Editorial :Révolution virale

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La démocratie ne sera pas octroyée. Elle sera conquise once par once,  en Tunisie comme en Egypte et dans d’autres bastions d’autocratie et d’opulence corrompue face à la galère publique. Les insurgés vont avoir à surveiller, évaluer, s’indigner au besoin et parfois reprendre du métier pour conserver les fruits de leur admirable victoire. Mais ils doivent faire attention à ne pas jeter, par un maximalisme de mauvais aloi, le bébé avec l’eau du bain. La chute des baobabs qu’étaient Ben Ali et Moubarak n’est pas rien.

Et ces hommes-systèmes n’ont pas quitté le pouvoir parce qu’ils en étaient fatigués mais parce qu’ils ne pouvaient faire autrement. Ils ont entendu une houle qu’ils n’ont pas prévue, et ils sont partis pour ne pas être broyés par la lame de fond de ce qui est bel et bien une révolution. La table rase  est cependant impossible, irréaliste et peut-être dangereuse.
rnd’ici à l’ élection où les civils auront toutes leurs chances, seule une transition rythmée par les dignitaires les moins décriés du système sortant semble possible pour allers dans les meilleurs délais vers l’alternance puis idéalement vers l’alternative.

C’est-à-dire une société ouverte, des institutions dignes et indépendantes, des contre-pouvoirs qui s’assument et la démocratisation du bien-être.  Dans ce sens, Obama a raison : plus rien ne sera comme avant. Ni en Tunisie, ni en Egypte, ni ailleurs sur le continent ou en dehors dans la mesure où l’Afrique du Nord a produit une belle jurisprudence : l’armée ne tire pas sur son peuple.

Un nouveau paramètre de gouvernance  s’impose ainsi avec la force de la contagion et la pertinence des griefs, partout où élection rime avec fraude, pouvoir avec pillage, liberté avec prison, jeunesse avec chômage, et famille avec désarroi. Mais le nouveau paradigme ne vaudra pas que pour les pays en ébullition. Il vaudra aussi pour l’Occident.
rnCar plus que la démocratie, l’exigence aujourd’hui est celle de la morale et de l’équité. Il faudra donc qu’Israël cesse d’être la seule aune valable pour la Maison Blanche et pour les palais européens, la seule finalité de leur politique extérieure. Il n’y a pas de paix durable à vouloir les effluves de jasmin sur la nation arabe en particulier et  renforcer l’écran de fumée autour de l’Etat sioniste.
rnCar une grande partie des rancoeurs et du déséquilibre actuels du monde tire  sa justification de la paille qu’on ne tolère pas dans les yeux des autres alors qu’on ne voit pas la poutre qu’il y a dans les yeux d’Israël. L’islamisme n’a pas d’autre terreau et franchement la frontière est si ténue entre les néo-conservateurs et les Frères musulmans.
rnAdam Thiam
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