Le découpage électoral n’est pas fini, terminez-le et affichez les listes d’électeurs devant chaque bureau de vote ; recourrez également au comptage manuel conformément aux dispositions du code électoral, centralisez les résultats des circonscriptions en présence de la Ceni, de l’administration et des délégués des candidats ; mettez à la tête de la Ceni des personnalités de la société civile à la place de deux des vice-présidents de cette institutions qui seraient des militants de la coalition Cellou Président ; sanctionnez d’abord les membres de la Ceni qui avaient été convaincus de fraudes lors du premier tour ; appliquez les mesures correctives convenues avec les candidats.
La déclaration, d’hier 7 septembre, de l’Alliance Arc en Ciel qui roule pour Alpha Condé, pourrait ressembler à une annonce de boycott dans tout pays lisible et prévisible. Surtout, à onze jours de l’échéance.
La Guinée, malheureusement, échappe aux grilles de lecture classique. Point n’est besoin cependant de boule de cristal pour anticiper l’argumentaire du RPG au soir plus que probable d’une défaite que son leader n’avait probablement jamais envisagée. Il tournera -cet argumentaire- autour de quelque chose comme : « nous n’avons jamais fait mystère de nos revendications ; elles n’ont pas été entendues ; par conséquent, nous ne reconnaissons pas les résultats du second tour ».
Alors, ce sera une crise post-électorale plus ou moins sérieuse, selon la détermination des contestataires et le pouvoir de dissuasion du gouvernement de transition. Le vainqueur sera installé entre barricades et pneus enflammés comme c’est souvent le cas en Afrique et voilà, la Guinée, aura perdu le bénéfice qui paraissait pourtant réalisable, il y a seulement quatre mois, d’une élection paisible et peu contestée.
Tout le monde, sauf Jean Marie Doré qui ne pouvait pas, hélas, de sa position de Premier ministre, éviter d’être accusé de chambrer le jeu pour son seul ego, a préféré l’élection tout de suite plutôt que plus tard. Au nom de la nécessité de redonner très vite à la Guinée un ordre constitutionnel. L’ordre constitutionnel est presque-là. Mais il pourrait inviter, hélas, le désordre social.
Adam Thiam