Effort d’alphabétisation du gouvernement malien : La récompense

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Le Gouvernement du Mali a toujours fait de la lutte contre l’analphabétisme la priorité de ses priorités comme le témoignent l’institution  du Programme Vigoureux d’Alphabétisation (2007) et la création du Département de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales en République du Mali. Aujourd’hui, des résultats tangibles et palpables sont là. Des Maliens et des Maliennes sont désormais non seulement capables de lire, d’écrire et de calculer dans nos langues mais aussi et surtout de produire. Il y en a qui viennent d’être primés avec l’indéfectible soutien des partenaires techniques financiers, en particulier la Fondation pour l’Enfance, la Fondation Stromme, le Plan Mali, et l’UNESCO. La cérémonie de remise des prix s’est déroulée le jeudi 24 décembre à l’Institut des langues et de l’alphabétisation.

 

Prévue pour 9H00, la cérémonie de remise des prix ne peut commencer. Monsieur Samassékou de la DAF du ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales se fait désirer : « Samassékou, moi, je suis ton père. Je suis ici. Le Chef de Cabinet  est ton père. Il est ici. …Tu ne peux pas être en retard pour une cérémonie qui commence à 9H. Le travail commence à 7H30mn. C’est anti-républicain » remarque au téléphone Monsieur Youssouf Diakité, Conseiller Technique au même Département, il est vrai, sur le ton de la plaisanterie mais avec quelque part de la gravité.

A 9H11mn, la Cérémonie s’ouvre. Le désordre dans la salle est indescriptible : « La séance est ouverte », rappelle le chef de Cabinet, Monsieur Adama Coulibaly visiblement déconcerté. Peine perdue : « La séance  est ouverte », insiste-t-il auprès des participants. Cette fois-ci, la cérémonie de remise des prix d’alphabétisation peut effectivement commencer. Le Maître de cérémonie, Monsieur Sabou Dorontié s’installe,  donne le programme et passe la parole à Monsieur Mama Pléa représentant du Directeur et représentant du Bureau Multi pays de l’UNESCO à Bamako, Monsieur Juma Shabani.

 

Monsieur Mama Pléa a ainsi commencé par un rappel historique des prix d’alphabétisation décernés par l’UNESCO. Créé et attribué sur suggestion du gouvernement iranien, en septembre 1965 à Téhéran, le Prix International d’Alphabétisation, « récompensant des œuvres méritoires dans le domaine de la lutte contre l’analphabétisme » pour citer Monsieur Mama Pléa, a fait du chemin. Il s’est multiplié par au moins cinq et a donné naissance au Prix Association internationale pour la lecture en 1979, au Prix d’alphabétisation Noma en 1980, à deux Prix d’alphabétisation Roi Séjong en 1989 et au Prix international d’alphabétisation Malcolm Adiseshiah en 1998. Reconnaissant l’excellence et l’innovation dans le domaine de l’alphabétisation à travers le monde, les prix d’alphabétisation se sont ramifiés à l’échelle nationale. A l’image des prix internationaux, les prix nationaux d’alphabétisation « dénotent des efforts des gouvernements concernés », y compris le gouvernement du Mali comme le témoigne la cérémonie de remise des prix d’alphabétisation. Une cérémonie « très significative dans une société faisant de moins de en moins de place pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire encore moins calculer » pour Monsieur Mama Pléa de l’Unesco qui a également tenu à « féliciter tous les partenaires impliqués dans la lutte contre l’analphabétisme » et à « remercier, au nom du  Directeur et Représentant du Bureau Multi pays de l’UNESCO à Bamako, le gouvernement du Mali pour ses efforts inlassables en faveur de l’alphabétisation, la voie royale vers l’autonomisation et le développement durable ».

 

Puis l’assistance a eu droit à la présentation des lauréats et de leurs productions. Une présentation qui a comblé et ému plus d’un dans la salle. En tout cas, le Chef de Cabinet, Monsieur Adama Coulibaly a tenu à faire partager ses sentiments : « Je félicite tout d’abord tous les lauréats ici présents pour les efforts qu’ils ont fournis pour pouvoir s’illustrer dans la production en Langues nationales en tant que néo-alphabètes dans un pays comme le Mali qui a une tradition assez ancienne dans le domaine de l’alphabétisation.

 

En écoutant les différentes productions en Langues Nationales, j’éprouve un sentiment de fierté et d’espérance sur la capacité de nos langues d’être utilisées d’une manière efficiente par écrit par nos populations analphabètes qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. ».  De même, le chef de Cabinet, Monsieur Adama Coulibaly n’a pas également manqué d’exprimer ses convictions : « Cette prestation des néo-alphabètes confirme encore ma conviction intime selon laquelle sans l’alphabétisation  notre pays ne saura se développer car les analphabètes composés de jeunes et adultes (hommes et femmes, âgés de 15 ans et plus) constituent à nos jours environ 70% de la population. Sans l’alphabétisation et les langues nationales, il est illusoire de penser même au développement aux niveaux local, régional et national de notre pays.

 

Les connaissances et compétences dormantes de nos populations ne seront mises à profit que lorsque l’Education des adultes sera démocratisée, rendue accessible aux communautés ».

Paroles de foi et d’espérance mais de fin connaisseur de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales au Mali que les participants ont bu avec un immense bonheur. Comment lier l’acte à la parole ?

 

En attendant, les lauréats ont pu savourer leur prix d’un montant de 250 000 FCFA/prix accompagnés d’une attestation de reconnaissance. Il s’agit des lauréats suivants : la Communauté Sinkarma de la Commune de Dandoli qui a reçu les hommages appuyés du Chef de Cabinet du Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales, Monsieur Mody Bamby Diarra de Somankidi (Kayes) pour la Langue Soninké, Monsieur Almahady Alassane Maïga, élève en 11ème Langues Littérature dans un lycée de Gao, Monsieur Sankaré de Mopti pour la langue peule, Monsieur Bengaly de Sikasso pour la langue sémara (sénoufo), Monsieur Ibrahim Sanogo pour la langue Mamara (Minianka), Monsieur Elysée Saye pour la langue dogon, Madame Djélika Bouaré de Ségou pour la langue bamanan et Madame Rachita Walette pour la langue tamasheq. Et, c’est déjà ça.

 

Enfin, les participants se sont donnés au revoir autour d’un méchoui accompagné de boissons sucrées et d’eau minérale. Histoire de faire oublier  les dommages collatéraux de la mauvaise organisation de la cérémonie de remise des prix d’alphabétisation tant décriée par le chef de cabinet, Monsieur Adama Coulibaly.

 

 Hawa Diallo

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