A l’heure où il nomme un nouveau Vérificateur général, le général Amadou Toumani Touré abroge les décrets portant nomination des directeurs des finances et du matériel de tous les départements ministériels. Et pour cause ? Seul ATT le sait à onze (11) petits mois de son départ du palais.
La grande joie des partis politiques à participer à un gouvernement de large ouverture ne serait que de courte durée, ne pouvant plus renforcer la santé financière de leurs partis respectifs. Aussi, précise-t-on, désormais, les nominations des directeurs des finances et du matériel obéiraient à des critères définis par le général ATT lui-même qui sont entre autres : la bonne moralité, avoir le cursus nécessaire, être intègre et ne pas traîner de casseroles car la plupart des anciens directeurs administratifs et financiers sont épinglés par les différents rapports du Bureau du Vérificateur général ou des autres structures de contrôle.
Tous ces anciens directeurs administratifs et financiers limogés, excepté ceux de la présidence et du ministère de l’Education, ont tous été nommés à partir de 2002 ; pourquoi ces critères de choix, qu’il veut faire prévaloir aujourd’hui, n’ont pas été pris en compte avant la signature des décrets ?
Gageons simplement, que ces fonctionnaires relevés ne seront pas réinstallés dans leurs fonctions précédentes ; les nominations dans ce pays n’étant jamais fortuites, car derrière chacune d’entre elle se cache un marabout.
Ce que l’opinion nationale ne comprend surtout pas, c’est le revirement d’ATT à donner l’impression de vouloir combattre la corruption et les malversations à tout prix à onze petits mois seulement de la fin de son règne. Le citoyen malien comprendrait mieux Amadou Toumani Touré, s’il commençait à balayer dans sa propre chambre avant de s’attaquer à qui ce soit. La délinquance financière est patente au Mali ; c’est bien sous l’ombrage de nos autorités que toutes ces malversations naissent, se sécurisent et s’épanouissent.
L’histoire retiendra qu’elles ont atteint son paroxysme sous le régime d’un général qui avait pourtant déclaré pendant sa campagne en 2002 : «Si tu bouffes, tu paies». Voilà qu’en neuf (9) ans, ses ministres et ses cadres ont pillé sans retenue les ressources financières de notre pays au vu et au su du porteur d’uniforme sur lequel des millions de Maliens, qui ne sont d’aucun parti politique, avaient fondé tant d’espoir, malheureusement déçu. Il nous faut constater, une nouvelle fois, que les paradis idéologiques sont une illusion.
Pour autant, il serait désastreux que les politiques, très vite portés à naviguer dans un rassurant cabotage, délaissent le lointain pour la courte vue. L’ombre du petit pas est moins menaçante que celle de la longue foulée. Je crois qu’au-delà de toute cette menace contre les hommes politiques qui ont fait d’ATT un président omnipotent par leur «soutien sans condition», c’est un divorce qui se dessine afin de pouvoir tracer le chemin à son dauphin en dehors de cette classe politique réduite à sa plus simple expression.
Pour un futur dauphin, il semblerait que le président sortant ATT parie sur la candidature de son conseiller économique dont l’annonce a été faite avec fracas dans Jeune Afrique. Ce dernier a à son actif un parti politique.
Amy SANOGO