Ligne de force : Le nord du mali à l’ombre du veto américain ?

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C’est ce matin que débutent au palais de verre de Manhattan les concertations en vue de l’adoption d’une résolution autorisant la CEDEAO à déployer, avec l’aide de la communauté internationale, une force militaire africaine au Mali pour libérer son septentrion de ses occupants sécessionnistes, salafistes et terroristes.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

A priori l’épreuve n’est pas insurmontable. Le Mali compte, en effet, beaucoup d’amis et très peu d’ennemis parmi les 192 Etats membres de l’ONU. Aussi n’est-il pas étonnant qu’aucun de ceux-ci n’ait reconnu la fantomatique « république islamique de l’Azawad » hâtivement proclamée par le MNLA. En revanche, tous ont condamné avec vigueur et sans ambiguïté l’occupation d’une partie de son territoire internationalement reconnu, au moyen de la force armée et appelé à la restauration rapide de sa souveraineté sur les zones occupées.
Il s’y ajoute que ‘’les cinq grands ‘’ qui ont voix délibérative et pouvoir de veto au Conseil de Sécurité (Etats Unis d’Amérique, Russie, France, Royaume Uni, Chine) sont tous des alliés traditionnels du Mali. Ils l’accompagnent depuis toujours dans son développement multiforme, y compris la sécurité.
Paradoxalement, c’est de l’un d’eux, les Etats Unis d’Amérique, qui occupent une place centrale dans la formation de nos soldats et en profitent pour leur offrir gracieusement du matériel de guerre, que pourrait provenir la difficulté pour le Mali d’obtenir la fameuse résolution ‘’libératrice’’.
En effet, s’il est autant préoccupé, voire davantage, que nos autres amis par la présence d’Al-Qaïda au nord du Mali, Washington ne partage pas leur analyse sur la manière d’y rétablir la paix et la sécurité souhaitées. De son point de vue, le plus urgent est d’installer « un gouvernement fort et légitime » (donc issu d’élections libres et transparentes, au besoin sans le nord) lequel aura toute l’autorité requise pour rechercher les voies de sortie de crise. En second lieu, l’armée malienne, sur laquelle une éventuelle force africaine devrait s’appuyer, ne lui parait pas suffisamment fiable pour tenir ce rôle. Elle a besoin d’une solide remise à niveau au double plan de l’entrainement et du retour de la confiance chez les soldats. Toute chose qui va prendre du temps.
Enfin, Washington n’écarte plus une solution par le dialogue avec le MNLA et Ançar dine, après le récent séjour du général Carter Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (AFRICOM) en Algérie. Il y déclarait notamment : « La situation au nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique ». Et, s’agissant  d’une éventuelle opposition de son pays au déploiement d’une force militaire, d’ajouter : « On ne sait pas encore, il n’y a pas de détail concret concernant cette situation ». Des propos qui rassurent d’autant moins qu’ils traduisent un net glissement vers l’approche algérienne irréaliste et sans issue.
Il faut espérer que François Hollande, qui a engagé la CEDEAO et l’UA à obtenir le feu vert du Conseil de Sécurité, condition préalable à l’appui logistique de la France, saura convaincre les Américains que la nature démocratique du régime de Bamako importe peu dès lors que la situation au nord du Mali ne concerne pas que le Mali seul mais l’ensemble ouest-africain, voire l’Occident. Une fois cela compris et accepté, la mise en place d’un dispositif militaire solide au sud malien ne sera qu’un détail technique.
Quant à une solution ‘’négociée’’, même le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, qui s’en était fait le porte-voix intraitable au point de s’aliéner une partie de l’opinion malienne, ne semble plus y croire. En témoigne cette déclaration faite à notre confrère français lemonde.fr : « ça fait plus de huit mois que dure la crise et je n’ai pas vu de solution non militaire émerger… Le temps pour les négociations est passé. Nous avons utilisé tous les canaux possibles mais, à ce jour, nous n’avons pas reçu de la part des terroristes et des occupants un seul signal disant : nous voulons négocier ».
Voilà qui devrait édifier nos amis Américains.
Saouti Haïdara

