La MISMA pour sécuriser le nord et superviser les élections

7

On a beau soutenir contre l’avis de l’historien, économiste, philosophe et éditorialiste français, Raymond Aron, que ” l’histoire ne se répète pas “, force est d’établir  une similitude entre la manière dont la majeure partie du nord du Mali a été occupée par des groupes armés séparatistes et salafistes coalisés et celle dont elle est en train d’être libérée par les forces franco-maliennes, appuyées par les premiers éléments de la MISMA déployés sur le terrain : quasiment sans combat, le tenant des lieux ayant choisi de les abandonner.

Saouti Labass Haïdara, Dirpub L’Indépendant

Hombori, Gossi, Niafunké, Gao. Des localités libérées sans coup férir de l’emprise des jihadistes qui ont préféré s’égailler dans l’immensité désertique plutôt que de se risquer à faire face au rouleau compresseur français et à la détermination des soldats maliens à laver l’affront de mars-avril 2012. Dans les prochains jours, voire les prochaines heures, Tombouctou “occupée, martyrisée, humiliée ” pour reprendre les mots du Général Charles De Gaule décrivant Paris durant la seconde guerre mondiale, Tombouctou ” la perle du désert “, ” la cité des 333 Saints ” tombée aux mains de ” barbares obscurantistes ” (l’expression est de Dioncounda Traoré) sera à son tour délivrée de ses envahisseurs étrangers, AQMI étant composée essentiellement d’Algériens et de Mauritaniens. Puis viendra inéluctablement le tour de Kidal.

Les montagnes qui entourent la capitale de l’Adrar des Ifogas serviront d’ultime refuge pour ceux qui avaient cru ressusciter l’Etat taliban au cœur du Sahara occidental mais pour un temps limité, les forces aériennes françaises, n’ignorant rien de leurs manœuvres et mouvements, les ayant déjà prises pour cible. Le domicile privé de Iyad Ag Ghali a été bombardé par la chasse française. Reste à savoir maintenant si l’indécrottable et inusable seigneur de la guerre s’y trouvait et y a laissé la vie (ce qui serait un soulagement immense pour le monde entier) ou s’il s’offre toujours du bon temps dans l’hôtel 5 étoiles où il a pris ses quartiers depuis deux mois dans la banlieue résidentielle de Ouagadougou.

Quoi qu’il en soit, au train où vont les choses, la plupart des agglomérations du nord seront probablement expurgées de la présence terroriste avant même que la MISMA ne soit opérationnelle de façon substantielle sur le terrain. Ce qui ne signifie pas, loin s’en faut, que celle-ci n’aura plus sa raison d’être.

C’est une chose, en effet, que de chasser les islamistes des villes, hameaux et campements et une autre de sécuriser ces lieux, de mettre les populations à l’abri d’éventuelles incursions et attaques éclair comme ces gens-là savent s’y prendre.
A cet égard, les 7000 hommes que la CEDEAO projette désormais de déployer – chiffre qui pourrait être porté à 10 000 si le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie voire l’Ethiopie étaient sollicités –  ne seraient pas de trop, eu égard aux 800 000 km2 que couvre le septentrion malien, à la distance, souvent très grande, qui sépare les zones habitées, au renouvellement périodique des effectifs si le maintien de la MISMA s’avérait nécessaire dans la durée.

Outre cette mission de sécurisation et de stabilisation du nord du Mali qui lui est conférée, la MISMA sera utile quand viendra le temps d’organiser des élections pour rétablir la légalité constitutionnelle et la démocratie. En effet, placées sous sa supervision (une résolution du Conseil de sécurité pourrait être prise dans ce sens) celles-ci auront plus de chance de se dérouler dans un climat apaisé, d’être crédibles et acceptées par les différents acteurs en compétition que si elles étaient laissées aux seuls soins des Maliens. Les péripéties de la double crise sécuritaire et politico-institutionnelle ayant dressé entre les composantes de la classe politique et de la société civile un mur de méfiance qui n’est pas près de se dissiper. Témoin l’impossibilité de tenir une conférence nationale consensuelle en neuf mois de transition.

Une raison supplémentaire pour que la communauté internationale réponde massivement et au plus vite à l’appel de l’Union Africaine (UA) de réunir les 700 millions de dollars que requiert le déploiement de la MISMA.

