Ligne de force : La reconquête du nord Mali a commencé

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L’histoire s’est accélérée en fin de semaine dernière au Mali. Alors que nos compatriotes vivaient dans l’anxiété depuis l’adoption par le Conseil de sécurité, le 21 décembre 2012, de la résolution 2085 entretenant le flou autour du calendrier d’une intervention militaire internationale dont le principe est acquis, une erreur de stratégie commise par les barbares incultes occupant les deux tiers du pays voici neuf mois est venue précipiter les événements.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

Redoutant les préparatifs de guerre qui se faisaient au grand jour (réception par l’armée malienne du matériel bloqué par la CEDEAO dans les ports de pays voisins, mise en route imminente d’un programme de formation de l’armée malienne par l’Union Européenne sous la coordination  d’un Général français, préférence marquée des autorités de la transition pour un règlement par les armes plutôt que par le dialogue) Iyad Ag Ghali avait annoncé la couleur. L’autre semaine, il déclarait suspendre la trêve qu’il s’était imposée pour donner toutes ses chances au dialogue et qu’il reprenait la lutte armée. Un coup de semonce pour exprimer son exaspération, voire son désarroi. Peut-être conseillés par ses parrains  algériens désireux de casser la dynamique de guerre pour faire prévaloir l’approche dialogue qu’ils ont tenté en vain de privilégier auprès des grands pays et des instances internationales, le chef d’Ansar dine et ses alliés d’AQMI et du MUJAO ont décidé d’appliquer une vieille recette militaire : la meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer.

Dans le cas d’espèce, il s’agissait pour eux de s’emparer de Sévaré pour faire d’une pierre deux coups : mettre en pièce l’important dispositif malien qui protège tout le sud du pays et rendre inutilisable son aéroport qui servirait de point d’appui à la force internationale pour la reconquête du nord.

Le manège était trop gros pour passer inaperçu. Le président Dioncounda Traoré a immédiatement pris la mesure de l’enjeu. Il a appelé au secours la France, l’amie, l’alliée sûre, toujours présente aux côtés de son ancien  empire dans les périodes critiques et pas seulement au plan sécuritaire. La réaction de François Hollande a été à la hauteur de la gravité de l’heure. Celui que certains de ses concitoyens décrivent comme un homme indécis a répondu avec la célérité et la fermeté requises.

Les avions de chasse Mirage et  Rafale et les hélicoptères de combat positionnés au Burkina Faso dans la perspective d’une intervention jugée ” inéluctable “ depuis plusieurs mois par le ministre français de la défense, Jean Yves Le Drian ( ce qui prouve bien que M.Hollande a de la suite dans les idées et sait parfaitement ce qu’il veut) ont fendu le ciel sahélien en peu de temps et fondu sur les hordes islamo-terroristes qu’ils ont décimées et contraintes à la fuite avec, il faut le noter, l’appui au sol des militaires maliens dont le courage et l’engagement sont à saluer.

Jusqu’à hier dimanche, le bilan de cette ” opération Serval “ ( du nom d’un petit animal du désert) faisait ressortir une centaine de jihadistes tués, des centaines d’autres blessés, onze soldats maliens tués et quelque soixante autres blessés, un soldat français, pilote d’hélicoptère tué, entre quatre et six civils tués ( selon les sources). Une quantité impressionnante d’armes a été  abandonnée par les assaillants dans leur retraite désordonnée.

Konnan a été reprise par l’armée malienne mais les hélicoptères français poursuivent leur traque des terroristes dans le désert.  Des colonnes de pick-up chargés de terroristes ont été mitraillées. Des bases terroristes ont été pilonnées et détruites dans les trois régions du Nord occupées : Gao, Tombouctou et Kidal. C’est la débandade, le sauve-qui-peut. Au Mali, c’est le soulagement de même que dans la sous-région ouest-africaine. Celle-ci se prépare à entrer en scène aux côtés des armées malienne et française. Dès aujourd’hui, les contingents du Niger, du Burkina Faso, du Sénégal, du Togo,  du Bénin, du Nigeria ( la liste n’est pas close) commenceront à arriver à Bamako ou d’autres régions du Mali.

L’Afrique de l’Ouest n’est pas seule à mobiliser. Les Etats -Unis d’Amérique, la Grande Bretagne, l’Allemagne ont fait savoir qu’ils apporteront un appui logistique à la France.

A l’évidence, la force internationale dont on n’attendait pas le déploiement avant le dernier trimestre de l’année qui vient de naitre est déjà en cours de déploiement et la réconquête du Nord Mali a bien débuté. Il faut s’en réjouir et faire en sorte que le Mali lui-même y prenne  toute sa part. En réservant le meilleur accueil à nos hôtes occidentaux ( il n’y a pas que la France) et africains, en faisant preuve d’une totale disponibilité à leur égard, en veillant à ce que nos soldats aient un comportement digne sur le terrain, en montrant au monde l’image d’un peuple uni, soudé, mature et responsable. Donc en évitant toute action de nature à géner la grande aventure de réunification de la nation malienne.

Saouti HAIDARA

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3 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,
    Pour éviter la progression des terroristes vers le sud du Mali, l’attaque de Diabali, de ce jour, montre que cette progression n’est pas complètement arrêtée et les frappes aériennes, par les soldats Français, signifient que l’ennemi se ré-organise ou peut vite se ré-organiser, il faut donc aller très vite pour le déploiement de la FORCE INTERNATIONALE, MISMA, pour le renfort Américain par des drones (avions sans pilote) ET pour la surveillance PARTOUT et les renseignements vérifiés à travers une GUERRE STRATÉGIQUE D’INTELLIGENCE COLLECTIVE ET DE RENSEIGNEMENTS.

    Ainsi, les actions seront rapides, coordonnées et efficaces au sol et pour les frappes aériennes.

    Comme dit le Ministre Français des affaires étrangères, Laurent Fabius, le lien entre frappes aériennes et l’action des soldats au sol est nécessaire.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    EXPERT TIC ET GOUVERNANCE
    E-mail: [email protected]

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