Je t’aime, moi non plus !

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Rassurez-vous, il ne s’agit nullement d’un aspect charnel ou sportif auquel se livrerait Jokèlè, bientôt sexagénaire. Ce de quoi il est question renvoie à un large tour d’horizon, tel que le ferait un phare éclairant la mer de déconfiture, sur ce que nous Maliens, descendants de Soundiata Kéïta, de Babemba Traoré, de Ngolo Diarra (mon arrière, arrière aïeul)… sommes en train de devenir.

En l’absence de moustiquaires imprégnées genre OIT, quel type de moustique pique les Maliennes et les Maliens actuellement ? Sommes-nous en train d’aller droit au… Far West avec son lot d’anarchie intempestive, de défoulements verbaux, de strip tease et gueule de bois au finish ? Ce samedi 27 novembre 2010, à l’approche du crépuscule, à l’heure du thé, sur l’autoroute menant à l’autogare de Sogoninko en Commune VI du District de Bamako, une situation anodine mais qui se banalise de jour en jour se produisit. Un véhicule Sotrama, bourré comme un oeuf, s’arrête tout d’un coup à l’arrêt de la bifurcation AGRI 2000. Tous les passagers dans la précipitation la plus affolante s’extirpent du véhicule. Aussitôt, l’apprenti chauffeur est pris à parti par ces derniers. Le jeune a frôlé le lynchage public. Du tollé qui s’en est suivi et aux cris et différentes vociférations, il a vite été établi le caractère d’indiscipline et de manque de respect du jeune homme envers les passagers. Cette nouvelle « mode d’indiscipline », on la retrouve chez la plupart des jeunes actuellement surtout en transport en commun. A croire que les uns et les autres se vouent mutuellement une farouche inimitié sans commune mesure. Car, voyez-vous, les uns et les autres s’accusent mutuellement et de manière indirecte, sur leur situation de précarité pernicieuse qui, en réalité devient de plus en plus collective. A cet état d’esprit collectif de «je t’aime moi non plus», il faut ajouter l’autre nouvelle mode, vestimentaire celle-là, made teenagers : faire baisser le pantalon en Yankee et laisser apprécier la qualité de la culotte en dessous. Ce jeu est plus exacerbé chez les jeunes filles qui y ajoutent une inscription volcanique du genre «prête », «veux-tu », «suis-moi ». A la limite, c’est purement et simplement assimilable à du harcèlement sexuel silencieux. Une situation anodine que vivent les populations sans broncher.

A l’exclamation d’un badaud de la mésaventure de la Sotrama « Ah ! Grand Dieu, ces jeunes d’aujourd’hui, le Mali mérite-t-il cette déconfiture intégrale de la société !? » Un vieillard qui était parmi les spectateurs de se précipiter sur un ton militaire « Ah que si! que si! C’est une question d’éducation. Tout petit, on nous disait d’avoir l’amour de l’autre, de le respecter dans son intégrité physique. En plus, on nous mettait en garde de toucher, a fortiori prendre quelque objet que ce soit qui ne nous appartiendrait pas. Et une fois en fonction au service de la nation, de donner le bon exemple : travailler honnêtement, dignement et ne jamais prendre un rotin sur le denier public. Vois le comportement de ceux-là dans les services qu’ils volent au vu et au su de tous. Vous le méritez, et plus encore, pour n’avoir pas choisi les dignes fils de ce pays Regarde, cette nébuleuse qui entoure l’affaire du Fonds du palu et de toutes ces traînées de… casseroles que nous entendons à longueur de journée sur ces radios libres que je félicite et qui nous donnent l’occasion de nous exprimer. C’est tout simplement révoltant ». Bile vidée. Il n’y a rien à redire ! Sauf que moi, Jokèlè, j’adore le Végal, persona non grata du cercle restreint des preneurs de trois normaux de thé de Farako, surtout ses différents rapports. J’espère que le retour de cette idylle ne sera pas le genre « moi non plus ». C’est vrai que les Kolobakari et les Sankaranka ne font point dans du louche, mais plutôt dans du pas touche. Ce qui se ressemble…

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