Notre pays a fête le cinquantième anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale le 22 septembre dernier dans une ferveur jamais inégalée dans l`histoire de notre pays. Des défilés militaires du 22 et civils du 23 septembre grandioses, exceptionnels et mémorables mais aux goûts de macéré de caïlcédrat. Et pour cause, l’aubaine, voire la perche qu’a tendue le Président de la République à nos concitoyens (les politiques et les victimes des différents régimes) dans le but de réconcilier tous les fils de ce pays, a été refusée le frustrant du coup.
En clair, ceux-là, je veux dire ces « grands démocrates » de mars 1991 emmenés par l’ex Président Alpha Oumar Konaré qui s’étaient réunis lA veille des cérémonies du 22 septembre ont juré que ce jour ne sera pas l’occasion à l’ex Chef d’Etat, Général Moussa Traoré de s’adresser à nos compatriotes pour se faire pardonner.
La visite quelques heures avant le défilé militaire du 22 septembre qui a vu une dizaine de Chefs d’Etat et de délégations assistés, l’ex Président Alpha Oumar Konaré à en croire nos informations a été dépêché par ses camarades du parti ADEMA PASJ, les caciques pour « mettre en garde » le Chef de l’Etat de ne pas permettre au Général Moussa Traoré d’accéder à la tribune officielle. Est-ce pour cela que son discours du 17 septembre dernier a été purement et simplement censuré par l’ORTM ? En tout cas jusqu’au moment où nous bouclons cette édition son adresse depuis le quartier de Djikoroni Para où il habite, n’a pas été diffusée ?
A voir de près, cet agissement de ces « démocrates » qui ont eu à diriger ce pays de 1992 à 2002, vise deux objectifs bien précis à savoir : – empêcher à l’ex Président Moussa Traoré de s’expliquer devant ses compatriotes et demander pardon car, il faut le dire son règne de 23 ans a été semé d’embûches et d’erreurs ; secundo, faire capoter à ATT, cette chance d’être le père de la démocratie malienne lui que ses détracteurs qualifient de « néophytes » mais qui est parvenu jusqu’à preuve du contraire à gérer le Mali de 2002 à ce jour sans tuer, ni embrigader des citoyens ou les torturer à quelques exceptions près. En clair, ce coup de Jarnac réussi par Alpha et ses camarades contre ATT, c’est contre le peuple malien dans son ensemble car, cela n’existe nulle part dans le monde qu’on refuse à un homme d’Etat de demander pardon pour tout ce qu’il a fait comme erreurs, fautes qui ont occasionnés des morts, des blessés et des dégâts matériels. Que dire des victimes de la révolution française, d’Afrique du Sud, d’Angola ( guerre civile) de la Côte d’Ivoire, du Tchad, du Congo Brazzaville ou de la République Démocratique du Congo, du Libéria, de la Sierra-Léone, du Biaffra ( Nigéria) ? Ces peuples ont accepté se parler dans les yeux et se pardonner. Comment cela se fait-il que chez nous un groupuscule d’hommes prenne le pays en otage après avoir disposé des leviers de commandements de l’Etat dix ans durant jusqu’à ce jour ? Où est passée notre foi religieuse dans tout cela ?
Tout récemment en échangeant avec un des acteurs de mars 1991, celui-ci me confiait les larmes aux yeux que « le moment n’est pas venu pour que l’ex président Moussa Traoré, parle face aux maliens parce qu’il a exagéré. Il est vrai lorsqu’il a destitué le Président Modibio Kéïta qui emprisonné mon père, j’étais fier de lui. Mais lorsqu’il a commencé à éliminer les compagnons de celui-ci, ses propres frères d’armes ainsi que les tueries de mars 1991, j’ai été bouleversé et choqué. Nous savons que le Président ATT fait tout pour qu’il soit réhabilité. Ce dont nous ne sommes pas contre. D’ailleurs, c’est la raison pour la quelle, il a emmené au près de lui la majeure partie des collaborateurs de Moussa Traoré. Mieux, son parti UDPM a toujours existé à travers le MPR que nous n’avons jamais contesté cela sans compter certains de ses fils qui nous narguent à longueur de journée! En fait, la question de réconciliation dépasse le cas Moussa Traoré c’est que nos dirigeants, voir nos politiques veulent faire la réconciliation tout en mettant sous le boisseau la mémoire des victimes et de leurs parents. Cela est inadmissible et inacceptable. C’est cela le fond du problème. Sinon, nous sommes prêts à pardonner sachant que rien n’est éternel. Pour quoi ne pas pardonner lorsque l’on sait que le Président Modibo Kéïta aussi a fait d’énormes victimes. Il ne doit pas y avoir une politique de deux poids, deux mesures !».
Mieux, à regarder les différents programmes et activités du cinquantenaire, un accent particulier est mis que sur Modibo Kéïta et ATT comme si alpha Oumar Konaré et Moussa Traoré qui a régné 23 ans durant, n’existent pas. Je pense que ce cinquantenaire est une occasion de faire le bilan exhaustif du parcours et du règne de tous les Présidents qui ont dirigé ce pays de 1960 à nos jours.
En tout cas, l’occasion ratée que l’on vient faire loupée au Président ATT pèsera sur l’avenir de notre Nation et de notre démocratie ; Même dans les plus grandes démocraties, le pardon existe et a été fait avec la manière. Mais au Mali ils veulent nous réconcilier sans pour autant crever l’abcès. Cela sera impossible. Il faut le dire. D’où ce goût de macéré de caïlcédrat donné par les festivités du cinquantenaire.
Bokari Dicko