La Pâques, c’est le jour de la Résurrection de Jésus Christ (le prophète Issa pour les musulmans) ; le prophète qui a accepté de se sacrifier pour nous sauver nous, simples mortels. Par un pur hasard du calendrier, cette année la rentrée parlementaire du mois d’avril est tombée sur le jour de Pâques. Vous vous demandez certainement quel est le lien entre Pâques et l’Assemblée nationale, vous avez raison parce que sincèrement nous-mêmes, nous ramons quelque peu pour trouver un lien. Tant qu’à ramer, ramons alors. Donc la rentrée parlementaire du mois d’avril a coïncidé avec Pâques. Connaissant les hommes et les femmes qui y siègent, nous n’en attendions pas qu’ils distribuent des chocolats ou des confiseries aux populations. Qui est fou ! Les petites douceurs, c’est pour eux-mêmes. Nous n’attendions pas d’eux aussi qu’ils fassent comme Jésus Christ. Se sacrifier pour nous sauver, c’est au-dessus de leurs forces ; surtout que dans leur cas, ils ne devraient pas être nombreux à croire à leur résurrection. Mais comme beaucoup de fêtes, Pâques peut pousser certains à lever le coude, très légèrement certes, mais à le lever quand même. Peu importe la hauteur du coude, pourvu qu’on ai l’ivresse, pourrions-nous dire. Nous avons pu constater que les députés buvaient, comme du petit lait, les propos de leur président lors de la séance d’ouverture. Il y en avait même qui étaient ivres de bonheur. Nous les avons vus applaudir à tout rompre quand le président Issaka Sidibé a évoqué le projet de loi sur le genre. Personne n’est dupe. C’est une manière pour les élus d’exorciser leur « peur » de ce dossier annoncé comme provoquant l’ire d’une partie des associations religieuses de confessions musulmanes. En maintenant le projet, le message est double : « nous n’avons pas peur et nous le voterons ».
Quand le président Sidibé a parlé de son amertume quant à « la divulgation dans la presse d’un document annoncé comme étant le Rapport de la Commission ad hoc chargée d’examiner la demande de mise en accusation devant la Haute Cour de Justice de M. Amadou Toumani TOURE, ancien Président de la République, avant même son examen par le Bureau de l’Assemblée Nationale et sa programmation par la Conférence des Présidents », les applaudissements ont continué de plus belle. Mais quand le même président Issaka Sidibé a qualifié la « fuite » dans la presse de « tentative de sabotage à laquelle sera bientôt réservée une suite judiciaire », l’intensité des applaudissements avait quelque peu baissé dans l’hémicycle. Et cela pourrait se comprendre. Que la « fuite » soit condamnée comme cela est depuis que notre journal a publié en exclusivité le rapport, cela est normal. Mais de là à vouloir engager des avocats, saisir les tribunaux, nous pensons sincèrement que le président Sidibé est sous le coup de l’émotion.
N’eut été le respect, le très grand et profond respect, que nous devons à l’Assemblée nationale et à son illustre Président, forcément honorable, nous aurions fait appel à la parabole bamanan qu’on évoque généralement en cas de divagation avérée, « do ka dolo min, do ka naga naga kan fo » . N’eût été le respect, le très grand et profond respect, que nous devons à l’Assemblée nationale et à son illustre Président, forcément honorable, nous aurions non seulement fait appel à cette parabole mais peut-être que nous aurions mis une petite fantaisie en la détournant pour avoir ce résultat : « a yé dolo min, a yé naga naga kan fo ». Mais puisque nous savons que le Président de l’Assemblée nationale est homme de grande valeur, de très haute qualité et d’une sobriété établie, nous n’oserions nous permettre pareille irrévérence. Surtout qu’au regard de l’ambiance surchauffée, cela nous aurait conduits sans doute à l’échafaud. Donc nous avons préféré en rire. Nous avons ri au point de nous taper le cul par terre. Nous aimerions bien voir comment cela se ferait. Parce que si à chaque fois qu’un document, provisoire ou pas, « fuite » dans la presse, on doit saisir les tribunaux pour traquer l’auteur de la fuite, chercher la source du journal, peut-être même trainer le journal à la barre, nous parions que les juges seraient littéralement débordés. Nous appelons les députés, leur président en tête, à plus de retenue. L’histoire de la presse, est une histoire de « fuites » d’information. Il y a eu des fuites mémorables concernant l’Assemblée nationale. Il y a des fuites tous les jours, de rapports provisoires. Le président Issaka Sidibé peut faire un trait sur cette vaste blague, en disant par exemple que c’est un poisson d’avril. Nous lui conseillons de ne pas écouter ceux qui crient au complot, au sabotage de la part de milieu ou de partie favorable au retour d’ATT. Il ne faudrait pas qu’il les écoute parce que ceux qui tiennent ce genre de discours sont ceux-là même qui mangeaient au râtelier de l’ancien président jusqu’au soir du 21 mars ; ils ont bénéficié de contrat qu’ATT leur a personnellement attribué, pas seulement de gré à gré mais de main à main. Qu’ils crachent dans la soupe, surtout que la table n’est plus servie, c’est leur problème et leur indignité. Mais de grâce, qu’ils ne nous entraînent pas dans la fange avec eux.
La bonne blague, c’est le ministre porte-parole du gouvernement réduit à pondre deux à trois communiqués par jour et à faire autant de parutions dans le journal télévisé par semaine. Les présentateurs du journal pourraient penser légitimement que leur ministre de tutelle leur livre une concurrence jusque sur leur plateau du journal. En tout cas, nous avons pu lire sur le visage de certains un courroux péniblement contenu et voir d’autres le foudroyer du regard ou disons, le lorgner sévèrement à chaque fois qu’ils l’aperçoivent, engoncé dans ses boubous amples, amidonnés, froufroutants et flottants. Mais la blague est ailleurs. C’est la redondance d’un discours qui ne prend plus. Plus il parle, plus il y a des attentats. Il n’y a certainement pas de relation de cause à effet mais le fait est que depuis, nous constatons une recrudescence de la violence et des attentats. Nous l’avons attendu sur un sujet, mais hélas nous ne l’avons pas vu. Il s’agit de la célébration de la fête de l’indépendance de l’Azawad (une autre blague). Le monde entier a vu les images de notre drapeau foulé au sol, piétiné, déchiré, brûlé. Là où normalement il n’aurait même pas eu besoin du feu vert du Premier ministre pour exprimer l’indignation du gouvernement, Choguel Maïga a fait le mort. Il n’y a que l’opposition qui a fait un communiqué pour relever le fait et s’indigner du manque d’indignation du gouvernement.
Talfi
Interressante cette blague et surtout surtout instructive. Super comme article. on aimerai bien en lire des comme ça souvent pour éguayer notre quotidien.
que j’ai ri 😀
Donc si je comprends bien le sens de cet article je pourrai dire que lorsqu'un document qu'un document ultra-secret est diffusé par la presse, il n'y a pas de responsabilité à situer parce la presse. Comme pour nous dire la presse est dessus de la loi et par ce fait ses complices sont des intouchables. L'Histoire de ce pays nous édifiera tous tôt ou tard.
Vive l'opposition constructive et républicaine. La victoire finale vous appartiendra.
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