Dans la lettre de cadrage remise au Premier ministre Modibo Sidibé la semaine dernière, outre les axes prioritaires sur lesquels le président de la République insiste, ATT indique deux clés au gouvernement pour déverrouiller les situations de blocage : dialogue social et concertation.
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On peut penser qu’avant même de recevoir la lettre de cadrage, le chef du gouvernement connaissait le chemin à suivre. Il a lui-même tenu à rencontrer personnellement les responsables des deux centrales syndicales et a instruit à ses ministres de dialoguer autant que possible et de ne jamais sortir des normes de la vérité et du possible en terme d’engagements. Sans crier victoire, Modibo et ses hommes peuvent se satisfaire déjà d’avoir pu battre en brèche le mur de méfiance qui s’était érigé entre les gouvernants et les partenaires sociaux. Mieux, ils sont même crédités de bonne foi et de bonne volonté ; ce qui, de la part des syndicalistes, n’est pas un mince acquis.
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A la faveur d’une conférence de presse animée le mardi autour des 20 points de revendications de l’UNTM, Siaka Diakité s’est dit globalement satisfait. « Pour la première fois, nous constatons que le gouvernement se soucie de nos préoccupations » a déclaré le patron de la centrale syndicale arborant une mine de satisfaction non feinte. Incontestablement, cela est un bon point pour le gouvernement de Modibo Sidibé qui a pris la semaine dernière le décret d’applications des mesures en faveur des travailleurs. Pour ne pas gâcher l’acquis, le gouvernement a pris langue avec la CSTM qui menace de déclencher une grève de 72 heures à partir du 27 novembre pour protester contre la vie chère. En attendant de voir si le gouvernement parviendra ou non à désamorcer la « bombe », on salue les efforts d’apaisement.
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Sur le front scolaire, malgré la tension persistante dans tous les secteurs, les autorités tentent d’apporter les solutions les plus rapides aux problèmes qui n’exigent pas de délier la bourse pour le moment. C’est que les nouvelles autorités de l’Education font des pieds et mains afin de parvenir rapidement à régulariser certaines situations administratives qui constituent aujourd’hui de véritables goulots d’étranglement. Ce qui devrait apporter un peu de lisibilité par rapport à la situation de l’école qui constitue une préoccupation nationale.
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Mais visiblement, le gouvernement peut également « obliger » ses partenaires à l’écouter et à ne le mettre devant le fait accompli. C’est ainsi qu’on pourrait interpréter la reculade des boulangers qui, après avoir annoncé la hausse du prix du pain la semaine dernière ont fait machine arrière. En effet, à la surprise générale, ils ont annoncé que les prix du pain connaîtront un reflux pour se stabiliser aux tarifs antérieurs en attendant la fin des négociations. De toute évidence, le gouvernement n’a pas dû apprécier la précipitation avec laquelle les boulangers ont fixé les nouveaux tarifs avant de les rendre publics provoquant une vague de mécontentement au sein de l’opinion publique. Le gouvernement ne tient pas à perdre la main sur ce dossier comme sur tous les autres. A lui de trouver les ressources pour entretenir l’espoir de pouvoir contenir le front social. Le dialogue a certes des vertus, mais elles ne sont pas inépuisables.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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23 novembre 2007
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