Les chauffeurs, après l”engagement du gouvernement à prendre en charge leurs doléances, ont décidé, hier à 14 h 30, de lever leur mot d’ordre de grève à compter de ce mercredi 31 octobre. Cette grève d”avertissement qui était partie pour durer 48 heures, n”a été finalement été observée que sur 24 heures. A Bamako, elle aura été assez bien suivie pendant la journée du mardi 30 octobre.
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Au nombre des victimes figurent les passagers des sotramas, ces mini-cars si caractéristiques du paysage urbain de la capitale qui jouent un rôle inestimable dans la mobilité des populations. En effet, les économiquement faibles que sont les ouvriers, les femmes vivant du petit commerce dont certaines sont des chefs de famille sans soutien, les élèves et étudiants ainsi que les petits fonctionnaires lui ont payé le prix fort. L”activité économique était quasiment perturbée, à en juger par la désolation qui a caractérisé certains grands marchés de Bamako, à l”image du Marché Rose.
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Dans la plate-forme de revendications des chauffeurs figurent, en bonne place, l”annulation de l”arrêté n° 018/MDB portant l”interdiction de circulation et du stationnement des véhicules gros porteurs dans le district de Bamako et surtout le respect de la réglementation en matière de contrôle routier et de régulation de la fluidité de la circulation et de la sécurité routière. De façon, prosaïque, les chauffeurs s”insurgent contre les tracasseries policières. D”aucuns mêmes expliquent le succès de la grève par le sentiment de ras-le bol des chauffeurs devant ce qu”on peut appeler " le rançonnement à ciel ouvert " pratiqué par les policiers le long des axes routiers. A un moment où les chauffeurs voient leurs recettes fondre comme beurre au soleil du fait de la flambée du prix du baril de pétrole qui a franchi la barre historique des 90 dollars. A ce sujet, il faut dire qu”aux termes du dernier rapport de l”Observatoire des pratiques anormales (OPA), un organisme parrainé par l”UEMOA, l”US-AID et la CEDEAO, il apparaît que les agents du contrôle routier du Mali ont remporté la palme d”or de la corruption sur le corridor Tema (Ghana) Lomé (Togo) Ouagadougou (Burkina Faso) Bamako (Mali).
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Les passagers des sotrama dont l”argent sous-tend l”activité même du transport se trouvent, malheureusement, être le dindon de la farce. Malgré le fait que c”est leur argent qui sert à corrompre les policiers et les gendarmes et à nourrir les chauffeurs, les apprentis et les propriétaires du véhicule, n”ont aucun droit. Ils n”ont même pas voix au chapitre. Leur sécurité et leur confort et même, quelquefois, leur dignité sont allègrement foulés tous les jours que Dieu fait par les chauffeurs et les apprentis. On les entasse pêle-mêle comme dans une boîte à sardine, souvent au milieu des bagages comme s”ils étaient de vraies bêtes de somme, dans des véhicules qui sont souvent de véritables tombeaux roulants.
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Manifestement, les associations pour la défense des droits des consommateurs ont là un combat à mener. Un projet visant à améliorer et à moderniser les transports urbain et interurbain de passagers devrait figurer dans l”agenda de la nouvelle équipe gouvernementale de Modibo Sidibé.
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Yaya SIDIBE
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