Pour revenir à l’évènement, ce qui est arrivé aux toutes premières heures du vendredi 7 mars au quartier Hippodrome et « Rue Princesse » était attendu. Du reste, la presse en avait parlé. Les sunnites sont en opération partout dans le monde : Syrie, Irak, Yémen, Lybie, Nigeria (Cameroun et Niger). Depuis 2012, ils occupaient le nord du Mali. Et pourquoi pas un jour plus bas à Bamako où ils disposent de relais très importants. Des réseaux dormants et des caches d’armes de guerre et d’assaut avaient été découverts. Dont un tout près de la résidence du chef de l’Etat. Pire encore, on a l’impression que certains étaient dans les secrets des dieux et étaient près à réagir comme un diable démoniaque sort de sa boîte. A peine les premiers coups de feu que l’équipe de reportage de France 24 était sur le terrain. D’autres qui étaient sur les lieux ont quitté juste avant. Toujours est-il que les Maliens étaient crispés avant : ils croyaient ferme (on leur avait fait croire) que la paix serait là une fois un accord signé avec les azawadistes.
Un accord avait justement été paraphé en Alger. Par la moitié des parties. Et il devait en principe être signé ici à Bamako sous peu. Mais avec tout cela chauffé au nord et bouillonnait ici à Bamako où les patrouilles mixtes et hyper coûteuses réveillaient plutôt la trouille qu’autre chose. L’effet de surprise n’était donc pas vraiment de mise : la question était plutôt où et quand. L’après attente débouche bizarrement sur un soulagement et l’on peut dire qu’un certain soulagement existe. Cela a l’air quelque peu surréaliste mais la panique n’a pas été au rendez-vous. Curieusement. Et pourtant cet attentat salafiste fait rentrer le Mali dans une autre dimension. « Plus rien ne sera comme avant » est une expression qui a du sens au Mali depuis ce vendredi noir.
Amadou Tall