C’est un cinglant revers que vient d’essuyer le Gouvernement avec l’imposition, par la Société civile, lors de l’atelier de validation des TDR, de l’appellation Dialogue National Inclusif (DNI) à laquelle il avait jusqu’alors opposé, avec une rare détermination, le Dialogue Politique Inclusif. L’obstination déraisonnable du pouvoir était sur le point de transformer cet or massif participatif en plomb politique.
Lors de sa présentation de vœux de Nouvel An aux militants de l’URD et à la Nation, le samedi 12 janvier 2019, Soumaïla CISSE, apparu sous les jours de grand monsieur, par une étonnante prise de conscience que la « situation actuelle du pays requiert la détermination et l’implication sincère et loyale de toutes et de tous pour sauver notre nation » prônait un « vrai dialogue politique républicain » ; « un véritable dialogue national inclusif autour des maux dont souffre notre pays ». Pour lui, « le dialogue doit être direct, franc, loyal et basé sur la bonne foi. (…) Un dialogue aux contours bien définis sous l’égide de médiateurs avertis et objectifs ».
Suite à sa deuxième rencontre avec le Président IBK, le Président de l’URD, Chef de file de l’Opposition, a révélé : « on est convaincu qu’il faut un dialogue, un dialogue élargi à l’ensemble des forces vives du pays. (…) « Il y a des défis importants. Et, il faut les circonscrire le plus rapidement. Cela passera certainement par le choix d’une personnalité qui va pouvoir aider à orienter et dénicher les équipes pour pouvoir se parler franchement, en vérité pour que nous nous sentions tous concernés par les difficultés qui assaillent le pays aujourd’hui ».
A l’aune des aphorismes ci-dessus rappelés, ce serait un truisme de dire que le défricheur du dialogue est l’URD et par extension le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD).
Une autre vérité d’évidence, c’est que le concept du Dialogue a fait l’objet d’une récupération du pouvoir qui en a fait produit d’appel, question de bichonner son image et, dans une certaine mesure, de reprendre la main. Le plagiat est formellement établi.
Mais, le processus de Dialogue n’aura pas été long fleuve tranquille ; parce que ce régime qui brille par atrophie intellectuelle que par un génie créateur, fait parler son ego surdimensionné. En s’attribuant la paternité du dialogue, donnant ainsi de la jambette au sacro-saint principe de l’honnêteté intellectuelle, il se braque contre l’intitulé qui fait presque l’unanimité au sein de l’opinion nationale : le ‘’DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF’’. C’est ce qui a été servi par l’URD en janvier 2019. C’est ce que défend la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’ et c’est ce qui est toujours défendu par l’opinion dans sa plus large expression. Contre vents et marrées, par monts et par vaux, les organisateurs sont restés arrimés à leur appellation : DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF. Pour le triomphe d’une cause perdue d’avance, les idéologues du régime ont repris du service dans une tentative désespérée et désespérante de créer au forceps une concordance entre deux concepts sémantiquement différents. Ils ont sorti le grand jeu, bousculé les lignes, mais en vain.
L’intrigue était-elle dictée par un orgueil mal placé de ne pas donner l’impression d’être un écolier à qui le maître dicte la leçon ? La machination visait-elle simplement à mettre hors-jeu les initiateurs du Dialogue national ? A en croire le Président IBK, lors de sa rencontre avec la délégation du RPM, à Koulouba, le samedi 16 février 2019, ce ne devrait pas être le cas : « pour moi rien n’est au-dessus du Mali, aucun sacrifice, aucun ego, de quel ego ? Je ne suis pas ici pour cela. Je suis ici pour que ce pays s’adonne à la seule mission qui est la sienne et qui lui est assignée par l’histoire : venant d’où il vient, il est condamné à rester grand »
Pourtant, dans les faits, tout prouve le contraire. Le Gouvernement a péché par orgueil et par vanité. Conséquence : neuf mois perdus en vaines spéculations pour se voir imposer par la Société civile l’intitulé que le Gouvernement aurait dû et aurait pu accepter dès l’amorce du processus de Dialogue. Un proverbe oriental dit : ‘’l’homme qui ne sait reconnaître un bienfait s’en rend indigne’’. Assouplir certaines raideurs du pouvoir, corriger son image d’arrogance et arrondir les angles avec le corps social ne seraient que tout à son honneur
Mais, épouvanté par les réminiscences de la Conférence nationale souveraine, il s’obstine à faire porter sa camisole de force de Dialogue politique inclusif aux acteurs nationaux. Ce qui devait arriver arriva : il s’est laissé infliger une raclée sur un champ de bataille qui n’aurait jamais dû exister. Il en a pris pour son grade. Comme quoi, le roi n’est plus sacré ; l’argument de la force ne triomphera plus de la force de l’argument.
PAR BERTIN DAKOUO