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15 COMMENTAIRES

  1. J’ai lu pour la première fois l’idée saugrenue d’élections avant la libération du Nord dans un éditorial de BBY dans JA relayé par Chahana Takyou et enfin par les USA. Une élection dans le 1/3 du pays avec des résultats imposés aux autres. En dehors de l’aspect illégitime et illégal de ces élections, cela dénote simplement du peu de considération qu’ont ces gens à l’endroit des populations du nord quotidiennement volées, violées, fouettées, lapidées, pillées, profanées, assassinées. Bien que la crise financière frappe partout, que les USA et les NU prennent leur temps: le 11 septembre n’est guère loin…

  2. Bonne analyse de Saouti. CMD s’est rendu compte qu’il ne peut rien avant la libération du Nord0. Voila pourquoi il est le champion de la libération alors qu’il a perdu notre temps et permis au islamistes de mieux s’installer

    • Mais Kadi,
      tu sais bien que cette ordure est une girouette qui peut changer d’avis comme de boubou en fonction de ce qui l’arrange!!!!
      Heureusement qu’on est quand même quelques uns à le comprendre! Je suis effaré par le nombre de crétins qui continuent à applaudir de PM le plus lâche et le plus sournois de toute l’histoire du pays!

  3. Je me dis que le pays est en guerre ces choses peuvent et doivent attendre,il nous faut finir les deux missions du gouvernement: libérer le Nord du pays et faire des élections limpides,le reste en cette période va nous diviser.C’est au pouvoir qui va être légitime de nous régler ce problème.Le ministre actuel doit seulement garder le ministère faire éventuellement des recommandations au ministre qui sera là quand le gouvernement légitime sera en place.Pour le moment je pense que l’assemblée nationale doit déclarer après être consulter l’état d’urgence,pour que le Mali puisse entré en guerre,sinon la vie normale que le pays cherche à vivre nous maintient dans une situation de ni guerre ni paix.Voilà ce que je crois.beffodougou@gmail.com

  4. Les américains ne bougeront jamais pour un pays dont le (vrai) pouvoir est toujours aux mains de putschistes voleurs de pouvoir! Ca irait directement à l’encontre de leurs principes les plus fondamentaux, et tant que des tocards tels cmd et sanogo auront un rôle sur la scène politique Malienne, le Mali devra se contenter d’une aide américaine de type “service minimum”, voire de pas d’aide du tout.

    La DISPARITION totale (et réélle et effective!) de cmd/Sanogo/cnrde est une condition non négociable pour obtenir un appui sérieux, non seulement des usa, mais aussi sans doute de bien d’autres pays encore! Il serait temps qu’on le comprenne.

    • @SANS PITIÉ

      J’AI TOUJOURS ÉTÉ CONTRE CE COUP D’ÉTAT INOPPORTUN ET INJUSTIFIE ET CONTINUE A ESTIMER QUE LE MALI N’A JUSQUE-LA PAS EU LES HOMMES QU’IL FAUT ET EST LOIN DE SORTIR DE LA MERDE.

      PAR CONTRE, JE NE CESSERAI JAMAIS DE DIRE QUE L’URGENCE C’EST LA RECUPERATION TOTALE DE NOS REGIONS DU NORD.

      MAIS, QUE VOULEZ-VOUS, QUE NOUS CONTINUONS A FAIRE UN BRAS-DE-FER ETERNEL AVEC LES GARS LES PLUS TENACES ET PLUS TETUS DU MALI ? JE CROIS CE COMBAT PEUT-ETRE REPORTEE APRES.

      ALORS, MON FRERE SANS PITIE AIES PITIÉ POUR LA PREMIERE FOIS DE MES PARENTS QUI SOUFFRENT AU NORD DANS LES MAINS CROTTÉES DE CES BANDES DE RACAILLES

  5. ENCORE UNE EXCELLENTE ANALYSE DE KASSIM…

    SANS CONTRARIER KASSIM, JE MESURE LES PÉRILS DE LA SITUATION DANS LES DEUX CAS C’EST-À-DIRE FRANÇAIS ET AMÉRICAIN ET J’ADHÈRE À CETTE ANALYSE.

