À l’ouverture du Dialogue national inclusif, le président de la République est apparu en rassembleur. Ibrahim Boubacar Keïta a invité chacun de nous « à rassembler nos mains pour boucher les trous de la jarre », car, « un doigt seul, quelle que grande que soit sa force, ne peut soulever la plus petite pierre ».
Nul doute qu’il s’adressait aux sceptiques en réitérant son engagement ferme : « Je me suis engagé à accompagner le mécanisme de suivi que les congressistes, en toute souveraineté, mettront en place. Je tiendrai parole. Vous le savez aussi, je me suis engagé à mettre et faire mettre en œuvre des recommandations issues de vos travaux. Je ne m’y déroberai point. Je ne suis que le serviteur du Mali ».
La gravité du moment commande un « devoir sacré d’union », car l’État sous sa forme républicaine et laïque est menacée par des forces bien décidées à lui substituer d’autres formes de gouvernance. Ces forces profitent « des fragilités » et « des tares de notre administration » pour se poser en « nouvelles légitimités » et gagner « le cœur des populations, avec un nouveau système de justice même si cela s’appelle charia… ».
La réalité du terrain fait froid dans le dos. Elle révèle que tous les efforts, toutes les actions menées jusqu’ici pour faire face à la situation ne sont guère adaptées. Les groupes armés extrémistes progressent dans leur stratégie de conquête. Ils travaillent sans relâche à s’implanter solidement dans les terroirs reculés en se montrant bien plus serviables et intègres que certains agents de l’État au comportement peu recommandable. Leurs capacités militaires montent en puissance. Et ils diversifient leurs sources de financement.
L’État fait certes des efforts considérables, les dépenses militaires pèsent lourdement sur les finances publiques. Mais, nos actions citoyennes sont loin d’être collectives et porteuses de résultats. Elles sont dominées par les opérations de communication, des coups d’épée dans l’eau contre la menace terroriste. Meetings, marches, conférences de presse… sont des agitations au profit exclusif de leurs initiateurs. Chacun cherche à tirer profit de la situation dramatique. Qui pour rester dans son confort, qui pour conquérir le pouvoir. C’est sans doute la raison pour laquelle, le président de la République a invité les participants au Dialogue national inclusif à débattre de « l’attitude d’une nation en guerre », estimant que cette « attitude doit aller au-delà des indignations de pure forme ». Ibrahim Boubacar Keïta a donc exhorté à une « solidarité authentique, palpable, mesurable avec nos soldats ». Un appel à l’action, celle qui conduit chacun de nous à « faire plus d’efforts pour notre guerre ». L’action qui porte, c’est celle qui
nous amène à diriger notre intelligence et notre imagination contre les véritables ennemis, ceux qui tuent nos soldats et qui veulent nous imposer un projet de société obscurantiste et médiéval.
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