Le fait est suffisamment rare pour qu’on s’y attarde : un ministre de la République, mis en cause dans ses précédentes fonctions au niveau du CDE, qui voit la mobilisation du ban et de l’arrière-ban gouvernemental pour le « sauver ». Le fait est rare parce que le bonhomme n’a pas été accusé dans ses fonctions gouvernementales ; le fait est rare parce que certains de ses collègues ministres n’ont pas eu le même égard pour ne pas dire qu’ils n’ont pas bénéficié de la même solidarité alors même qu’ils ont été épinglés dans le cadre de leurs fonctions gouvernementales. « Sauver » le ministre Hamed Sow tel semble être l’objectif de la conférence de presse convoquée par la ministre Porte-parole du Gouvernement, Mme Diabaté Fatoumata Guindo, avec comme animateur principal celui qui fait l’objet d’une enquête de la part de son ancien employeur.
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On peut admirer le courage physique de l’homme. Beaucoup avant lui, y compris dans le gouvernement, préfèrent se taire convaincus que « le chien aboie mais la caravane passe ». Lui, il a choisi de prendre le taureau par les cornes en allant dans l’antre des journalistes que certains assimilent à de vulgaires terroristes. Il a pu livrer sa version de l’affaire et s’en est allé avec la sensation du devoir accompli. A-t-il la conscience tranquille ? Il l’a déclaré mais c’est la suite de l’affaire avec les conclusions de l’enquête qui le blanchira ou l’accablera définitivement. Parce que c’est bien à ce niveau que se situe le nœud de l’affaire Hamed Sow.
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Pour beaucoup de journalistes présents le vendredi dernier à la Maison de la Presse, dans cette affaire, c’est la parole de Hamed Sow contre les « dénonciations » de ceux qui sont à la base de ce qu’il qualifie de cabale contre sa personne avec en prime cette sincérité propre à ceux qui jouent les vierges effarouchées. Pour notre part, nous pensons que l’homme qui ne fait l’objet que d’une enquête administrative doit pouvoir bénéficier de la présomption
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d’innocence jusqu’à la preuve du contraire, ce, malgré la complexité d’une affaire qui
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ressemble à s’y méprendre à un plat de tô.
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Là où l’affaire nous intéresse c’est dans son caractère de jurisprudence. Pour la première fois, nous avons vu le gouvernement se déployer pour porter assistance à ministre en délicatesse. Jusqu’à la preuve du contraire, le gouvernement ne connaît pas le fond du dossier puisque les enquêtes n’ont même pas commencé. Il aurait fallu juste demander à Hamed Sow d’apporter, en tant que lui, les éclairages sur un dossier antérieur à sa nomination. Ce qui aurait été déjà une première. L’opinion qui n’a certainement pas oublié les ministres qui ont été épinglés dans leur gestion gouvernementale et même ceux qui ont été éclaboussés dans des affaires privées seraient en droit d’attendre que le gouvernement aille jusqu’au bout de sa logique. C’est en cela que la jurisprudence Hamed Sow pourrait être bénéfique pour tout le monde.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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