Vendredi 12 Août 2010 commence le mois béni du ramadan. Mieux, ce vendredi, premier jour du ramadan est aussi le jour anniversaire du grand meeting organisé le 22 Août 2009, premier jour du ramadan de cette année là. Un meeting organisé par un certain Mahmoud Dicko, patron du tout -puissant haut conseil islamique ! Un an déjà.
C’était le 22 août 2009, une journée que les Maliens, de Bamako la capitale à Gao en passant par Moti, Ségou et Sikasso n’oublieront pas de sitôt. Jamais, Yirimadio n’avait eu le privilège de recevoir autant de monde. Le matin, le soleil brûlant du meilleur de son feu, dégageant la plus terrifiante des chaleurs et pire, au premier jour du mois de ramadan. Fallait – il comprendre que ce jour là, les partisans de la ligne dure, hostile au code, pardon à certains de ses recoins, étaient prêts à tout. On avait l’habitude de parler d’embouteillage, mais ce 22 août, c’était un incroyable bouchon qui démarra dès la descente du pont des martyrs jusqu’au stade.
Hommes, femmes, jeunes et enfants, tous ont tenu à répondre à l’appel de Mahmoud Dicko très remonté contre le pouvoir central. Le code, le gouvernement ou l’Assemblée Nationale ? Alertes et sans doute très futés, le palais, Bamako- Coura et Bagadadji disparurent des rues. Personne ne lèvera le petit doigt pour dire ou faire quoi que de soit. Amadou Toumani était hors du Mali, Modibo Sidibé était parti très tôt pour la capitale des Balanzans où se jouait la finale de la coupe du Mali délocalisée. De 8 heures à 12 heures, Bamako retiendra son souffle, préférant coller l’oreille aux milliers de voix entonnant le ‘’Atakbir Allah Akbar’’ que le vent d’un stade étouffé par ses invités chauffés à blanc transportait.
Allah Akbar ! Ce jour là, le Haut Conseil Islamique à l’appel de son chef, le très respecté Mahmoud Dicko entendait prendre à témoin la Oumma islamique sur ce qu’il considérait comme une violente attaque contre l’Islam et ses principes, donc un appel à une vive protestation contre le document que Dioncounda et ses parlementaires avaient voté et que le président de la République se préparait à promulguer.
La grande mobilisation de ce jour qui est rentrée dans l’histoire des grandes dates du Mali indépendant, avait obligé Amadou Toumani Touré à le retirer de la circulation.
Solitude du pouvoir
Seul face à ce qui était finalement devenu son code à lui ATT, le président, en grand musulman, avait compris que quelque chose de terrible se préparait au cas où il apposerait sa signature au bas du « brûlot ». Dieu merci, il n’en fera rien ! Constatant au passage, que le code, ébranlé par le mega – meeting de ce samedi là, n’était que sa chose à lui seul. Et à lui seul ! Mais où étaient – ils tous ces hommes et femmes qui pour un oui ou pour un non, lui clamait leur soutien total et indéfectible ? Amadou Toumani, revenu à Bamako quelques heures plus tard, avait compris que le pouvoir avait aussi ce côté. Lui que beaucoup de gens avaient abandonné seulement entre le palais de Koulouba et la Base B, le 8 juin 92, quelques minutes après qu’il eut rendu le pouvoir à Alpha, le nouvel élu. La balle redescendue à terre, ATT échangera avec les Oulémas et à leur tête, son ami le Cheick Mahmoud Dicko.
Aujourd’hui un an presque, où en sommes-nous avec le parchemin ?
Sory de Moti