Les intellectuels en Afrique s’inquiètent vivement pour l’avenir politique de leur continent. Les hommes de Droits censés être les gendarmes du système démocratique sont capables, selon les circonstances, de s’adonner à des interprétations erronées pour donner satisfaction à nos «gouverneurs à la peau noire».
Consciemment ou inconsciemment, ils brandissent le spectre de la violence. Ils ne reculent devant rien. Lorsqu’un président est élu à la suite de scrutins mal organisés, la contestation portée devant les sages de la Cour constitutionnelle, qui n’ont rien de sages, se précipitent dans la validation des résultats proclamés. Dès lors, c’est la violence et l’arbitraire qui s’installent dans le pays. C’est la violence ou la ruse que ce régime adoptera comme mode de gouvernance car mal élu ; nul doute que ce choix rime avec violation des textes fondamentaux de la République.
Tout par du Président de la République, tout revient à lui, tout se résume à lui. Malheureusement, il existera toujours des juristes «éminents» pour donner un support juridique à des actes du Président même les actes de forfaitures, quel sale boulot ?
C’est, la mort dans l’âme que j’ai suivi avec intérêt le débat sur une chaine privée ayant trait à une menace qui plane sur la tenue des élections présidentielles du 29 avril prochain.
L’un des débateurs, un éminent avocat de la place a parlé d’un éventuel report des élections générales de 2012 et propose des pistes d’un éventuel prolongement du mandat du président sortant. Encore des juristes prêts à marcher sur les textes fondamentaux du Mali pour faire plaisir à un homme.
Combien sont-ils, ces juristes africains qui ont mis leur pays à feu et à sang avant se voir offrir un poste au TPI pour service rendu à un régime ?
En Afrique, lorsque la France veut mettre fin à un régime dictatorial, elle se sert des questions de Droits de l’homme. Et pour mettre son dessein à exécution, elle utilise des hommes de droits pour dresser des rapports virulents sur les violations des Droits de l’Homme (compte rendu de la mission de constatation et le comité ad hoc des magistrats centrafricains sur les massacres de Bokassa en juin 1979), les déclarations fracassantes de l’ONG France Liberté, tombeur du régime du général Moussa Traoré en 1991. Tout en ignorant que ces violations des Droits de l’Homme ont été rendues possibles grâce à l’injonction des porteurs de robe noire.
En Afrique, «on laisse en repos ceux qui sonnent le tocsin et on persécute ceux qui mettent le feu.» Un intellectuel confirmé doit servir son pays au lieu de servir une cause personnelle. L’avidité de certains juristes africains a poussé des chefs d’Etat à faire mauvais usage du droit (parce qu’on leur attribue le titre de Premier magistrat de la République). Du coup, il y a eu des coups d’Etat, constitutionnel puis militaire.
Etonnamment, ces violations des Droits de l’Homme avec souvent à la clé les révisions constitutionnelles n’ont jamais été appréhendés dans leur globalité. Qui sont les soutiens, voire les promoteurs de tous ces conflits ? Quels intérêts ont-ils servis ?
Amy SANOGO
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