C’est donc hier que nos ministres ont décidé de prendre des vacances ou disons qu’ils ont été mis en vacances pour mieux coller aux réalités. Pour deux semaines, ils devront décompresser et faire le vide dans la tête en attendant la reprise. Mais combien sont-ils, ces ministres, qui pourront réellement décompresser ? Combien sont-ils, ces ministres, qui pourront faire le vide dans la tête ? Par ces temps de rumeurs plus ou moins persistantes sur le remaniement ministériel, n’auront-ils pas l’impression qu’on les met en vacance pour mieux les mettre à la retraite ? En tout cas, à regarder certains qui traînent avec eux une très mauvaise mine depuis que le président ATT a annoncé sa volonté de les changer, on peut avoir l’impression que les vacances sont synonymes d’échafaud.rn
Mise à part la tradition républicaine qui a institué des vacances gouvernementales, le commun des Maliens s’interroge sur la nécessité d’accorder un repos, fut-il bref, à nos ministres. D’autres estiment même que le président de la République aurait pu mettre à profit ces instants pour abréger les souffrances du plus grand nombre d’entre eux. Pour notre part, nous pensons qu’il faut effectivement leur accorder quelques jours de répit à défaut d’un repos. C’est que nos ministres sont au bord du surmenage. Ils sont fatigués.
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De leur nomination à aujourd’hui, tous ont entrepris de rester bien visser à leur siège que d’aucun voyaient éjectable. Pour cela, qu’ils soient de la cuvée 2002 ou de celle plus récente de 2004, ils se sont littéralement transformés en laudateurs du président de la République. Ayant très tôt compris que l’enjeu de la réélection de ATT valait toutes les débauches, ils en ont fait leur mission primordiale ; oubliant au passage la lettre de cadrage recadré en 2004 dont les objectifs visaient la satisfaction des besoins des populations. Entre plusieurs voyages sur le terrain et quelques crochets chez le féticheur du coin, histoire de bien ficeler celui qui se vantait d’avoir de très bons marabouts, ils se sont épuisés à ne rien faire ou presque.
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Dans leur cavalcade échevelée, ils n’ont pas pu apercevoir les nuées de sauterelles qui avaient mis le cap sur le Mali. On connaît la suite. Il a fallu une mobilisation générale appuyée par une quête auprès de toutes les bonnes âmes pour livrer un combat presque au corps à corps aux criquets (on se souvient toujours de ces images des populations armées de bâtons et de branchages tuant les criquets un à un). Et pourtant certains parmi eux nous avaient assuré que la « situation était sous contrôle. » Malgré cela, ils étaient contents nos ministres. Tellement contents d’eux qu’ils n’ont pas vu venir la crise alimentaire aux allures de famine.
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Aux craintes des populations de voir les prix grimper faute de céréales, ils répondaient qu’il n’y avait pas le feu. Jusqu’au moment où ce fut la flambée. Malgré les exonérations accordées exclusivement à certains céréaliers, le prix du riz est passé au dessus de la barre psychologique de 500 f le kilogramme. Du jamais vu. Tout comme les dividendes dont certains ont bénéficié, histoire de prélever sur la bête au passage. On peut allonger la liste de leur absence face aux problèmes des Maliens pour ne pas dire de la vacance du pouvoir. Ce qui prouve bien que nos ministres sont épuisés. Et c’est encore pire ces derniers temps. Surtout pour ce qui on fait de leur présence au sein du gouvernement une question de vie ou de mort. A vu d’œil, ils ont dépéri à faire pitié.
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Aux vacances ministérielles s’ajoutera le risque d’une vacance au niveau de l’Assemblée nationale. Jusqu’au moment où nous mettions sous presse, les neuf sages de la Cour constitutionnelle n’ont pas délivré leur verdict. Ce qui fait que même ceux qui savent qu’ils ont été proprement battus gardent espoir entretenant l’espoir que tout peut arriver. Ils ne doivent surtout pas oublier que « qui vit d’espoir meurt de chagrin ». Il faudrait bien qu’ils fassent à l’idée que les carottes sont cuites et qu’ils peuvent prétendre à de vraies vacances. Définitives. Méritées.
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En attendant, nous n’avons plus de gouvernement, depuis bien avant les vacances ; nous n’avons pas encore de parlement. Seul ATT est maître à bord du bateau Mali.
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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga
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