Le monde vu de Bamako : Stabilité et turbulence au Sahel : Niamey est la clé

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-Maliweb.net-Pays sahélien abonné jadis aux biscuits vitaminés des humanitaires, le Niger cherche depuis 2011 à être du petit cercle vertueux des pays africains progressant de manière visible et mesurable. Au cœur de cette ambition : le Programme de Renaissance du Niger que Mahamadou Issoufou a proposé à son électorat. Elu depuis, il en fera le bréviaire du gouvernement. Le bilan présenté dans le dernier semestre de l’année écoulée.  Il n’a pas été accueilli dans l’allégresse générale mais il n’a pas, non plus provoqué de remous au sein des contre-pouvoirs nigériens (opposition, médias, organisations corporatives) dont la vitalité est connue.

 Le quinquennat sortant

La réussite relative en matière de création d’emploi force l’attention dans un contexte international déprimé. Le candidat avait promis 250.000 emplois en 5 ans de mandats, soit 50.000 emplois par an. Il déclare en fin 2014, 647 696  emplois crées dont 128 941permanents avec 37 651 recrutements dans la Fonction publique. Le Slogan les Nigériens nourrissent les Nigériens (3N) ?  Son pays peut connaître des sécheresses mais il est en train de vaincre la famine, aime à répéter Issoufou Mahamadou. En effet, traduisant  le concept de souveraineté alimentaire, le gouvernement nigérien a multiplié les projets qui sécurisent et diversifient la production, tout en rendant disponibles des stocks céréaliers auxquels les populations peuvent accéder à des coûts plus bas que ceux du marché. Autre axe vital : la gouvernance. Le pays doit encore faire des bonds dans le domaine des libertés fondamentales et de la lutte contre la corruption. Les premiers à le dire sont les gouvernants eux-mêmes. Mais, le Niger a gagné quelques points dans le domaine de la gouvernance financière. Quant aux libertés, autour du  ministre de l’Intérieur, le rigoureux Massoudou, la doctrine du gouvernement est toute simple: « les droits vont avec les devoirs ».

 

Sur la question essentielle de la sécurité et de la défense, le Niger n’a pas eu à plaider pour lui-même. Les classements internationaux les plus usités rangent l’armée nigérienne dans le top-15 africain. Ce qui n’est pas un mince exploit pour un pays sahélien. Mahamadou Issoufou qui est candidat à la présidentielle de février prochain met en avant bien d’autres progrès dans les domaines de l’éducation et des infrastructures structurantes.

Le Niger, désormais un déterminant global

Reste à être élu. Car depuis septembre dernier, le Niger est en effervescence. Une véritable épreuve de nerfs entre le pouvoir et l’opposition ponctuée de cérémonies d’investitures, justement pour la présidentielle de tous les enjeux. L’opposant Hama Amadou inculpé dans une sombre histoire de bébés achetés au Nigeria voisin est en prison depuis la mi-novembre passée. Il vient d’être investi candidat de son parti. Son arrestation n’a pas produit le séisme redouté. Pourquoi ? L’homme est considéré comme l’enfant terrible de la politique nigérienne, il a été à la confluence de tous les putsch qui ont « débloqué » les impasses  institutionnelles dans lesquelles le Niger s’est souvent trouvé  depuis 1992. De son côté, l’actuel président n’est pas un novice, alerte un de ses proches. « Il connaît profondément la carte politique du pays et il a entre ses mains les leviers du pouvoir. Ses adversaires se méprennent ». En résumé, ceux-ci n’auront pas ce qu’ils cherchent, à savoir le « blocage institutionnel » pour utiliser les termes exacts de Mohamed Bazoum, président du parti présidentiel. Le Niger ira donc aux élections en février ? C’est le souhait à formuler quand on vient du Sahel et qu’on y vit. De Paris à New York, en passant par Bruxelles et Londres, les regards sont en effet braqués sur Niamey, plus que vers toute autre direction dans le continent. Le Niger étant considéré comme l’irremplaçable verrou contre une avancée occidentale de l’ex Boko Haram devenu depuis peu Etat islamique en Afrique Occidentale. La dénomination porte en elle le dessein : faire jonction avec d’autres mouvements jihadistes au Sahel, en particulier ceux du Mali voisin. Or le Mali reste convalescent et le Burkina Faso cherche à se donner un nouvel équilibre. Même étiré sur trois fronts, – nigérian, libyen et malien- Niamey est devenu un déterminant de la sécurité globale auquel même Washington n’hésite pas à donner des drones.Issus d’une armée valeureuse construite sur des décennies d’investissement comme l’a souligné Mahamadou Issoufou lui-même, les soldats nigériens joueront, sans doute, leur rôle pour la stabilité de leur pays. Pourrait-on en dire autant de politiques qui ne semblent pas vouloir faire de l’échéance de février celle de la maturation de la démocratie nigérienne ?

