Ligne de force : Préserver l’essentiel

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A y regarder de près, la résolution adoptée, en fin de semaine dernière, par le Conseil de sécurité sur le Mali est un laborieux compromis entre trois approches se disputant la suprématie dans le règlement de la crise politico-sécuritaire qui affecte notre pays depuis maintenant neuf mois.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

La première, émanant de la CEDEAO, de l’UA, du gouvernement malien et pleinement soutenue par la France et la majeure partie de l’UE, considérait une intervention militaire africaine appuyée par la communauté internationale comme le préalable au retour à la normalité constitutionnelle. Elle devra s’accommoder de ce que cette intervention ne puisse avoir lieu que dans une dizaine de mois, pour causes de mise à niveau de l’armée malienne, de préparation et de mise en route de l’équipement militaire approprié et de mobilisation des 100 milliards de FCFA indispensables au financement de l’opération.

La deuxième approche, développée par les Etats Unis d’Amérique, privilégie la tenue d’élections générales dans la partie australe du Mali pour mettre en place un régime démocratique. Faute de quoi la première puissance militaire mondiale, qui a fait de la lutte contre le terrorisme une surpriorité depuis le 11 septembre 2001, ne pourrait pas apporter à l’offensive annoncée tout le soutien attendu d’elle, eu égard à ses lois et usages lui interdisant toute forme de coopération (sauf humanitaire) avec un gouvernement illégal et illégitime.

On peut penser que la fixation de la période de l’intervention militaire à octobre 2013, en plus des arguments techniques et financiers invoqués, est une concession faite à Washington pour obtenir son adhésion à ladite intervention.

Enfin, la troisième approche, celle de l’Algérie, pays clé car partageant 1 800 km de frontière avec le Mali et possédant une indiscutable influence sur les groupes rebelles MNLA et Ançar dine. Elle prétend pouvoir régler la crise au nord du Mali au moyen du seul dialogue et épargner ainsi une afghanisation au Sahel occidental. Elle a été prise en compte dans la résolution qui somme Bamako de trouver un terrain d’entente avec les groupes rebelles concernés.

Le tout, à présent, est de mettre en adéquation ces différentes approches pour préserver l’essentiel : le rétablissement de la souveraineté du Mali sur sa partie septentrionale et le retour de ce pays dans le giron démocratique.

La tache ne sera pas aisée, surtout pour les autorités de la transition. Elles doivent s’astreindre à inverser leur priorité (des élections avant la réunification équivaudraient à une reconnaissance de fait de la partition du pays selon elles). Elles doivent, de surcroît, s’évertuer à contenir les ardeurs à la fois de ceux qui sont pressés d’aller en découdre au nord, “ les mains nues” s’il le faut et de ceux qui ne veulent point du tout entendre parler de recours à une force extérieure, assimilée à une humiliation suprême pour le Mali.

Saouti Labass HAIDARA

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4 COMMENTAIRES

  1. En attendant, dans l’indifférence, le cynisme ou l’impuissance, de tristes constats: privations de libertés, voiles imposés, vols, viols, enlèvements, amputations et lapidations, chantage de l’Etat et des particuliers, trafics de drogues et d’armes, exil et surpâturages dans les pays voisins des nomades que le MNLA prétend défendre, pertes d’animaux, mort du tourisme dont les touaregs sont les premiers bénéficiaires, saccages des biens de l’administration, des écoles, des centres de santé, arrêt de tout processus de développement au Nord, Intégration/Désertion/Réintégration jusqu’à affaiblir l’armée malienne par l’indiscipline faite règle, etc. etc.

  2. BONNE FÊTE DE NOËL ET DE NOUVEL AN 2013 A TOUS: QUE CES FÊTES APPORTENT DE BONNES RÉSOLUTIONS POUR LIBÉRER LE MALI, POUR INSUFFLER LA RÉCONCILIATION ET POUR GÉNÉRALISER LA BONNE GOUVERNANCE.

    EN FRONT UNI ET AIDÉES PAR LES AUTRES (CEDEAO/UA/ONU), LES FORCES DE DÉFENSE ET SÉCURITÉ DU MALI DOIVENT ASSURER LA DIRECTION OU LA CODIRECTION DES OPÉRATIONS AU NIVEAU DU MALI

    Les militaires et experts de l’union européenne qui viendront au Mali à partir de janvier 2013, pour aider les forces de défense et sécurité du Mali, seront d’un ULTIME APPORT SUR LE RENFORCEMENT DE CAPACITÉS ET LES CONSEILS.

