Mali : le début des nouveaux ennemis

8
Un convoi de soldats français au Mali, le 4 février (photo d'illustration). © Pascal Guyot / AFP
Un convoi de soldats français au Mali, le 4 février (photo d’illustration). © Pascal Guyot / AFP

La récente nomination de nouveaux chefs de guerre pour la branche d’al-Qaida au Maghreb islamique a provoqué des remous dans le conflit.

 

“Les emmerdes volent en escadrille”, avait coutume de dire Jacques Chirac dans son langage imagé. Le président Ibrahim Boubacar Keita, que les Maliens appellent familièrement IBK, est en train d’en faire l’expérience. Au point de décider de reprendre très vite son avion, le 1er octobre, après avoir été reçu par François Hollandepour une visite officielle qui devait durer plusieurs jours. Le président français va peut-être aussi regretter d’avoir proclamé haut et fort que les Français avaient gagné la guerre contre les groupes armés au Mali en février dernier. Gagner une bataille, sans aucun doute. Mais la guerre ?

 

 

Dans les sources d’inquiétude apparues à propos du Mali, ces derniers jours, le retour de quelques djihadistes ne peut être tenu pour accessoire. “Les groupes armés se sont réorganisés au sud de la Libye et à l’extrême nord du Niger”, confirmait, fin septembre, un chercheur allemand lors d’un séminaire fort intéressant intitulé “Le Maghreb et son Sud”, organisé à Paris par l’Institut français de relations internationales, l’Ifri. Des djihadistes auraient déjà fait des incursions dans la région de Gao, proche de la frontière nigérienne, une ville où ils disposent encore de complicités. Et selon certaines informations, ils auraient reconstitué un “centre de formation et d’endoctrinement” rudimentaire de futurs jeunes kamikazes non loin de la frontière malienne.

 

 

Coup spectaculaire

 

 

L’attentat à la voiture piégée du 29 septembre à Tombouctou montre qu’ils peuvent de nouveau se montrer actifs. Les quatre futurs kamikazes sont arrivés par le désert par des moyens de locomotion rudimentaires (âne ou mobylette). Dans la ville, ils ont trouvé un véhicule acheté par un complice une semaine auparavant. Il leur a servi à se faire exploser, à l’intérieur de la caserne de Tombouctou, tuant 16 personnes dont deux civils. Cet attentat, revendiqué par al-Qaida au Maghreb islamique, survient quelques jours après que l’Agence mauritanienne de presse a annoncé la nomination, par Abdelkader Droukdel, l’émir d’Aqmi en Algérie, de deux nouveaux chefs de katibate (des unités combattantes) en remplacement de ceux qui ont été tués, en février dernier, par les forces françaises de Serval, dont le fameux Abou Zeid. L’un est un Algérien, Saïd Abou Moughati ; l’autre, un Mauritanien, Abderrahmane, alias Talha. Il serait un des premiers Mauritaniens ayant rejoint Aqmi en 2006. Une longévité exceptionnelle dans des contrées où la vie est courte pour les djihadistes.

 

 

On pouvait donc craindre que les nouveaux chefs de guerre n’inaugurent leur “règne” par un coup spectaculaire. Il a eu lieu. Le choix de Tombouctou, la ville aux 333 saints, peut s’expliquer : Talha, en 2012, était le responsable des djihadistes qui occupaient la ville. Il a pu y conserver des accointances. La présence des soldats français de l’opération Serval, dans le nord du Mali (ils sont encore 3 500 dans le pays et 1 000 resteront après décembre), est “l’arme de dissuasion massive” contre le retour des terroristes, explique un observateur africain au Mali.

 

 

Profond malaise

 

 

Deuxième source d’inquiétude, peut-être la plus sérieuse, pour le président IBK : les Touareg. Ils ont rompu la semaine dernière les pourparlers avec Bamako. Le Mouvement national de libération de l’Azawad revendique l’indépendance ou, au minimum, une large autonomie dans un cadre fédéral. Le nouveau président refuse l’idée d’une fédération, comme tous les Maliens originaires du sud du pays. Il craint le démembrement du Mali. Kidal, “capitale” des Touareg à l’extrême nord-est du pays, où leurs troupes sont cantonnées mais non désarmées, est une poudrière. Dimanche, elle a explosé à la suite d’un incident. Touareg et armée malienne se sont affrontés à la mitrailleuse lourde tandis que les soldats français (ils sont 100 à Kidal) et les Africains de la Minusma (Mission des Nations unies) tentaient de ramener le calme. La situation reste explosive. Il ne va pas être aisé de calmer les Touareg en armes du Mouvement national de libération de l’Azawad, de leur faire accepter l’administration venue de Bamako et de leur faire reprendre le chemin des négociations. Un exemple : à Kidal, ils squattent les bureaux du gouverneur et ont obligé celui-ci à se replier dans ceux du maire…

 

 

Dernier problème, et pas des moindres : l’armée. Le 29 septembre, de jeunes sous-officiers de l’entourage du capitaine putschiste Amadou Sanogo ont pris les armes à Kati, la caserne où s’était replié Sanogo. Ils sont furieux d’avoir été oubliés dans la récente distribution des grades. Car cet été, Sanogo a été bombardé général de corps d’armée par le président par intérim Diacounda Traoré. Les jeunes soldats qui l’ont aidé dans son putsch en mars 2012 ont voulu lui rappeler qu’ils existaient. Ils ont même blessé et pris en otage son directeur de cabinet, un colonel, que Sanogo venait de leur envoyer comme médiateur.