 

Adam Thiam (maliweb.net)

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. Mon cher Thico, j’ai lu l’article des Afriques. C’est intitulé, Issoufou Mahamadou, l’Alpha et l’oméga de la Renaissance. C’est signé Aidara Ismael, Rédacteur en chef des Afriques. Effectivement, il y’a beaucoup de ressemblance. Mais notre cher Adam Thiam est très bon. En tout cas, les deux sont les références dans ce métier. J’ai honte de nos fanfarons soit disant journaliste dans nos pays surtout chez nous notre Maliba qui va en lambeaux. Hum !! Walay, je dois me taire avant que les foudres des plumards tombent sur moi. Wassalam

  2. Adam,Thiam Cher Adam Thiam, il faut lire le Best article de Les Afriques du brillant journaliste AIDARA Islael sur l’élection quinquennat du président : Issoufou Lahamadou, l’Alpha et l’Olega . Brillant. C’est sur Les Afriques. Quand j’ai lu votre édito , il y’a beaucoup de similitudes . Franchement, AIDARA Ismael des Afriques et Thiam sont de grands spécialistes de la géopolitique sahélienne. Vous êtes une fierté pour la presse panafricaine. Hors de toute démagogie.

  3. “Mais, le Niger a gagné quelques points dans le domaine de la gouvernance financière.”

    Euh, franchement Thiam, quand on sait à quel point le prédécesseur Tandja était pourri et corrompu jusqu’à la moelle, le Niger pouvait-il faire autrement que “gagner quelques points” dans ce domaine? 😉 😉

    C’est plutôt s’il avait réussi à perdre encore après Tandja, qu’il aurait accompli UN EXPLOIT!

    Ceci dit, les Nigériens (comme les Sénégalais, les Ivoiriens, et d’autres) ont inifniment plus de “chance” que nous;
    Eux, ont élu des présidents qui BOSSENT plutôt que faire du tourisme présidentiel, et qui AGISSENT autrement qu’en dressant l’index aux micros des journalistes! 🙄 🙄 🙄

    Bref, eux ont vraiment élu DES PRESIDENTS, quoi! 8) 8) 8)

    Ce qui fait une sacrée différence avec nous qui n’avons élu qu’un……..IBK… 😥 😥 😥
    Houbien? 😛

  4. Bravo au Niger et au Président ISSOUFOU. Ce n’est pas les exemples qui manquent. Le bilan du Président Macky SALL fait dormir debout. OUATTARA n’en parlons pas, même ses ennemis ont reconnu que son bilan est excellent mais qu’on ne mange pas les ponts et les autoroutes ! Quant à Alpha CONDÉ de Guinée, on a vu El Hadj Biro DIALLO (grande gueule devant l’Éternel) affirmer que si un seul de ses prédécesseurs avait fait la moitié de ce qu’il a fait, la Guinée serait déjà loin.

    Celui qui porte le bonnet d’âne est LADJI BOURAMA et avec lui le MALI devient dernier de toutes les bonnes courses. Pendant que les autres sont à l’oeuvre lui se promène de foires en foires, de Kermesses en Kermesses pour, paraît-il, faire venir les investisseurs là où lui-même avoue sans vergogne ne pas pouvoir mettre les pieds ! 😆 😆 😆 😆 😆 Comme si ces derniers étaient Dingues comme des Mandingues pour venir risquerleurs sous ooù il n’y a pas de sécurité.