    CEPENDANT, JE TROUVE ABSURDE LA POSITION AMÉRICAINE QUANT À L’ORGANISATION DES ÉLECTIONS CRÉDIBLES ET TRANSPARENTES.

    DANS LA MESURE OÙ, D’UNE PART LES 3 RÉGIONS DU NORD NE SONT PAS CONCERNÉES PAR CES ÉLECTIONS ET D’AUTRE PART, COMME KASSIM L’A SI BIEN DIT « CELA RISQUE DE PRENDRE MINIMUM 6 MOIS… ».

    JE PENSE QU’IL N’EST PAS PRUDENT DE LAISSER LA SITUATION PERDUREE JUSQU’A 6 MOIS…LA PRESENCE DES ISLAMISTES DANS LE SUD EST UNE MENACE QUI POURRAIT FAVORISER L’AVANCE DE LEURS FRERES DU NORD VERS LE SUD.

    AINSI, EN 6 MOIS, ÇA SERAIT TROP TARD POUR LES BOUTER HORS DU TERRITOIRE.

    DES DEUX, JE PREFERE ETRE FRANÇAIS MALIEN POUR LA LIBERATION DU PAYS D’ABORD… ET APRES JE POURRAI ETRE FRANCO-AMERICAIN MALIEN

  6. mon grand frere je lui encore les bonne chose contunue
    ps
    depuit jai quitte bko je cherche connais ou tu est mais les nouvel de mon coro je telephone a ton numero
    pour voire ta sante
    jai parle avec moulaye dit que le seul numero tu a porte toi tres bien
    fall

  7. Les USA n´ont acune grieffe contre le Mali, ils vous disent que ce qui se passe au Mali (votre gouvernement) est contraire ä leur constitution… Si vous voulez vraiment de leur aide, remplissez les conditions qu´ils demandent sinon faites vos boulots sans eux…

    • Ce qu’il faut rappeler, c’est que la constitution malienne, prévoyait 40 jours pour l’organisation des élections.

      La cour constitutionnelle a emis un avis que CMD n’a pas dévoilé au moment ou elle a été donnée.

      C’est que c’est le président de l’assemblée nationale qui devra piloté au dela des 40 jours, et ce jusqu’a l’election du président
      de la république.

      Ce qu’il faut chercher a savoir, c’est si la constitution malienne
      le permet alors qu’une partie des territoires est inaccessible,

  8. Kassin, votre analyse est plus intéressante que ce que racontent nos journalistes en longueur des journées. Vous avez bien compris le problème.

  9. Démocratie, intégrité territoriale et lutte contre le terrorisme: regard croisé de la vision américaine et française au Mali.

    Pour aider le Mali a recouvrer son intégrité territoriale, les États-Unis exigent un retour complet à l’ordre constitutionnel normal en élisant purement et simplement un président de la république au suffrage universel.

    La position américaine est sans équivoque, pour reprendre leur coopération avec le Mali, il faut un nouveau président issu des urnes.

    La France, qui est directement menacée par l’Aqmi avec six français actuellement détenus par les islamistes au nord du Mali, privilégie par contre l’urgence sécuritaire et met en avant une intervention militaire pour rendre au Mali son intégrité territoriale et au Sahel sa sécurité et sa tranquillité.

    Dans son discours d’acceptation de sa candidature démocrate, le 31 août 2008 à Denver dans le Colorado, l’actuel président américain, disait que les États-Unis ne devraient pas renoncer à leur principe de droit pour défende leur sécurité.

    C’est cette exigence de droit qui oblige aujourd’hui les américains a repousser un pouvoir bamakois issu d’un coup d’état.

