Que le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie tirent la sonnette d’alarme quant au risque d’insécurité alimentaire consécutif à un hivernage désastreux alors que le Mali ne l’a pas fait n’est pas passé inaperçu de nos concitoyens ! Surtout ceux venant de zones où la campagne agricole a été très mauvaise cette année. On ne peut pas leur en vouloir, chacun voyant midi à sa porte.
Le gouvernement, naturellement, est attendu sur la question. Il a besoin de livrer un message clair et précis sur la situation d’ensemble, en termes de production pour tous les systèmes de production ruraux (élevage, agriculture et pêche). Mais au cas où nous sommes vraiment l’ilot d’abondance dans une sous-région sahélienne en manque, il lui faudra dire à la nation comment il compte s’y prendre -autrement que par des sketches qui illustrent autant l’insouciance que le mépris- pour que les voisins ne fassent pas haro sur notre production à nous, donc notre sécurité alimentaire.
Seulement sommes-nous vraiment cet ilot ? La zone Cmdt boostée par le défi des 500 000 tonnes de coton, défi peu réaliste dans les délais et les conditions qui prévalent mais salutaire tout de même, fera plus de céréales. Les greniers du mil du Bélédougou, du Banimotié, du Talo, Bobodougou et du Delta mort ne se plaignent pas encore.
C’est heureux puisque ce sont là les zones qui déterminent la sécurité alimentaire assurée par le mil dans notre pays. Et si la dynamique impulsée par l’initiative-riz devrait permettre d’accroitre la production rizicole, donc de réduire l’importation de cette denrée urbaine. Reste que le Mema-Kareri, important pour la culture de mil mais surtout vaste réservoir fourrager crie son déficit. Même scénario dans la Boucle du Niger et dans la Vallée du Niger entre Tombouctou et Gao et dans une grande partie de l’Azawad et du Nord-Ouest.
Un peu au Sud et au Nord du 14è parallèle, la situation est loin d’être brillante pour les hommes et les animaux. Sauf pour les acridiens qui se sont invités cette année plus que de raison. La nation le sait et le vit. C’est donc maintenant que les pouvoirs publics doivent la rassurer. Au mieux, pour dire que nous ne sommes pas concernés par la pénurie générale. Au pire, pour l’informer des dispositions déjà prises contre celle-ci le long d’une année de défis plus pressants les uns que les autres.
Adam Thiam