Editorial : Un tour de la capitale en Sotrama

3

Priii, priii, pri ! Le véhicule s’arrête à une distance plus ou moins longue. Approche aussitôt un policier correctement habillé, fait la traditionnelle salutation. Le chauffeur esquive. Les passagers,  impatients jettent des regards de mépris sur la scène qui se déroule sous leurs yeux. Cela fait déjà 45 min que nous sommes à bord du SOTRAMA.  Certains laissent échapper de temps à autre un soupir de dégout. Le chauffeur de la SOTRAMA (Société de Transport Malien) tend un billet que le policier attrape de façon très subtile. Impossible de connaitre le montant,  en tout cas, pour l’identifier, il faut être  extrêmement vigilant. Par contre moi, je peux sans me tromper vous le dévoiler: c’est la modique somme  500 francs CFA.  Pièce ou billet ? Non, cela  n’est pas un détail important mais que cela reste entre nous dèh !  Après,  l’agent glisse discrètement le butin dans une des grandes poches de sa tenue qui semble être taillée pour la circonstance.

Cette  scène,  vous l’avez certainement vécu  dans la circulation. C’est la pratique quotidienne de nos forces du désordre. (Les forces de l’ordre étant plus intègres et crachent sur le racket)  Racketter les usagers est devenu chose courante voire même tolérée jusqu’au point où cela se passe de façon insolente et impunément. Bien  que conscients du phénomène, les responsables ne semblent  pas faire de cela un problème. Ainsi, les véhicules de transport en commun distribuent de l’argent en longueur de journée. « Mon frère,  que tu veux où pas, tu es obligé de donner au moins 500 CFA au policier. Que tu sois en règle ou pas, ils ont toujours une formule pour  te soutirer de l’argent» me lâche le chauffeur de SOTRAMA  à côté duquel j’étais assis qui, semblait deviner ma pensée. Curieux, j’ai voulu en savoir plus ? Même si tu es en règle tu dis ? M’étonnai-je.  Il répond (un peu agacé) «  Mon cher,  je te dis que ton histoire de  règle là, c’est leur dernier souci. Tu ne sais pas peut-être qu’ils ont la liste de tous ces véhicules de transport en commun que tu vois dans la circulation. S’ils te ratent en allant,  au retour, sois sûr qu’ils t’auront en moins que tu acceptes de gâcher ta journée. »

Un peu devant, je vois un autre policier occupé à poursuivre un véhicule personnel  qui portait  une de ces fameuses immatriculation « CH ». Au premier regard, on se croirait dans une série  policière. Il parvint à rattraper le chauffeur après une course sans merci. Alors s’engage une vive discussion entre les deux hommes. Quelques minutes plus tard,  le chauffard tend quelque chose à l’agent, qui la glissé soigneusement dans sa poche,  fait un salut et disparait tout souriant. Finalement tout ça pour ça.  Une heure venait de se couler entre mon point de départ et mon lieu d’arrivée. Nous voilà  enfin au marché rose de Bamako, et c’est là que je devais descendre. Je fais signe au chauffeur qui sert le côté droit.  Je descends, juste devant l’agence Ecobank, un autre usager cette fois-ci un jeune motoclyste, suppliait,  presqu’à genoux,  un policier. Là, je n’ai pas pris le temps d’en savoir plus. Je me confonds à  la foule.  Ma longue journée venait de commencer.

Amadingué Sagara

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. Il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs. Que le Malien commence d’abord à se mettre en règle vis à vis de la loi avant d’accuser les policiers. L’etat voyou dans lequel nous vivons encourage l’incivisme. aucun vehicule de l’etats ou de ses representant n’a une immatriculation.
    Ce pays va vers sa fin, a moins que les freedom fighters ne descendent dans les rues pour donner une bonne correction au peuple pourri et incivique ainsi qu’a leurs leaders boffons

  2. Le directeur de la Police Nationale est le 1er responsable après c’est IBK et en troisième lieu nous même population de corrupteurs. Il faut que ça cesse. Tout le monde est au courant, on rapporte ces faits tous les jours mais rien ne change.

    A tous les usagers svp, même si on est pas en règle, il faut pas donner de l’argent aux poulets pardon Policiers. ayons le courage de prendre les reçus de contravention que la plus part de policier n’a pas, et payer au guichet de la CCR. au moins ça ira dans les caisses de l’Etat et on sera en règle en même

    il ya encore des Hommes intègres dans la police comme le Rougeo au GMS, je ne l’ai jamais vu mais tout le monde s’accorde a dire k’il est reglo donc il est reglo. Chez lui au moins y a pas de favoritisme ni rien. on a besoin de plus de gens comme ça.

    A BAS LES CORRUPTEURS ! A BAS LES FLICS RIPOUS ! Vive LA TRANSPARENCE ET L’EXCELLENCE

  3. Vendredi 22 mars 1991à Kita il était à peu près 14 heures et on venait d’appliquer pour la toute première fois ” l’article 320 ” ( 300f le1/2 litre d’essence et 20f pour la boîte d’allumettes) et bruler vif un Malien, pardon un policier et cela a été l’élement déclencheur de la prise de conscience des agents véreux de la corporation. Aujourd’hui cela est loin derrière et semble une leçon hors programme, que nenni.
    On dit souvent que ” trop c’est trop” et le passé doit illuminer le présent et non le contraire.
    Loin d’une incitation à la violence mais la sagesse de l’histoire doit être de mise pour une paix sociale durable et rêvée de tous.

Comments are closed.