Le monde vu de Bamako : Deby sans doute, mais après ?

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L’ancien chef rebelle au pouvoir depuis 1991 brigue un autre mandat ce dimanche. Il le fait entre une société civile râleuse et une tornade des grenades lacrymogènes certes. Mais l’info ne sera  que Déby succède à lui même. Ce serait plutôt qu’il perde la partie et qu’il ait reconnue l’avoir perdue. Sa plus grande bataille, il ne la livrera pas dans l’urne mais en dehors, avant et après un scrutin qui, on peut l’anticiper, l’élira sans peine au premier tour, soit parce que l’homme fort de Ndjamena sait parler à son peuple, soit parce qu’il maîtrise l’art du décompte. Ceci expliquant, quitte à donner dans le délit de faciès et paraître pêcher du côté de la légitimité, les mouvements ” ça suffit”, ” trop c’est trop” et “nous sommes fatigués”, cherchent plutôt à empêcher la “candidature” du leader Zaghawa pour éviter le risque de le voir reconduit. Ils auraient bénéficié de plus d’attention internationale si leur combat était contre un éventuel tripatouillage de la constitution. Or la clause de l’alternance, Déby l’a fait sauter depuis 2005 où les contre-pouvoirs, en particulier l’opposition politique,  étaient nettement plus percutants que maintenant. En 2016, il détient tous les leviers du pouvoir. Il fait face à des adversaires politiques toujours emblématiques mais épuisés par une longue résistance et fauchés comme des rats d’église, ce qui n’est pas un avantage dans la gouvernance du donnant-donnant qui singularise les démocraties tropicales. Qui plus est, le Général Deby, est courtisé de Paris à Bruxelles en passant par Washington. En raison de son armée déployée sur le front de la lutte anti-terroriste dans le Bassin du Tchad comme dans l’Adrar des Ifoghas. En dépit de quelques indisciplines regrettées dans leurs rangs, les soldats tchadiens peuvent être fiers d’avoir à son tableau de chasse la tête de l’impitoyable chef salafiste saharien Abuzeid. Une telle force de sous- traitance existe rarement sur le continent et cela vaut bien un petit silence de la censure mondiale. Mais à force de rester, Deby a suscité une fronde contre lui. Et il ne peut pas être sûr à cent pour cent que les ruisseaux convergents ne seront pas un tsunami. Ensuite, cinq ans sont vite passés et les mêmes problèmes peuvent se poser en s’amplifiant en  2021. S’il est  là et s’il est candidat. Ndjamena n’est pas, il est vrai, le seul théâtre de ce qui pourrait dans cinq ans être le vrai tournant de la gouvernance africaine qui devra choisir entre la leçon du Cap vert et la tragédie du Zimbabwe.

Adam Thiam

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1 commentaire

  1. Le monde vu de Bamako : Deby sans doute, mais après ?
    Par Le Républicain -8 Avr 2016

    Un petit goût amer tout de même de terminer l’ analyse par ce qu’on laisse croire à une tragédie !

    – Si on reproche à M. Mugabé d’être souverain chez lui, il reste alors pour les peuples africains de faire l’éloge de la soumission. Combien sont-ils ces africains dits souverains qui ont un niveau de vie meilleure que le Zimbabwé?

    – Si on reproche à M. Mugabe de refuser cette espèce de prison appélée libéralisme, parce qu’il ne veut ou n’a absolument pas voulu être ce que l’Occident et ses médias et journalistes ont décidé de ce qu’il sera, il sera plus honnête de faire découvrir en même temps à la jeunesse africaine l’envers de ce décor! Il a fallu 100 ans pour que l’opinion mondiale avoue y compris ces même colons, même tant si peu voilé, que la colonisation fut une grande erreur contre la dignité humaine! Alors ne pleurons plus sur notre sort…Certes, il y a de la souffrance au Zimbabwé, seulement ces autres qui vivent dans la comédie ont de surcroît vendus leur âme et publiquement, pire au détriment de leur peuple!

    – Le Zimbabwé a l’une des meilleures universités d’Afrique dont les cerveaux ne sont pas des cobayes des laboratoires et maîtres de chambres occidentaux, mais essentiellement des bras valides zimbabwéens, du ud africain… Il faudrait songer un jour à y faire un tour! Sinon cela devient décidement du commentaire d’un vin que l’on n’a pas goûté, d’un livre que l’on n’a pas lu.
    Un tour aussi dans ses réserves naturelles qui “booment” le sectaire tertiaire qu’on a tendance à oublier, parce que visiblement on aura distrait l’opinion publique par cette histoire de cabaniers blancs!

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