Saouti Haïdara

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. La France déclare Mali devrait accepter une certaine autonomie Touareg
    source sur: http://www.businessweek.com/news/2013-01-31/france-s-says-mali-should-accept-some-touareg-autonomy

    French Defense Minister Jean-Yves Le Drian suggested that ethnic Touaregs in Mali’s northern regions should have some autonomy, while saying France doesn’t want to “dictate” the nation’s constitutional settlement.

    While French military forces hold the airport of Kidal in the northeast, sandstorms delayed their operations to take control of the last major rebel-held city, Le Drian said today. Kidal is under the control of Touareg forces who have broken with their former Islamist militant allies and have made peace overtures to the French and Malian government.

    “Mali must enter a period of national conciliation open to all political forces that reject terrorism and outright separatism,” Le Drian said on France Inter radio. Touaregs must play “a full role on the recomposition of Mali” while at the same time

  2. Tiens donc! Y a déjà des élections en l’air, à peine le pays en voie dit-on de libération par la coloniale dont les Maliens n’ont plus honte.
    Les Ivoiriens, les Sénégalais, les Tchadiens, les Centrafricains, les Gabonais, les Djiboutiens, les Burkinabè après l’assassinat crapuleux de Thomas Sankara, bref, dans tout ce précarré françafricain les bases militaires françaises abondent avec leurs détachements de légionnaires missionnés à la défense des intérêts occidentaux et autres satrapes qui les servent ; un contexte qui fait dire aujourd’hui aux Maliens débilité par des décennies de régimes népotiques, affairistes corrompus: « pourquoi donc pas chez nous » ?
    Cette revendication éhontée de la coloniale et ses légionnaires par les Maliens sidèrent tous les patriotes. Elle dit la faillite de l’Etat, des institutions et de la classes politique qui l’anime ; et qui de toute évidence continuera à l’animer sans le moindre souci d’une remise à plat en dehors du folklore électorale imposé à l’agenda par l’ordre impérialiste dont la CEDEAO est le faux-nez.
    C’est donc dire que le Mali de notre fierté, fournisseur historique de modèles de résistance, de patriotisme et de solidarité, ce Mali là est aujourd’hui à genoux, humilié par la traitrise de ceux que nous avons laissé faire. Le résultat est pathétique quand tout un peuple croupis dans l’indigence imposée pour partie par ceux là mêmes qu’il acclame, applaudit et accueille en agitant de petits drapeaux tricolores.
    L’ex-colonisateur peut-il être aujourd’hui notre libérateur ? A notre place et à celles de nos frères africains ? Certainement que non ! Tout comme il est permis de douter que l’ordre constitutionnel imposé depuis à marche forcée soit porteur d’une perspective émancipatrice. Et plutôt que d’œuvrer dans cette direction, on fait accroire que le Malien, le paysan malien adore regarder et saliver devant des urnes bourrées de PQ (papier toilette) le ventre vide.
    C’est cela la démocratie ? Est-ce pour cela que tout le monde accourt à savoir les traitres-satrapes de la CEDEAO, la soldatesque de maintien de l’ordre policier et violateur de jeunes maliennes, la presse aux ordre, les vautours de la disqualification socio-polique, bref, toute la maffia de l’ONU et de l’OTAN qui vient en soutien à la grande et moyenne bourgeoisie corrompues au Mali, afin de lui permettre de s’adonner à son jeu favori: entuber (par politesse j’évite un gros mot) la paysannerie et les travailleurs par des élections bidon qui les éloignent encore un peu plus de l’Etat et de ses offres de services publics.
    Après quoi, c’est-à-dire après la mise en place des « Bons Nègres », ils pourront solder le Mali à loisir et exactement comme on solde le malibu.

  3. avant la france etait au tchad pour saucer le fauteuil a idriss debi. hier elle etait en cote d’ivoire et au libye; aujourd’hui au mali. il ne serai pas moeu qu’on retourne au colonialisme?

    • Ce colonialisme, nous nordistes, volés, violés, profanés, torturés, assassinés, l’appelons ardemment de toute notre force. Et la présence des forces internationales permettra, nous l’espérons ardemment, à sécuriser la reprise des projets déjà financés interrompus par l’arrivée des djihadistes/indépendantistes : route Niono -Tombouctou ; barrage de Taoussa, Route Bourem-Kidal, etc. etc.

Comments are closed.