    Parce qu’il foule au sol les principes de libertés chers aux américains et écrits en lettres d’or dans leur déclaration d’indépendance qui date de 1776 et écrite par leurs pères fondateurs Georges Washington, Thomas Jefferson et bien d’autres.

    Au delà des principes, la loi américaine est encore plus stricte envers les prises de pouvoir par coup d’état.

    A supposer que Bamako accepte de se plier aux principes américains de libertés (libertés de choisir ses dirigeants dans le cas d’espèce), il faut convoquer le collège électoral dans les régions où cela est possible.

    Cela suppose, organiser les élections dans les 5 premières régions du pays.

    Il faut un fichier électoral prêt, du matériel électoral, un accord de la classe politique pour la mise en place de la CENI, une évaluation et une disponibilité réelle du budget des opérations de vote et du fonctionnement des institutions qui les organisent, une ouverture de la campagne électorale…

    Tout cela risque de prendre minimum 6 mois vu l’état d’impréparation sinon d’abandon de l’actuel ministère de l’administration territoriale quand aux futures consultations électorales.

    L’Amérique d’Obama, droite dans sa boite juridique, a donc privilégié le respect des principes démocratiques à l’urgence sécuritaire et islamiste du nord du Mali.

    Tout le contraire de la France de François Hollande dont le pays est directement plus menacé (et c’est une première dans le terrorisme islamique) que l’Amérique au Sahel.

    En effet la France a fait le choix d’une indépendance énergétique basée sur le nucléaire.

    Même Fukushima n’a pas réussi à faire renoncer la France dans ses projets de réacteurs nucléaires.

    L’avenir énergétique français passe donc par le nucléaire, et l’uranium du dessert nigérien y contribue beaucoup.

    En s’attaquant au géant du nucléaire, Areva à Arlit, l’Aqmi, qui possède encore en otages 6 français enlevés dans cette ville nigérienne, veut saborder les intérêts français dans le Sahel en réponse à sa loi antiburqua et à son engagement militaire en Afghanistan.

    Cela est tout simplement inadmissible et inconcevable vu de Paris.

    Le gouvernement de Sarkozy avait fondé l’espoir que les pays du champ (Niger, Algérie, Mauritanie et Mali) puissent mener un combat sans merci contre l’Aqmi au Sahel.

    Mais il a été vite déçu par le régime ATT, soupçonné plus d’une fois de ne pas mouiller le maillot contre les barbus des montagnes du Tagharghar.

    Quand le régime ATT s’est effondré en mars 2012, et dans son sillage, son armée de généraux, Paris avait cru un moment que les touareg agités sur Internet du Mnla tenaient les rênes du pouvoir au nord.

    Fatale erreur du Sarkozisme, en réalité les apprentis sorciers touareg qui s’arcboutaient sur France 24 et Rfi, n’étaient que des porte ustensiles des terroristes islamistes qui défient Paris.

    Le cauchemar se passe de tout commentaire, il faut très vite circonscrire la menace salafiste pour sauvegarder les intérêts français et l’intégrité du territoire malien en même temps.

    Alors François Hollande n’y va pas par quatre chemins, si à Bamako Dioncounda Traoré pense encore à des négociations triple choix, à Paris on ne jure que par une intervention militaire.

    Dans cette situation Paris regarde rarement la météo démocratique en Afrique.

    Quel que soit le régime en place, sa crédibilité aux yeux de Paris, dépendra dans sa capacité à faciliter l’élimination de la menace islamique au Sahel.

    Le risque dans cette optique, est la familiarité d’une certaine France avec une certaine dictature de confiscation des libertés fondamentales des maliens.

    Or, en essayant de discréditer toute une classe politique en les mettant d’entré de jeu à l’écart, Cheick Modibo Diarra, très à l’aise avec la junte de Kati, dont les membres occupent les ministères régaliens de son gouvernement, porte en lui, le germe même de cette confiscation du pouvoir transitoire dont personne ne connait actuellement l’issue et l’échéance à Bamako.

    Alors vous êtes américain malien ou français malien?

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