Le Mali, empêtré dans une crise sans précédent depuis 2012, est entré dans une zone dangereuse le lendemain des élections présidentielles de juillet dernier. Ibrahim Boubacar Kéïta, dont la réélection est fortement contestée par des manifestations de rue, est aujourd’hui sur une pente raide. Une trentaine de partis politiques, des mouvements politiques, des syndicats, des associations, des leaders d’opinion, des personnalités de toutes obédiences, des citoyens attachés au respect des libertés démocratiques fondamentales, des organisations faîtières des Maliens de l’Extérieur ont mis en place, le samedi 6 octobre 2018, le Front pour la Sauvegarde de la démocratie (FSD). Ce nouveau front anti IBK s’est fixé comme objectif : la sauvegarde de la démocratie contre les dérives du régime en place.
Trois ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu des pourparlers d’Alger, le Mali ne connait toujours pas de paix. Selon le rapport trimestriel de l’ONU sur la situation au Mali, il y’a eu 58 attaques terroristes faisant 287 morts, plus de 5000 déplacés durant les 3 derniers mois et 735 écoles fermées.
Mais si l’indignation des Maliens enfle, c’est aussi en raison du mépris sans fard qui affleure dans la gouvernance du Mandé Mansa IBK. En effet, que dire d’un Président de la République qui reste muet comme une carpe face à plus de deux mois de grève des magistrats ? Comment comprendre, alors que les étudiants n’arrivent pas à se faire payer leurs bourses de l’année universitaire dernière et qu’ils sont réduits à leurs dernières extrémités, alors que le panier de la ménagère crie famine, que les civils soient livrés à eux-mêmes au Centre et au Nord du pays ; que l’hôpital de la première région du pays manque de scanner ; que IBK voyage avec des laudateurs, à qui il donne des millions, sans qu’on ne sache d’ailleurs trop sur quelle ligne budgétaire il tire tout cela ? …A la vérité, IBK a progressivement rompu avec le Mali réel. Enfermé dans une bulle, il se prend pour un seigneur et ne voit dans ses compatriotes que des sujets. Or ce qui donne du relief à cette tragédie, c’est qu’elle a pour acteur principal un Président d’une République dans laquelle tout se décline en termes d’urgence : urgence de renouer avec des procédures démocratiques normales, urgence de pacifier le Nord et le Centre du pays, urgence de faire face aux véritables priorités du pays…
Madiassa Kaba Diakité
Excellent résumé de la situation et analyse particuparticulièrement lucide, Dualité!
Bravo!
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