Gouvernance politique au Mali : IBK et sa justice à double vitesse !

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La population de Niono, très remontée contre les agents de la police opérant dans la ville, a fini par manifesté violemment sa colère en incendiant le  jeudi 19 septembre, le commissariat, tuant le commissaire de police Issiaka TOUNKARA, on déplore aussi  la  mort  d’un manifestant et plusieurs blessés. À en croire  le Journal Mali Horizon qui commente l’événement dans sa parution   n°89 du mardi 24 septembre 2019, cette violente manifestation de colère est survenue après que le maire eut ordonné une mission de contrôle de vignettes à la veille  de  la fête de la Tabaski.

La mairie s’est fait épauler  par la police dans cette mission. Et selon des témoignages, il y a eu un incident au cours de cette opération : un policier a sifflé un motocycliste, qui a refusé d’obtempérer, par finir, il lui a assené   un coup de pied, à terre le motocycliste a eu une fracture à la jambe. Quand la population a été informée de la situation, elle s’est vite regroupée pour aller à la mairie protester vivement. Cette manifestation a été dispersée sur ordre du commissaire. La population de Niono a  alors envahi les rues en brûlant des pneus. Le lendemain, la mairie a suspendu l’opération du contrôle de vignettes pour calmer la tension et baisser le curseur du mécontentement des jeunes, en présentant  même des excuses à  population et aux notabilités de la ville. Mais plusieurs centaines de jeunes manifestants ont demandé l’arrestation  du policier et  qu’il soit traduit en justice, ainsi que la mutation du commissaire de police Issiaka TOUNKARA. La population exigeait le départ du commissaire et l’application de la rigueur de la  loi au policier en question. Pour certains élus de Niono, le ministre a précisé qu’il a envoyé le gouverneur et le directeur général de la police suite à la tension et qu’il voulait satisfaire les préoccupations de la population, qui était de relever le commissaire et de sanctionner le policier conformément à la loi afin de ramener le calme. Mais il semble que cette volonté de la hiérarchie de satisfaire les préoccupations de la population a pris du retard. Le commissaire a fini par rejoindre   Bamako. Toute chose qui a entrainé le calme pendant  un moment jusqu’au retour du commissaire à Niono quelque temps après.

Et le commissaire décrié a été finalement renvoyé à sa fonction  à Niono par ses patrons. Il y serait revenu dans la journée du mercredi 18 septembre. Et le lendemain, plusieurs centaines de jeunes se sont organisés pour protester et organiser de véritables émeutes pour s’en prendre au commissaire. Le pire est donc arrivé et le jeune commissaire a perdu la vie avec un des policiers.

La conséquence a été que plus de cinquante personnes ont été arrêtées après une descente musclée de 15 pick-up remplis de gendarmes et de policiers sur la ville de Niono.

Mais dans tout cela, ce qui nous préoccupe est le fait que la justice travaille avec deux poids  deux mesures. Depuis 2012, les auteurs de la rébellion Touareg ont commis plusieurs crimes. Ils n’ont jamais été inquiétés, malgré qu’il y ait eu des mandats d’arrêt internationaux. Même ceux qui avaient été incarcérés pour des faits purement criminels ont été relâchés ou échangés contre des otages français à l’époque.

Ensuite, ils ont été invités au Palais pour diner avec le Président de la République, ils étaient sous bonne garde, et à leur retour, au moins chacun a empoché  une centaine de millions, histoire d’aller entretenir leurs bases. Les dirigeants font les yeux doux aux auteurs des rebellions successives malgré leurs cortèges de crimes, parce que dans les régions du nord, l’État n’est pas seul à disposer de la force légitime et régalienne, les rebelles  eux aussi en disposent, au même titre que  l’État. Ceci explique cela alors !

Si l’on constate que les simples marches, et les dénonciations des actes de corruption dans l’administration et dans l’armée à l’image  de ce que fait  RAS BATH et les simples marches de  protestation pacifiques sont punies avec la dernière rigueur, cela nous fait dire que dans cette histoire de justice malienne  il y a deux poids,  deux mesures .

