déphasage avec ses dirigeants.
Cette situation appelle à une remise en cause ferme empreinte de réflexion pour sortir de cette série noire de pronunciamientos. Quels plans rectificatifs apporter à nos démocraties si malmenées ? Comment comprendre que le dirigeant, réélu quelques mois ou années plus tôt, soit si soudainement rejeté par son « peuple » ? Comment comprendre cet encensement des militaires comme devant gérer la chose politique en lieu et place des hommes politiques (discrédités) ?
Des observateurs optent pour une rupture avec les influences extérieures, qui se montrent trop donneuses de leçons. La France en reçoit pour sa dose, à hauteur de son paternalisme, surtout en Afrique de l’Ouest. D’aucuns penchent pour un retour vers une dictature pure et dure… du treillis. Ce qui est sûr, il urge de se remettre en cause sous nos tropiques.
Bruno D SEGBEDJI