Le président français Nicolas Sarkozy dont la faconde n’a d’égale que son hyperactivité déclarait lors d’une de ses interviewes à TF1 que les Français l’ont élu pour agisse, pour qu’il apporte des solutions et non pour qu’il commente les problèmes. Pour le moment il n’a pas les succès souhaités mais il tente de mettre en marche les réformes promises et d’améliorer le pouvoir d’achat de ses compatriotes. Ceux qui nous dirigent devraient s’inspirer de Sarkozy. Non pas dans son activisme débridé mais dans sa philosophie qui consiste à ne pas perdre son temps à commenter les problèmes au lieu de chercher à les résoudre.
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La rentrée judiciaire consacrée cette année au rôle du juge des comptes dans la bonne gouvernance a offert l’occasion, une fois de plus, aux différents protagonistes de parler des goulots d’étranglements, des problèmes ambiants, de la corruption tentaculaire. Mais force est de constater que les commentaires, dans le domaine de la lutte contre la corruption, ont encore un bel avenir devant eux. Les Maliens ont entendu leur président de la République, premier magistrat, dépeindre la corruption sous ses différentes formes ; ils l’ont entendu dresser le constat de la rupture de confiance entre les citoyens et certaines institutions du fait de la corruption ; ils l’ont entendu plaisanter sur les dossiers de Justice qu’on retrouve vides ; ils l’ont entendu rigoler presque sur le fait que les mailles de la Justice ne retiennent que le menu fretin ; ils l’ont surpris « minimisant » les rapports produits par les différents services de contrôle ; ils l’ont également entendu apostropher les juges qui instruisent, qui jugent et qui condamnent. Les Maliens ont écouté les juges se plaindre de leurs conditions de travail ; ils se sont intéressés au propos du bâtonnier regrettant à la limite le manque de volonté politique dans la lutte contre la corruption.
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Beaucoup de Maliens se disent aujourd’hui que leur président de la République parle trop et agit peu. Ses recommandations pour l’observance des règles en matière de justice particulièrement en ce qui concerne la présomption d’innocence devraient profiter également au menu fretin qui croupit dans les geôles. C’est vrai que le spectacle ne sied quand on travaille ; il est également vrai que l’instruction judiciaire déteste la publicité. Mais en contre partie, cinq ans de lutte contre la corruption devrait produire autre chose que des rapports qu’on a beau jeu de vouloir défaire. Quel spectacle y a-t-il de plus affligeant que de voir ceux pour qui le peuple a voté afin d’apporter des solutions se complaire à commenter les problèmes ?
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Il en est de même pour la question du Nord revenue au devant de l’actualité à la faveur de la visite que le président de la République a entreprise en Algérie. Les problèmes du Nord sont connus, que ce soit le mal développement ou les conflits qui s’y greffent. Dans les deux cas, les solutions ne manquent pas. Les projets destinés à soulager les populations sont le plus souvent aux mains de véritables prédateurs que rien n’inquiète, surtout pas leur conscience. Pour ce qui est des conflits, il y a un temps pour la carotte et un temps pour le bâton. A défaut de faire parler le bâton, on ne garantit pas l’impunité encore moins la promotion aux fauteurs de troubles.
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On peut multiplier hélas à profusion les cas où les commentaires l’emportent sur l’action. A trop parler, à trop commenter, à trop persifler, l’action politique perd en crédibilité.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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