Raid anti-terroriste franco-mauritanien au Mali : La manière n’y était pas

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Le raid franco-mauritanien lancé, dans la nuit du jeudi au vendredi 23 Juillet,  pour libérer  Michel Germaneau a finalement tourné au drame avec l’assassinat de l’humanitaire âgé de 78 ans, enlevé au Niger et détenu, depuis le 22 avril, dans le septentrion malien. C’est le président Nicolas Sarkozy lui-même, qui a officiellement confirmé la nouvelle hier  dans la matinée. Les  meurtriers de Michel Germaneau expliquent leur acte par la mort de six des leurs sous les balles des commandos franco-mauritaniens.

De quoi donner à réfléchir à ceux qui accusent le Mali de ne pas faire preuve de  fermeté dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Au cas où ils ne le suspectent pas, contre tout bon sens, d’être de connivence avec les terroristes d’AQMI. Sinon, comment comprendre que la France et la Mauritanie aient pu entreprendre une telle opération sur le sol  du Mali sans se donner la peine d’en informer, au préalable,  les plus hautes autorités maliennes?  Comme s’il s’agissait d’un no man’s land.  Même si, il faut l’admettre, le Mali, gage de sa bonne foi, a donné  à l’Algérie et à la Mauritanie le droit de poursuivre les terroristes sur son territoire. Au raid franco-mauritanien, la manière n’y était pas tout simplement. Comble de cynisme, c’est après coup que les autorités  mauritaniennes ont dépêché à Bamako une délégation de hauts gradés militaires  pour, dit-on, " informer la partie malienne des détails de l’opération ".

Cette manière, pour le moins cavalière, est tout aussi étonnante de la part de la France  si l’on sait que, il y a seulement quelques mois, le président Sarkozy couvrait d’éloges ATT à l’occasion de la libération de Pierre Camatte. Et pourtant, aucune manière forte n’avait été utilisée pour rendre la vie sauve au Français qui allait droit vers une mort certaine et, peut-être même, des plus atroces. Il est vrai que la France n’a pas d’amis, mais des intérêts (du moment). De Gaulle dixit. Il est tout aussi vrai que  si le raid  avait été un franc succès,  cela aurait été du pain béni pour Nicolas Sarkozy, dont  la cote de popularité est  au plus bas en France, en bute à des problèmes de politique intérieure dont l’affaire Liliane Bettencourt,  qui n’en finit plus de défrayer la chronique française, n’est pas le moindre.

Le terrorisme est, de nos jours, devenu une préoccupation planétaire et toute nation qui se respecte ne saurait  s’en accommoder. La lutte anti-terroriste est, au demeurant, le plat de résistance du 15ème Sommet de l’Union Africaine dont les travaux prendront fin ce mardi  à  Kampala.   Ôter une vie qu’on n’a pas donnée ne saurait être toléré, pour quelque motif que ce soit. Au Mali, où l’on pratique un islam  tolérant, l’on a compris que le combat contre l’hydre n’est pas simple. Il nécessite une stratégie bien pensée, frappée au coin du sceau de la lucidité et de la clairvoyance et impliquant une action concertée des pays qui sont concernés par le phénomène.

" Aucun pays à lui seul ne peut venir à bout d’AQMI " a répéré pour la énième fois, le président du Mali, Amadou Toumani Touré, devant un aréopage d’érudits   à la cérémonie d’ouverture  du colloque international des musulmans de l’espace francophone, vendredi dernier, au Centre international de conférences de Bamako. Le président malien de saisir l’occasion pour demander aux leaders d’opinion musulmans de s’impliquer dans la lutte à travers la sensibilisation à l’occasion de leurs prêches dans les mosquées.  Car, a-t-il laissé entendre, c’est dans la tête des jeunes qu’il faut élever les murailles contre l’extrémisme religieux et les excès en tous genres, sources de violence.

C’est dans cette même optique que le président de la République du Mali a fait   de l’organisation d’un sommet sur la sécurité dans l’espace sahélo-saharien son cheval de bataille. Une occasion  de mettre à plat tous les problèmes : les préoccupations communes  et  les besoins sécuritaires spécifiques de chaque pays pris isolément. Depuis 2006, il n’a cessé de répéter ce credo, urbi et orbi.  Il a plutôt prêché dans le désert,  les principaux destinataires de ce message, l’Algérie et la Mauritanie en tête, ayant choisi de faire la sourde oreille, chacun croyant  pouvoir résoudre seul son problème.

On a vu ce que cela  a donné. Une démarche concertée est, plus que jamais, de mise. Elle doit impliquer les pays de la bande sahélo-saharienne directement concernés, mais aussi les puissances occidentales dont les ressortissants sont régulièrement  victimes d’enlèvement                   

Yaya SIDIBE

 

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