 

 

Le malaise est profond. Le Mali n’a plus d’armée digne de ce nom depuis sa débandade devant les djihadistes en 2012. Elle est à reconstruire et à former. Une tâche à laquelle la France et l’UE se sont attelées. Et comble de l’ironie, c’est Sanogo qui, au printemps, avait été nommé à la tête de la commission chargée de repenser l’institution militaire… On savait que les ennuis fondraient vite sur IBK, on ignorait qu’il aurait si peu à attendre.

 

 

Par 

lepoint.fr

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. Tôt ou tard, il faudra que l’armée malienne prenne ses responsabilités pour désarmer le MNLA, que cette armée ait de petits avions pour réagir vite aux attaques des villes et villages, que des patrouilles maliennes poursuivent leur tournée dans le désert, que des policiers ‘’Ninjas’’ aillent en nombre contenir les civils instrumentalisés par le MNLA à Kidal, que la Loi des finances/programmation militaire mette les fonds nécessaires à ces actions. PARCE QUE LES TERORRISTES DU MNLA ET D’AQMI SONT BIEN AU MALI, ET L’ARMEE MALIENNE LE SAIT PERTINEMMENT. Apparemment les avions de SERVAL et de la MINUSMA (en tourisme militaire ?) n’auraient rien vu venir et surtout n’ont rien vu après le lancement de 4 roquettes à Gao, LE MATIN, ALORS QUE DES HABITANTS PETRISSAIENT LEUR BANCO! Mais pour cela, il faut que les maliens de l’intérieur et de l’extérieur AIDENT UN GOUVERNEMENT TRES FAIBLE FACE A UNE FRANCE qui se range systématiquement du côté du MNLA ou l’instrumentalise à des fins propres, comme Israël et les USA. IL N’Y AURA GUERE DE SOLUTION DURABLE SANS UNE REACTION ENERGIQUE ET COORDONNEE DE LA SOCIETE CIVILE MALIENNE ENTENDUE AU SENS LARGE DU TERME: ONG, ASSOCIATIONS/TOUT GROUPE PACIFIQUE CONFONDU DU NORD, PARTIS D’OPPOSITION, JUSTICE, ASSEMBLEE NATIONALE, HAUT CONSEIL DES COLLECTIVITES TERRITORIALES, SYNDICATS, JOURNAUX, ETC.

  2. MALIENS , MALIENNES SOYONS TOUS UNIS DERRIÈRE IBK; ET RESTONS VIGILANTS CAR CE MONDE EST TRÈS DANGEREUX; JE VOUS CONSEILLE , SI VOUS POUVEZ ACHETER ET LIRE CE LIVRE DE MICHEL GALY: LA GUERRE AU MALI, COMPRENDRE LA CRISE AU SAHEL ET AU SAHARA.
    ENJEUX ET ZONES D’OMBRES.
    D’APRÈS L’AUTEUR, LA CRISE MALIENNE EST LOIN D’ÊTRE TERMINÉE.

  3. There are two types of plumbing license, a master
    plumber and a journeyman’s license. If things are not used according to the
    way they are designed, they fail and break. Many people would be completely lost without the help of a professional.

  4. IL EST DOMMAGE QUE LES GENS CONTINUENT DE FAIRE LA DIFFERENCE ENTRE LE MNLA ET TOUS LES AUTRES BANDITS ARMES.
    TANT QUE LE MNLA N’EST PAS DESARME QUE PERSONNE NE S’ATTENDE A UNE PAIX DURABLE AU MALI.
    LES DIRRIGEANTS DU MNLA N’ONT ILS PAS AFFIRME SUR FRANCE 24 QUE S’ILS N’ONT PAS GAIN DE CAUSE QU’ILS CONTINUERONT LA LUTTE ARMEE?
    POURQUOI ALORS ATTRIBUER LES ATAQUES RECENTES AUX ISLAMISTES?
    LE MNLA N’A IL PAS PROCLAME HAUT ET FORT LA CREATION DE L’ETAT ISLAMISTE TERORISTE LORS DE LA “CONQUETTE” DU NORD? AVEC LES AUTRES GROUPES ARMES?
    IL EST ENCORE TANT D’AGIR ET QUE LE GOUVERNEMENT QUI ALORS QUI REPRESENTE LE PEUPLE MALIEN PRENNE SES RESPONSABILITES POUR DESARMER LE MNLA.

  5. Tu as vraiment une analyse très légère de la situation au Mali. Quand on écrit un article pour un journal de renom il vaut mieux s’appliquer davantage et avec une recherche plus approfondie Madame! Tu n’as fait transcrire ce que tu veux du Mali et non la réalité !

    • Gerko

      “Tu as vraiment une analyse très légère de la situation au Mali”
      “Tu n’as fait transcrire ce que tu veux du Mali et non la réalité”

      😀 😀 😀 😀 😀 😀 😀

      Mais vas-y! On t’écoute, on te lit! 😀 😀 😀 😀 😀

      et on attend toujours ta fameuse ANALYSE visiblement beaucoup plus profonde! 😀 😀 😀 😀 😀

      • Tout n’est pas faux dans cette analyse mais reconnais quand même qu’il y a des contre-vérités. Si tu as besoin d’un exemple, c’est bien celui là “Le nouveau président refuse l’idée d’une fédération, comme tous les Maliens originaires du sud du pays”. Tu conviens avec moi qu’aucun sudiste n’a pipé un mot de cette question, du moins officiellement. Mieux, la question de l’autonomie ou de l’indépendance des régions du nord n’a jamais fait l’unanimité des populations du nord.

  6. fermete et justice telles doivent etre ton cheval de bataille cher president le mali en a vraiment besoin pour que les maliens aient confiances en leur pays en leur dirigeants et en eux memes pour vous accompagner si non ous serez seul et les maliens fuiront comme les militaires maliens ont fui le nord du mali sans le defendre a bon entendeur salut

Comments are closed.