    AVEC CET APPORT CONSIDÉRABLE, LA GUERRE CONTRE LES TERRORISTES SERA POSSIBLE AU PREMIER SEMESTRE 2013, MAIS UNE SÉRIEUSE PRÉPARATION, POUR CE FAIRE, EST NÉCESSAIRE.

    IL SERAIT IMPORTANT D’INTENSIFIER DÈS MAINTENANT LA GUERRE INFORMATIONNELLE (GUERRE COLLECTIVE, COOPÉRATIVE ET STRATÉGIQUE DE RENSEIGNEMENTS SUR LES TERRORISTES). ELLE EST PLUS PRÉCISE ET PLUS CIBLÉE ET GÉNÈRE MOINS DE DÉGÂTS COLLATÉRAUX.

    Bonjour,
    La réconciliation nationale, la non impunité et la cohésion nationale qui sont indispensables pour résorber durablement la crise au Mali.

    Concernant l’inévitable guerre contre les terroristes, le Mali et ses forces de défense et sécurité doivent jouer un rôle central dans l’élan harmonisé au niveau du Mali et dans les coordinations et harmonisations associées car :

    – l’essentiel de l’opération s’effectuera au Mali,
    – que les forces de défense et sécurité maliennes connaissent mieux le terrain que quiconque et,
    – par devoir, sont plus préoccupées par l’opération pour laver l’affront de l’occupation de leur territoire et pour restaurer l’intégrité territoriale.

    En plus, toute coordination et harmonisation exige des adaptations aux réalités locales (contexte local), que seules les forces du pays concerné connaissent.

    Après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Les autres pourront aider mais l’adaptation au contexte doit être fait localement en liaison avec les autres.

    La coordination de la partie Malienne de l’intervention doit être assurée par les forces de défense et sécurité du Mali avec le concours des autres contingents étrangers.

    Une codirection des opérations au Mali pourra être acceptée surtout concernant les aspects techniques liés aux équipements et moyens techniques (drones, systèmes de renseignements, …) utilisés.

    C’est pour toutes ces raisons que le Mali et ses forces de défense et sécurité doivent jouer un rôle central dans l’élan harmonisé au niveau du Mali et dans les coordinations et harmonisations associées.

    Concernant d’autres zones couvertes par l’intervention et qui ne font pas partie du Mali, le pays auquel appartiennent ces zones assurera aussi la direction ou codirection des opérations.

    Au Mali, pour jouer efficacement ce rôle central dans l’élan harmonisé et dans les coordinations et harmonisations nécessaires, il est indispensable que les forces de défense et sécurité du Mali :

    – soient réconciliées et aient une parfaite cohésion entre elles,
    – aient la confiance, le moral et soient redynamisées en valorisant aussi leurs métiers et leurs salaires,
    – soient bien formées et bien conseillées: les militaires de l’union européenne qui viendront au Mali à partir de janvier 2013, pour aider les forces de défense et sécurité du Mali, seront d’un ultime apport.
    – se synchronisent et travaillent en harmonie avec les autres (CEDEAO/UA/ONU).

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE

  3. Bonne analyse Saouti. Il faudra en somme une grande intelligence pour sortir le Mali “honoré”, “digne” et “uni” de ce guêpier. Beaucoup d’entre nous n’en ont même pas conscience, hélas.

    • La voie du dialogue a atteint ses limites, l’ armée malienne doit tout simplement prendre ses responsabilités. Elle doit montrer à la face du monde que notre histoire n’est pas un conte de fées,que nous sommes un vaillant peuple.
      Sur quoi , va t- on négocier ? Ils ne renonceront jamais à la charia, et à l’ indépendance,ansar dine et mnla, à l’ armée malienne de prendre ses responsabilités et ne compter que sur elle même pour honorer le peuple malien.
      Que ceux qui veulent rejoindre la République, qu’ ils fassent sans délai, en revanche il faudra permettre à la justice malienne de faire son travail, on ne peut tuer , violer,amputer impunément.

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