Le nouveau gouvernement, petite lumière dans un pays fatigué

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Adam Thiam, Chroniqueur “Le Républicain”

La formation d’un gouvernement d’union nationale, le 20 août, fait souffler un vent d’espoir sur le Mali, occupé dans sa partie nord par des groupes intégristes et privé d’institutions démocratiques depuis le pustch du 22 avril 2012. Mais l’urgence reste d’organiser des élections.

Il aura été arraché au forceps. Mais il est enfin là, le gouvernement autour duquel le président par intérim préconisait l’union sacrée pour relever les défis de la transition. Le gouvernement Cheick Modibo 2 est-il cependant le gouvernement d’union nationale exigé par la Cédéao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest] ?

Les formes ont été respectées : les regroupements politiques et les organisations citoyennes ont été consultés, et intégrés [au gouvernement]. Ce sera presque tout. Dans le fond, le Premier ministre gagne la partie de poker, lui qui semblait au creux de la vague il y a quelques semaines. Or voilà que non seulement il se retrouve reconduit, mais qu’il force triomphalement le passage pour dix-huit membres de son ancienne équipe.

L’union sacrée est-elle possible néanmoins ? Si c’est le cas, ce n’est parce que ce gouvernement a remporté le concours du plus beau bébé. Mais parce que les Maliens sont fatigués. Ils sont fatigués depuis janvier, avec la chute partielle de localités septentrionales [tombées aux mains de la rébellion touareg, des groupes islamistes Aqmi, Ansar Dine et Mujao]. Ils sont fatigués que le pays soit coupé en deux depuis avril. Ils sont fatigués car, depuis de longs mois, il n’y en a que pour le Mali dans les manchettes funestes de la presse. Ils sont fatigués des divisions dans l’armée, dans la classe politique et entre les citoyens. Et il faut vite refermer ces pages stressantes de notre histoire immédiate.

On les refermera en se disant qu’après tout ce n’est qu’une transition, que le défi majeur est d’aller sans atermoiement à des élections qui donnent au pays la légitimité d’un régime issu des urnes plutôt que de sombres officines.

Des élections sans le Nord, alors ? Hélas oui ! pour que la transition, en utilisant l’argument du Nord occupé, n’aille de report en report. Ibrahim Boubacar Keïta [ancien Premier ministre, candidat à la présidence avant le putsch du 22 avril] disait à l’époque que seul un régime élu peut régler le problème du Nord. On y voyait l’empressement d’un favori. Vu le cours des choses, c’était plutôt la voix de l’expérience.

Adam Thiam

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