Aujourd’hui, nous sommes tous confrontés à cette évidente réalité : tout seul, le Mali ne pourra pas sortir de cette crise qui parait s’aggraver tous les jours. Si nous ne prenons pas vite nos responsabilités, pas seulement en cas de crise, mais aussi à long terme, pour faire face à ces envahisseurs qui provoquent d’énormes dégâts dans le pays, si nous n’agissons pas urgemment, nous perdrons le Nord ou peut- être même tout le Mali.
Et le Professeur Dioncounda Traoré et non moins Président de la République l’a compris car le mardi dernier, il a adressé à la CEDEAO une lettre dans laquelle il sollicite officiellement l’aide de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en vue de sortir le pays de ce chaos.
Toute chose qui représente un nouveau pas en avant, après celui de la formation du gouvernement d’union nationale. Mais l’annonce de cette requête n’est pas restée sans boucan, car certains militaires et politiciens ronchonnent et une frange de la population s’agite.
Et dans une interview accordée au journal « Mali Demain », un ancien membre de l’ex-junte, le Colonel Youssouf Traoré, déclare : « Nous n’avons besoin de la présence d’aucune troupe étrangère sur notre sol. Nous ne sommes pas d’accord car nous avons assez d’expérience en la matière pour avoir montré nos preuves sous d’autres cieux ».
Le Colonel Traoré doit savoir que c’est plus que cela et que l’heure n’est plus à qui peut faire quoi et quand, qui peut montrer ses preuves et qui se croit capable ou non de nous débarrasser de ce désastre pour servir ses pauvres ambitions. Nous pouvons comprendre l’indulgence de notre pays qui a conduit à l’amnistie de ces militaires frustrés et démoralisés et qui ont eu à poser cet acte irresponsable du 22 mars.
Oui, nous pouvons leur pardonner, mais ce qui est impardonnable et qui ne sera jamais pardonné, c’est que nous tous, le gouvernement, les militaires, les Maliens de tous bords, tous, nous soyons détournés des populations du Nord, de toutes ces populations meurtries que nous n’avons pas pu défendre et que nous avons abandonnées aux horreurs de la « charia » des islamistes. Si ce désastre exige quelque chose de nous, c’est qu’ensemble, nous disions « Assez ».
Assez de cette humiliation qui fait que nos militaires renoncent au front et accordent des interviews dans des bureaux climatisés ! Assez de certains politiciens qui profitent de l’occasion pour assouvir leurs appétits politiques. Assez d’appeler nos citoyens à la division, à la haine et à la destruction du pays ! Assez de tous ces crimes sordides qui accompagnent de plus en plus la vie des populations maliennes ! Assez de voir les populations maliennes se débattre pour survivre dans la souffrance et la dégradation !
Si jamais nous n’avons pas le courage et la volonté d’entrer dans cette guerre avec décence et avec toutes nos forces, si nous ne changeons pas, alors nous connaîtrons la défaite. Une défaite qui ne pourra pas et ne devra pas être. Une défaite qui ne sera surtout pas pardonnée.
NEIMATOU COULIBALY