Gouvernance démocratique en péril : IBK peut-il relever le défi de la répression systématique ?

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Certaines incohérences et le manque de cohésion de l’opposition laissent la latitude au pouvoir de s’inscrire dans la répression des manifestations. Cette dynamique peut-elle prospérer pendant longtemps dans l’hypothèse d’une révolte populaire ?

maliweb.net Pour étouffer les contestations qu’essuie sa gouvernance, IBK semble opter définitivement pour la manière forte. Et son Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, est résolument à la manette à travers le ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile et le gouverneur du district de Bamako, qui se plaisent à réprimer les manifestations des opposants. C’est au point que le gouverneur a fini par définir les aires géographiques où il est susceptible d’exercer le droit à la manifestation, une liberté fondamentale conquise en 1992. Le Gouverneur a ainsi quasiment interdit désormais toute manifestation (contestataire) au centre -ville de Bamako et interdit un meeting politique à la Bourse du Travail (lieu symbolique du mouvement démocratique au Mali). Ce qui constitue une première dans l’histoire de la démocratie malienne.

A travers ces scènes de répression, le régime IBK met en péril l’exercice des libertés démocratiques, sans lesquelles son avènement aux affaires n’aurait jamais été rêvé. Et le risque majeur que ce système de gouvernance fait courir au pays est une forte d’adversité qu’il développe entre forces de l’ordre et populations. C’est en cela que l’on se demande quel est le dessein véritable du duo IBK-Soumeylou Boubèye Maïga.

En provoquant des blessés et en opérant des interpellations régulières parmi les manifestants, le pouvoir instrumentalise petit à petit les forces de l’ordre, qui finiront par voir en les forces vives des ennemis.

Or, il est possible que l’on enregistre dans le pays des protestations d’ordre social c’est-à-dire des mobilisations de couches laborieuses, d’organisations associatives ou professionnelles pour diverses doléances. A titre d’exemple, la manifestation prévue par le CDR ou des protestations à Bafoulabé ou certaines révoltes peuvent constituer, dans ce contexte de tension, une manière de jeter de l’huile sur le feu.

C’est pour éviter de préparer une sorte de cocktail molotov dans le subconscient des populations que les défenseurs des Droits de l’Homme montent déjà au créneau. « Suite à l’arrêté n°57/GDB.CAB du 04 décembre 2018 de monsieur le Gouverneur du District de Bamako interdisant les manifestations publiques sur certains lieux et itinéraires, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) rappelle que la liberté de manifester pacifiquement sans troubler l’ordre public participe de l’exercice démocratique et constitue un droit fondamental des Droits de l’Homme. Il en résulte que même en période d’état d’urgence, toute restriction à ce droit doit satisfaire les conditions de nécessité et de proportionnalité. Or, la CNDH observe que jusqu’ici les interdictions de manifestations publiques ont davantage généré de troubles qu’elles n’ont contribué à les prévenir. », alertait le président de la CNDH, Me Malick Coulibaly. Avant de « condamner toute violation du droit à la liberté de manifester ;
appelle le Gouvernement à l’observance de ce droit constitutionnel ;
invite les forces politiques et les organisations de la société civile désireuses d’entreprendre des manifestations publiques dans les zones et itinéraires concernés à inscrire leurs actes dans la légalité, en usant plutôt des voies de recours prévues par la réglementation en vigueur ;exhorte l’ensemble des forces vives à créer et maintenir un climat politique apaisé dans l’intérêt supérieur de la nation malienne. »

On en déduit alors que cette répression et ces interdictions des manifestations ne sont pas dans l’intérêt de la nation malienne en crise. Elles contribueront à coup sûr à, non seulement éroder l’unité nationale, mais à créer un climat de méfiance et d’adversité exacerbées entre au moins une partie de la population et ses dirigeants d’une part et entre le peuple et les forces de maintien d’ordre.
Sans oublier de relever que la répression continuelle peut entraîner une révolte plus grande susceptible d’entraîner des conséquences non souhaitables.

Boubou SIDIBE / maliweb.net

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