Éditorial : Salif Keïta ‘’Domingo’’, un patriote malien, un messager africain

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Triste samedi, 02 septembre 2023, vécu par tous, au Mali comme en France, en Allemagne comme en Espagne, en Indonésie comme aux Etats-Unis d’Amérique, au Brésil comme au Cameroun, à Conakry comme à Abidjan, encore et encore ! Salif Keïta, l’exceptionnel virtuose du ballon rond, qui ne cessera jamais d’être la mesure pour les grands talents du football, passés, présents et à venir, Pélé, Eusobio Da Silva, Mekhloufi, Maradona, Messi, Ronaldo, etc., a tiré sa révérence. Au bel âge de la vieillesse, 77 ans, il quitte pour de bon ses enfants et ses petits-enfants, son pays, son Afrique, le monde, qui l’ont tous tant admiré. Rien à faire, ainsi va la vie, toute âme goûtera la mort. Sans être prophète ni ange, l’enfant de Ouolofobougou restera un modèle à enseigner aux générations à venir. Salif Keïta dit Domingo n’est pas qu’un talentueux footballeur. Il est, à travers le sport (il a aussi joué au handball), un Messager, c’est-à-dire un homme correct chargé d’inviter les humains à la vertu. Cette mission, il l’incarnera jusqu’à la fin de sa glorieuse vie. Nul ne pointe contre lui la moindre frasque qui fait honte.

Né après la deuxième Guerre mondiale, en 1946, son adolescence se passe quand de charismatiques leaders africains revendiquaient pour leurs pays et leur continent l’indispensable décolonisation, la souveraineté en un mot. En 1960, alors qu’il n’a que 14 ans, le Mali, son pays, soucieux d’une indépendance réelle, crée le mouvement national des pionniers, creuset pour apprendre aux enfants les valeurs cardinales du civisme et du patriotisme. Salif en sera pétri. Adolescent, il devient un prodige précoce, sélectionné à 16 ans dans l’équipe nationale où les aînés l’accueillent avec espoir et vénération. Domingo est à la hauteur, le jeune homme est un modèle de politesse, qui a l’amour de la patrie vissée au cœur. Sa carrière l’amènera ensuite à Saint-Etienne où, nous apprend-t-on, il suffit toujours de prononcer son nom pour que l’on vous offre gracieusement un verre. Bref, Salif Keïta ‘’Domingo’’ est une gloire inextinguible. Ce patriote malien, au-delà d’être un pédagogue pour tous, est aussi un Messager africain, sans doute le plus grand que le continent a connu. Salif Keïta ‘’Domingo’’ refuse en effet la nationalité française, de cette France qui souhaitait par son talent obtenir la coupe du monde de football, à une époque où les Pélé et autres étaient des vedettes incontestées. Il explique son choix de demeurer un Malien pur jus, la gloire et la fortune étant secondaires pour lui : « Le Mali est une jeune nation et, au-delà du football professionnel, mon avenir est là-bas. Que penseront tous les jeunes africains qui m’idolâtrent si j’acceptais aujourd’hui ne plus être malien à part entière ? » Il était un jeune dans les 25 ans et quel patriote que l’on aimerait voir réincarner dans des millions de jeunes Maliens aujourd’hui ! Une invitation du Président Georges Pompidou à l’Elysée, qui l’entretiendra durant près de deux heures (01h45mn), une durée d’audience jamais accordée, hier et aujourd’hui, à un chef d’Etat africain dans le saint des saints de la France, ne le fera pas changer d’avis. Domingo est un Malien, il le restera, c’est au Mali qu’il reviendra et il vient d’y rendre l’âme.

Salif Keïta est un Messager. Au Mali, à l’Afrique, à la jeunesse, il a délivré des messages qui méritent d’être compris et assimilés. A la fin de sa grande carrière, il reprend le chemin de l’école, pour une formation académique. C’était une première publiquement administrée pour que l’on sache qu’il faut se perfectionner sans cesse, le savoir est indispensable pour l’homme et pour la nation. Domingo a aussi montré, de nouveau dirons-nous, la voie de l’intégration qui ne doit pas être abandonnée. En effet, quand est venue pour lui l’heure de décrocher avec le football professionnel, il organise son jubilé, une première en Afrique. Les matches se passent à Abidjan, à Bamako et à Conakry (ABC) parce que, sans le dire, les Africains, au-delà des contingences de pays, sont des frères : la Côte a des frontières avec la Guinée-Conakry qui en partage aussi avec le Mali, lequel est aussi limitrophe de la Côte d’Ivoire. Son pays partage ensuite des frontières avec l’Algérie, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal. Quelle géographie intégrationniste ! Salif Keïta, ce n’est pas tout. Appelé comme ministre dans le gouvernement de Transition de 1991, la première des choses qu’il mettra en avant, c’est de déclarer ses biens avant de prendre fonction, une première au Mali. Histoire d’appeler les citoyens, surtout les gouvernants, à la probité. Les Maliens verront bien les autorités de la Transition l’immortaliser par quelque chose de grandiose avant l’entrée effective dans la quatrième République.

 

Amadou N’Fa Diallo

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2 COMMENTAIRES

  1. Il a été d’une culture d’exemples qui aurait beaucoup inspiré des générations ici et d’ailleurs. Il était universel. Je me rappelle qu’à chaque fois que j’ai eu la chance de voyager en Afrique et ailleurs, Dieu merci une certaine génération me posait la question et même dans le taxi de savoir d’où je venais? Quand je répondais Mali, les yeux illuminés la seconde question qui tombait : Et Salif KEITA ? Pour vous dire qu’il aurait été de ces monuments universels, adoré et adopté de tout le monde, bref une référence pour bien de générations pour ne pas dire une des cartes de visite du Mali… Un des plus valeureux connus et adoptés de la planète sport, pour ne pas dire du monde entier, pour ne pas dire l’universel comme Tombouctou… Une ÉCOLE…Paix à son âme

  2. Dialloke merci pour la lumière, en effet Salif Keita est un exemple pour les Maliens car il croyait a la sueur du front, au devoir bien accompli, et il était incorruptible, plein de vertu et de la valeur morale.

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