Lorsque, après la boucherie de Abeïbara, fin mai de cette année (40 morts tant du côté des forces armées que celui des assaillants) le gouvernement, sortant de la valse hésitation qui avait, jusque-là, caractérisé son attitude et encouragé les groupuscules armés touareg à multiplier les attaques, a ordonné à l’armée de rétablir l’ordre et la sécurité dans la région de Kidal, le résultat ne s’était pas fait attendre.
Le Colonel El Hadj Gamou, Commandant des Opérations militaires au Nord Mali, qui a eu en charge de conduire cette mission, a su être à la hauteur. Touareg bon teint, ancien «rebelle» lui-même du début des années 90, ayant intégré les rangs de l’armée pour se hisser au grade de colonel, l’homme était en terrain connu. L’immensité désertique de l’Azawad n’a pas de secret pour lui. Il sait qui appartient à quelle tribu et où il peut se terrer, une fois son forfait accompli.
Avec les moyens militaires qui lui ont été donnés, El Hadj Gamou a lancé ses opérations de ratissage et les fruits n’ont pas tardé. La bande frontalière entre le Mali et l’Algérie, naguère transformée en zone de haute insécurité par les bandes de pillards, de coupeurs de route et de narcotrafiquants est devenue, très rapidement, un havre de paix. Les bandits armés, toutes obédiences confondues, qui écumaient le secteur, ont tous fui en Algérie voisine, certains, avec toute leur famille, tel l’officier déserteur Hassan Fagaga, qui avait eu la chance d’être le chef d’Etat Major Adjoint de la Garde Républicaine à Bamako.
Nous avons eu droit à une longue période de paix. La région de Kidal avait renoué avec la tranquillité. Il en serait encore ainsi si ce dispositif avait été maintenu.
Hélas ! Encouragés par les Algériens eux-mêmes fortement entrepris par les bandits armés en exil forcé chez eux, les dirigeants de Bamako ont fini par retourner, pour la énième fois, à la table de négociations à Alger. C’était la fois de trop.
Quand on a la supériorité militaire sur le terrain, quand l’ennemi est défait et contraint à la débâcle avec armes et bagages, qu’a-t-on à aller discuter encore avec lui en terre étrangère ? Il fallait les laisser moisir dans leur exil algérien. Seulement voilà, le Président ATT, pacifiste indécrottable, faiseur de paix dans la région des Grands Lacs et en Afrique centrale, sous le drapeau onusien, voue un attachement sacro-saint à l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006 qu’il a hâtivement signé, dans le sillage de la double attaque-mutinerie des garnisons de Kidal et Ménaka. Pour épargner, a-t-il dit, «un bain de sang à notre pays».
Visiblement le retour à l’Accord d’Alger, prôné par toutes les officines du pouvoir, n’a pas ramené la paix. Nous sommes en mesure de révéler ici que les soldes des soldats déserteurs, qui ont renoué avec le banditisme armé et le trafic de drogue très lucratif dans le nord Mali, n’ont jamais été suspendues. Elles se sont accumulées et n’attendent que d’être enlevées par les intéressés. Mieux, ceux-ci sont montés en grade. Mais ils refusent de venir à Bamako retirer leur argent et leurs galons. Plus de deux cents jeunes Kidalois, tous Touareg, ont été placés en 2008 dans des centres de formation de l’armée.
D’autres le seront en 2009. Les cartons sont remplis de projets de création d’infrastructures ou autres dont le financement est disponible, ainsi que l’a rappelé ATT dans son discours de Kéniéba, dimanche 21 décembre.
Mais on le voit : toutes ces bonnes actions du gouvernement n’ont pas empêché la tragédie de Nampala. Des hommes qui débarquent dans une petite localité rurale, massacrent des soldats – dont des Touareg comme eux – puis disparaissent aussi rapidement – et lâchement – qu’ils étaient apparus.
De quoi faire perdre au pacifiste ATT le bel idéal qui l’a jusqu’ici inspiré et guidé son action. Il est vrai que l’histoire de l’humanité nous enseigne que la paix se conquiert, le plus souvent, par le canon et non les discours. Alors, ramenez-nous El Hadj Gamou pour que la paix, une paix durable, soit au Mali.
Saouti HAIDARA