Nous sommes le 22 décembre : on ne déménage pas un président de la République comme un dépôt d’ordures et il ne fait aucun doute que Tandja sera encore aux commandes, au moins, demain et les jours suivants, à défaut d’épuiser les trois ans du « tazartché ».
Les contrepouvoirs nigériens qui avaient donné au président querellé la date butoir du 22 décembre jettent quelque peu du lest en acceptant de négocier avec celui dont ils avaient dit qu’il cesserait d’être un président légitime, avec les douze coups de minuit hier. Et échange de bons procédés, Tandja renonce aux poursuites et aux sévices contre les radicaux de son opposition contraints à l’exil. Embellie donc pour l’homme fort de Niamey ? Oui dans un sens puisque même la très intransigeante Cedeao se plie à la realpolitik : un président sans légitimité valant mieux qu’un trône vide, c’est autour de Tandja que devront se réunir et le médiateur nigérian et l’opposition nigérienne pour trouver une issue à une crise dont la seule issue, si l’on veut rester dans l’orthodoxie et le principe démocratiques est le retour à l’ancien ordre constitutionnel.
Et l’Union Européenne, elle aussi, est dans l’adoubement de fait : elle coupe les vivres à Niamey mais n’a rien contre le fait que les belligérants se retrouvent pour un compromis. Compromis déjà trouvé par la très progressiste Organisation de la Francophonie qui ne pense pas que suspendre le Niger résout le problème. La Déclaration de Bamako dont elle est l’initiatrice est, sans doute, importante mais elle parle, elle, de violation constitutionnelle, pas d’abandon de la constitution en cours pour une autre. Or Tandja n’a pas violé la constitution, il a simplement abandonné l’ancienne pour faire plébisciter massivement une autre, à l’issue d’un scrutin aux électeurs invisibles.
D’ailleurs, le Colonel ne s’ennuierait plus avec les médiations interminables. Au maximum, il nommerait quelques-uns de ses adversaires comme députés, mais pour éviter un vide constitutionnel, il lui faudrait aller aux législatives et très vite. C’est un souci qu’il ne partage avec personne mais c’est lui qui décide. La Cedeao de Chambas le partant et de Yaradua le grand malade ? Ce n’est pas une institution incontournable pour Niamey. Elle fait plus de tapage nocturne que de routes et elle n’a que se tenir à carreau. Elle et la horde des opposants. Car Tandja se prend déjà pour le choix de Dieu. On ne le distraira pas longtemps sinon il n’hésitera pas à comptabiliser les arrêts de jeu à la fin du Tazartché.
Adam Thiam