Editorial : Les problèmes et l’équation

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La semaine dernière nous écrivions que le challenge pour l’équipe dirigée par le Premier ministre Modibo Sidibé, par rapport aux attentes des populations et à la moue dubitative de l’opinion, consistait à apporter rapidement les solutions face aux problèmes que tout le monde connaît pour avoir été décrits sous toutes les coutures. Sans être définitif dans notre jugement et péremptoire dans notre sentence on pourrait penser que l’affaire est bien mal emmanchée. Depuis trois semaines qu’ils sont nommés, les ministres donnent l’impression de découvrir le pays. Ils visitent les services, prennent contact avec leurs collaborateurs et de toute évidence éprouvent un réel plaisir à « tourner » comme des touristes. On a bien entendu cette dame figurant parmi les nouveaux ministres s’étonner avec plaisir que le pays ait si bien avancé. Les ministres, quand ils ne donnent pas l’impression de tourner en rond, sont sur les bancs pour apprendre.

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Parce que c’est bien l’objectif du premier séminaire gouvernemental dirigé par Modibo Sidibé. Il fallait inculquer à la plupart les valeurs de la République ; les accoutumer un tant soit peu au fonctionnement de l’Etat et leur rappeler ce qu’est un gouvernement. Il a fallu deux jours pour que tous soient au même niveau de compréhension de l’abécédaire gouvernemental où on a pu entendre le Premier ministre déclarer avec insistance que les ministres pouvaient se considérer comme absolument libres de s’exprimer ; comme si cela n’allait pas de soi. Et comme le gouvernement a du temps, le Premier ministre a annoncé la tenue d’un deuxième séminaire qui sera élargi cette fois-ci aux membres des cabinets. Il sait de quoi il parle le Modibo parce qu’à coup sûr, tous les nouveaux ministres chambouleront les cabinets pour les remplir de néophytes comme eux et qui, comme eux, méritent d’être pris en main, formés, bandés avant d’être lâchés dans la nature à la recherche des solutions aux problèmes des Maliens.

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Or les problèmes, ce n’est pas ce qui manque. Il y a la tonne et le quintal. Prenons par hasard la crise au Nord de notre pays. Personne ne sait ce qui se passe. C’est le black-out le plus complet sur une situation qui voit notre pays coupé de fait en deux par des bandits qui manquent visiblement d’interlocuteurs à la date d’aujourd’hui. La volonté des militaires d’en découdre avec eux se trouve malheureusement contrariée par la présence de mines antipersonnel sur le terrain et par des alliés hélas peu sûrs. Prenons par hasard les problèmes de l’école. Quand on veut montrer qu’on est de bonne foi face à la paralysie, on n’envoie pas une délégation constituée de personne ignorant tout des dossiers brûlants rencontrer des syndicats plus que jamais remontés contre le gouvernement. Prenons par hasard (pour la dernière fois) la situation socioéconomique. Il n’ay personne pour défendre les populations face aux hausses de toutes sortes.

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A la limite on pourrait même louer Modibo Sidibé qui s’ingénie à trouver de quoi occuper le gouvernement, quitte à donner l’impression de tourner en rond. Parce que tant qu’il ne disposera pas de la lettre de cadrage du président de la République, le Premier ministre ne pourra rien faire. Or celui qui doit leur donner la lettre de cadrage et le chemin est en voyage. Pour dix jours, le président ATT est en France. Entre temps ; tout est plus que jamais bloqué. Et pour éviter d’être ankylosés, les ministres vont se dégourdir les jambes sur les chantiers. Avec cette impression de déjà vu. Avec cette impression d’impuissance. Avec une opinion nationale qui les regarde pérorant à la télévision convaincue qu’avec l’équation de ministres qui doivent tout apprendre, les problèmes pourraient s’aggraver.

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Elhadj Tiégoum Boubèye Maïga.

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 25 octobre 2007

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