Le Mali se trouve immobilisé, toujours à la croisée des chemins, 33 jours après le renversement du pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Pour la transition, les Maliens restent divisés sur la question. Faut-il un militaire ou un civil pour diriger la transition ? C’est la preuve, s’il en est besoin, de la profondeur de l’abime qui avale le leadership politique malien, au point d’en discuter de la forme de la roue, se tirailler sur une question qui est universellement résolue, se diviser sur un principe universel de gouvernance, à savoir l’obéissance de l’autorité militaire à l’autorité civile, la soumission de la première à la seconde. Après la Cédéao, c’est l’Union africaine qui se fait entendre et ne tergiverse pas sur la question : militaire ou civil pour diriger la transition ? L’Union africaine réclame un retour rapide du pouvoir aux civils.
L’étau se resserre autour du Mali, après la prise du pouvoir par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (Cnsp), qui s’accrochent au pouvoir après avoir parachevé l’action populaire du M5-RFP. L’Union africaine vient de faire entendre sa voix, à l’issue d’une réunion tenue le jeudi 17 septembre, elle emboîte le pas à la Cédéao, dont l’option est connue depuis l’ouverture de sa médiation entre le pouvoir d’IBK et ses challengers du M5-RFP, écartant la prise de pouvoir non démocratique.
Hors, les Maliens étaient tellement désespérés du régime d’IBK (corruption galopante, injustice et impunité, achat de conscience, fraude électorale, tripatouillage de résultats électoraux) au point d’adhérer, par défaut, à la prise du pouvoir par les militaires.
Aussi, l’Union africaine (UA) qui, après le renversement le 18 août, du président Ibrahim Boubacar Keïta, avait dès le 19 août, suspendu le Mali de l’organisation, vient de remettre la pression sur le Cnsp au pouvoir au Mali, pour qu’il nomme rapidement des dirigeants civils afin de mener la période de transition.
A l’issue d’une réunion en visioconférence, le président du Conseil paix et sécurité de l’Union africaine, Smail Chergui, a appelé sur Twitter « à un retour à l’ordre constitutionnel et à une transition rapide menée par des civils au Mali ». De son côté, la commission de l’Union africaine a soutenu l’appel de la Cédéao à une transition de 18 mois menée par des civils, et donc non à l’éventualité d’un président militaire. L’institution a déclaré que l’ancien Premier ministre Boubou Cissé ainsi que « d’autres dignitaires » doivent eux aussi être libérés. La Cédéao s’est engagée à lever les sanctions imposées depuis le 20 août, incluant l’arrêt des échanges financiers et commerciaux, dès la désignation des responsables civils de la transition.
Mercredi, à l’issue des négociations au Ghana, le porte-parole de la junte, le colonel Ismaël Wagué, a déclaré que le Mali pourrait faire face à un « embargo total » de la Cedeao s’il ne nommait pas rapidement des leaders civils. De nouvelles sanctions pourraient affaiblir encore ce pays pauvre qui connaît actuellement une sévère crise économique et qui fait face à l’insécurité djihadiste ainsi qu’à des violences intercommunautaires. Ismaël Wagué a cependant clairement signifié que la préférence de la junte allait à une transition militaire, assurant que c’était aussi le souhait de la majorité des Maliens. Elle a jusqu’au mardi prochain, le nouveau délai fixé par la Cedeao pour décider.
B. Daou