    C’EST RIDICULE, FAIRE VENIR LES INVESTISSEURS AVANT LA SÉCURITÉ !!! 😆

    INCH ALLAH ÇA IRA !! 😆 😆 😆 😆 😆

    • Peut-être que ce serait davantage intéressant d’argumenter un peu avec des indices beaucoup plus économiques qui placent le Mali dans une asinerie au lieu de participer aux bonnes courses hippiques.

      C’est vrai que notre pays dans ce dressage économique qu’on pourrait appeler aussi croissance, n’a pas la cadence de tir d’un pays comme la Côte d’Ivoire ou le Nigeria dans la sous-région, nonobstant il n’est pas aussi ce mauvais d’exemple à aller copier exclusivement avec tout le respect chez les pays comme le Niger, la Guinée ou le Sénégal dont il est mention. En communuant dans le catéchiste libéral de ceux-là même qui fixent ces indices de croissance, il s’en sort selon la BM que:

      1- Même si le PIB réel du Niger, essentiellement agricole, est passé de 4.1 % en 2013 à 7.1 % en 2014, se situant à près de 6.0 % en 2015, celle du Mali a confirmé une reprise amorcée en 2013 avec un taux passé de 1.7 % à 5.8 % en 2014 et 5.4 % en 2015, dont il n’est pas demeuré à la traîne comme on pourrait amener à le penser, cela malgré les crises et sous le spectre du marathon d’un accord de Paix.
      La légère avance au Niger sur le Mali s’explique par son devéloppement du secteur secondaire par une politique nationale d’aménagement du territoire et celle sur la décentralisation prennant en charge la problématique de l’inclusion spatiale, par ex: investissements publics dans les infrastructures, accélération de la croissance tirée par les secteurs minier et pétrolier depuis 2012 (Raffinerie de Zinder). Ce qui ne fut pas le cas au Mali où ces défis liés à la démographie prirent un coup d’arrêt dûs à la crise, qui stoppa nette le transfert des ressources, parce que les capacités institutionnelles étaient quasiment faibles. Depuis 2012 et même avec les Accords aujourd’hui, dans la pratique on ne peut encore parler au Mali de décentralisation ou autre inclusion spaciale effective.

      2-Quant au Sénégal, le PIB est passé de près de 4.5 % en 2014, contre 3.5 % en 2013, soit 0,4 point de pourcentage en deçà des estimations précédentes; le taux de croissance a atteint 4.6 % en 2015 et projete 5.0 % pour 2016. Peut-être faudra-il attendre l’avancement des vagues des projets phares de l’agriculture et de l’agro-industrie sous la bannière du PSE (Plan Sénégal Emergent) et le rapport du FMI et d’autres des partenaires techniques et financiers. Comme au Mali le Sénégal a aussi souffert des facteurs principalement exogènes mais dans le ralentissement de l’activité touristique du fait de l’épidémie d’Ébola dans certains pays ouest africains, combiné aussi au retard enregistré dans le démarrage de la saison des pluies.

      3-Quant à la Guinée la croissance économique en 2014 fut en deçà de celle qui fut prévue, estimée à 0.6 % (contre un objectif initial de 4.5 %). Comme au Mali, d’une part la crise institutionnelle,cela malgré la mise en place en janvier 2014 du nouveau Parlement qui marque la fin de la transition, les tensions politiques persistèrent, et d’autre part sécuritaire en raison de l’épidémie d’Ebola qui aggrava le coût social de la stabilisation macroéconomique en dégradant avec lui les conditions de vie des populations les plus vulnérables.

      4-Le Bfaso a eu une croissance forte de 5.5% en 2015 et projete 7% en 2016. La crise politique institutionnelle a pris la fin avec la fin, un nouveau président fut investi.L ‘impact négatif de l’épidémie d’Ebola effacé, il reste à reléver les cours de l’or et du coton corrigés à la baisse entre 2013 et 2014, les perspectives économiques sont favorables à une croissance forte : 5.5% en 2015 et 7% en 2016. Avec un niveau élevé de pauvreté, la gestion de la rente minière dans l’optique d’une croissance plus inclusive, reste le principal défi en matière de gestion des finances publiques…

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