Aucun rebelle touareg n’est en prison au Mali, pour cause de rébellions ou atteintes aux droits de l’homme tel que les viols et autres exactions. Dieu seul sait combien de femmes, de jeunes filles ont été violées  de la rébellion de 2012  à aujourd’hui,  quel a été le sort de nos soldats (116) qui se sont sacrifiés et dont le résultat a été le  massacre d’Aguelhok le  24 janvier 2012. Où en est-on avec l’arrestation et le jugement de ces bandes de criminels qui ont commis cet acte ?

Dioncounda TRAORE, président de la transition, a été tabassé et laissé pour mort jusque dans son Palais à Koulouba en 2012 sans que les vrais acteurs ne soient identifiés et traduits en justice jusqu’à ce jour. Il y a eu le cas de l’Imam YATTABARE qui a été poignardé à mort. Jusque-là aucun résultat. Le journaliste Birama TOURE a été séquestré et assassiné en janvier 2015. Jusque-là bien que les coupables soient connus, il n’y a eu aucune justice. Il suffit que les populations du sud se révoltent contre une injustice, pour que des bataillons soient mis en mission pour les bastonner. C’est vrai qu’il est reconnu que les peuples dociles sont piétinés et ceux qui se révoltent sont amadoués et favorisés.

Il est vraiment temps que l’on puisse parler de cette justice à deux vitesses qui continue à fragiliser l’État malien.

Encore dans le cadre de la mise en œuvre de la justice à double vitesse, une loi d’entente nationale n°2019-042 du 24 juillet a été votée le 24 juillet dernier de manière tout à fait cavalière à l’Assemblée Nationale dans sa deuxième version.

Une loi scélérate votée par un Parlement à légitimité contestable et contestée. Les maliens, en tout cas en ce qui concerne les plus avisés qui ont pu lire la perfide loi, même à la diagonale, demeurent tétanisés face à l’incroyable contenu de ce qui est rondement appelé « loi d’entente nationale » censée assurer la réconciliation nationale, la stabilité, la quiétude et le développement à une République exsangue qui en a tant besoin. C’est qu’en réalité la fameuse loi adoptée à la hussarde, sans consultation préalable du peuple pour un enjeu aussi majeur, est un chef-d’œuvre de diktat et de viol de la justice. L’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est bien connu. Autant la loi n°2019-042/du 24 juillet est une disposition « légale » qui viole les principes de droit et de justice en accordant l’absolution totale à tous ceux qui ont porté les armes contre la patrie malienne.

Parce que : en ménageant en plus des subsides importants à ceux qui, hier tout près, ont endeuillé le peuple malien avec une rare cruauté. Cette loi est une prime aux crimes.

La formulation du contenu de cette loi, qui a l’air de sortir tout droit du ventre de la loi algérienne du même nom conçue pour juguler les affres du djihadisme armé dans les années 1990, ne laisse aucune ambiguïté quant à la volonté de notre État, en particulier le Président Ibrahim Boubacar Keïta, d’accorder de la virginité aux acteurs des mouvements armés irrédentistes, au nom de ce que l’on appelle « Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale, issue du processus d’Alger, signé à Bamako les 15 mai et 20 juin 2015 entre le Gouvernement du Mali et les Mouvements signataires …

Il est légitime de se demander pourquoi l’État malien juge nécessaire de se doter d’une loi dont la mise en œuvre garantirait l’impunité à des milliers d’auteurs de violations graves des droits humains. La question est d’autant plus pertinente qu’à ce jour, le bilan des efforts pour sanctionner les graves crimes commis dans le cadre de la crise de 2012 est presque nul. La loi renforcera une impunité déjà  totale, et ne fera qu’alimenter le cynisme des victimes.

Dans ce Mali, tout est possible avec un président qui a trahi depuis son peuple. Cependant, pour éviter tout risque il doit s’assurer tout d’abord que le ministère de la Défense est très loin du Palais !

Badou  S  KOBA

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